Non, je n’allais très certainement pas lui montrer ce que j’avais sous mon boxer, j’étais en pleine remise en question, mais pas à ce point, « Je pense qu’on a été suffisamment proche hier et ce matin pour pouvoir répondre sans rien voir. ». Et puis la conversation continua, les sujets avançant jusqu’à ce que visiblement je dise quelque chose de travers. Il s’excusa de déteindre sur moi, ne se pensant pas contagieux malgré le baiser qu’on avait eu. Je n’avais pas parlé de ça non ? J’en étais presque sûre. Si bien que lorsqu’il reprit pour parler de mes frères et soeurs, je ne l’écoutais pas vraiment. Il cherchait un autre sujet, j’en étais sur et je n’étais pas certain justement de pouvoir en assumer la vérité. J’eus d’ailleurs ma confirmation lorsqu’il finit par se remettre debout pour faire la vaisselle et que presque trop naturellement, il m’affirma qu’il ne m’en voudrait pas si je voulais prendre mes distances avec le gay. Il n’était pas comme ces gars en prisons, il aurait pu me renvoyer chez moi, mais j’avais aussi était le chercher, il n’avait rien à se reprocher, vraiment rien. Alors je posais mon assiette sur le plan de travail, retrouvant le sol avant d’arriver à ses côtés et de glisser une main sur ses hanches pour l’attirer à moi d’un geste peu assuré. Mes lèvres retrouvèrent alors les siennes et par un simple réflexe, ma main libre voulu se glisser sur sa nuque pour le garder contre moi, mais un éclaire de lucidité fit s’échouer cette dernière sur son torse.

Le repoussant alors jusqu’à plan de travail, mes mains se glissèrent sur son torse, passant sous son t-shirt pour toucher sa peau. Je tremblais légèrement, mais comme la veille, le baiser gagna rapidement en intensité si bien que je me surpris à le soulever pour le poser sur le plan de travail avant même d’en avoir eu l’idée. Le baiser prit fin lorsque mes mains finirent par s’accrocher à son boxer et qu’un éclaire de lucidité ne me prenne à nouveau. À bout de souffle et avec un désir naissant et de nouveau gênant à camouflé, je me reculais jusqu’au mur ou je me fis glisser pour finalement m’asseoir sur le sol. « T’as l’impression de m’avoir forcé là ? », demandais-je le plus calmement possible. Je venais de l’embrasser pour lui faire comprendre que j’étais consentant. J’avais volontairement embrassé un mec… Oui, il n’avait rien fait, il ne m’avait en aucun cas forcé la main et il en avait la preuve à présent. Ca restait juste super perturbant pour moi, mais c’était tout, « Et je sais que tu as quelqu’un, désolé, c’est juste que je voyais pas comment te prouver ça autrement qu’en recommençant. », m’excusais-je pour les problèmes que je pourrais lui créer à être aussi… Téméraire.

Baissant les yeux, je prenais une grande inspiration avant de reprendre, « Et c’est que tu me fais plus de bien que je pourrais le croire, et je parle pas du fait que tu sais me faire bander, parce que sur ça, je vais devoir m’en occuper tout seul, mais… Tu me  rends différent et c’est… Inattendu et ça n’a rien à voir avec ta sexualité, mais juste avec la mienne… », c’était compliqué à dire sans doute, mais je ne voulais pas le perdre dans un sens. « J’ai pris des raccourcis toute ma vie, violeur égale gay, gay égale violeur, alors que c’était que des hétéros en manque qui cartonnaient le premier cul qu’ils croisaient. Et j’ai toujours pas le bon discours, mais si je suis en train de faire la différence entre mes violes et mon désir, je suis pas vraiment sûr que ma famille comprenne que du jour au lendemain, j’accepte l’éventualité que je puisse aussi être refoulé. Et j’ai pas envie d’entendre des blagues du style : Bein en fait t’as un peu aimé ça ?! Parce que non, la là seule chose que j’ai aimé c’est t’embrasser et… J’ai jamais bandé quand on m’a violé, même en me détendant pour que ça passe mieux et avoir moins mal. On pouvait me toucher la queue ca montait pas car j’avais peur, j’avais mal et je me sentais au fond du gouffre… J’avais peur de ce que je faisais, mais je me sentais pas mal, ni sale en t’embrassant et j’ai bandé… Alors peut-être que je suis juste curieux et que j’ai juste envie d’évoluer, mais tu m’as forcé à rien et je suis pas encore assez sûr de moi pour savoir si c’est juste toi qui me fait du bien et qui me libère ou si c’est une crise, ou si encore j’ai vraiment aussi des attirances pour les mecs… », ma gorge s’était noué, elle avait défailli une paire de fois, mais je l’avais dit et il n’avait rien à voir avec mon mal être. « J’ai pas envie d’avoir de question sur pourquoi j’ai l’air d’aller mieux quand j’ai pas les réponses à donner… Alors excuses moi si je t’ai fais croire que tu n’étais pas une bonne chose… », car c’était loin d’être le cas et je n’avais pas eu à me forcer quand je l’avais embrassé.
     

Pas avec lui, car pas gay. C'était... Triste non ? Bon j'étais extrêmement bien placé pour savoir que ça ne voulait rien dire, le preuve étant il suffisait de pas grand chose pour transformer une aversion en questionnement, mais ça restait bien plus compliqué, même si il se pensait amoureux, c'était à sens unique. Quoi lui dire après ça ? Certes je m'en voulais un peu moins de l'avoir embrassé une seconde fois, il n'avait trompé personne au moins, du moins volontairement. Alors je n'en rajoutais pas une couche, me contentant de lui assurer que rien de tout ça n'était forcé, même si il pouvait penser le contraire. Et il recommença à se juger comme étant le pire être humain avant de se justifier un peu plus. Certes, il n'avait pas été très calme, mais c'était visiblement pas comme ça qu'il aurait pu gagner en estime de lui. Finalement, savoir qu'il m'aidait lui faisait du bien et après s'être approché de moi pour un câlin un peu trop... Appuyé, il s'excusa d'avoir douté de moi avant d'avouer qu'il aimait notre relation, aussi étrange puisse-t'elle être, il était heureux d'apporter quelque chose de positif à quelqu'un au lieu de l'empoisonner. Posant une main dans son dos, je tapotais distraitement ce dernier comme pour me donner un peu plus de courage avant de souffler dans son cou, « On a qu'à dire que je suis ton patch anti-poison. », ce qui était une déclaration des plus étranges, très clairement, mais la plus honnête que je puisse lui faire.

Me reculant légèrement jusqu'à taper dans le mur, je mis fin à ce câlin avant de poser mes mains sur ses épaules pour le repousser avec douceur et mettre une distance correcte entre nous pour parler, « Et je pense que je suis le meilleur exemple de mec hétéro qui s'avère peut-être être autre chose non ? », commençais-je avec un sourire aussi rassurant que possible, « Peut-être qu'il n'est pas si sûr de lui non plus ? », et par conséquent peut-être qu'il ne serait pas condamné à un amour à sens unique. Il suffisait d'y croire. Depuis quand j'étais ce genre de mec en fait ? Depuis quand je croyais en l'avenir ? En l'espoir ? Putain il me rendait vraiment beaucoup trop fragile, mais ça faisait presque du bien de ne plus être uniquement une boule de nerf sans cerveau. Ça faisait du bien, vraiment. Aborder ma famille devrait finir par ne plus être aussi problématique avec le temps et je réussirais peut-être à ne plus être définitivement ce connard que j'avais été. « Tu l'as vu avec beaucoup de meuf ? » demandais-je alors. Un mec hétéro je savais ce que c'était. On se retournait sur les filles, on matait un peu trop fort, on draguait comme des lourds, ou on manquait de discrétion.

« Je veux rien dire, mais un mec qui serait encore un queutard sans estime de lui n'en aurait rien à foutre de tomber sur un hétéro non ? Il aurait été super explicite et ce mec semble ignorer ce que tu ressens non ? », enfin de ce que j'avais compris en fait, j'avais peut-être voir surement tord en fait. Et puis il ne voulait rien entendre en soit, s'acharner ne servirait sans doute à rien, si ce n'est à le braquer sans doute, mais j'avais vraiment du mal à croire que ce mec soit vraiment si toxique.

Le mec en question était timide, associable et ne semblait pas aimer les gens. Choses qui faisait de lui quelqu’un de plus que lucide au moins, mais ca angoissait surtout Ezra qui ne voulait pas mettre les autres mal à l’aise alors que clairement, à l’écouter, il donnerait tous pour se le faire. Enfin pas exactement… Il ferait tout pour pouvoir passer sa vie avec lui, pour vivre des choses. Il était bien plus dans la merde qui ne pouvait le croire. « Tu sais, si tu lui dis rien je suis presque sûr qu’il l’apprendra un jour et si c’est pas de toi, crois moi il va pas apprécier.. », mais je comprenais surtout qu’on ne devait pas insister pour le moment et après avoir répondu plus faiblement à son sourire avant de baisser légèrement les yeux à sa question. Quelqu’un que j’aimais vraiment et qui n’était pas de ma famille… J’aurais bien aimé avoir une réponse correcte, mais la vérité c’était bien que je n’avais pas fait le moindre choix pouvant m’y conduire. « Ma première copine peut-être, mais elle est tombé enceinte et elle a du avorter car on était mineurs et que c’était la pire chose à faire que garder un gosse.. », commençais-je avant de faire un vague signe de la main pour rejetter ça au loin.

« Et depuis que j’ai 18 ans j’ai enchaîné prison et apocalypse alors je t’avouerais que j’ai pas encore eu le temps de trouver quelqu’un à aimer.. » donnant un coup de menton, je désignais sa nuque avant de reprendre, « T’as mal ? Tu veux quelque chose de chaud à mettre dessus ? », me relevant alors, je fronçais les sourcils avant de dire quelque chose de cohérent par rapport à sa situation. « On devrait peut-être arrêter de… Enfin je devrais peut-être arrêter d’évacuer mes peurs et les tensions sexuelles que j’ai avec toi non ? », commençais-je avant de m’adosser contre le mur et de reprendre,« Je vais pas guérir mon homophobie et mes blessures en t’en causant potentiellement, même si je le répète, t’embrasser est vraiment quelque chose d’agréable, mais ça me fait monter en pression et j’ai l’impression que si je continue à jouer à ce jeu là, un jour on sera à poil et je coucherais avec un mec en étant consentant et ça sera une victoire, mais regardes comme tu t’enflammes quand je t’embrasse, je suis pas sûr que tu sache prendre la bonne décision.. », et puis ce n’était peut-être pas le meilleur moyen d’avancer lui et moi. Il y aurait toujours un risque, même minime pour que je recule, ou que je prenne conscience que c’était le pire plan depuis le début.

« L’idée d’un mec bourré et perdu est rarement la bonne. », ajoutais-je avec un sourire incertain. Je n’étais définitivement pas ce genre d’homme, sauf avec lui et il m’avait appris assez rapidement le respect, quoi qu’on en dise.

BDSM ? Non très clairement je n’avais jamais été dans ce délire et pour avoir était soumis une paire d’années, clairement, je n’allais pas m’y risquer à nouveau. Mais il avait mal, et c’était le plus dérangeant dans cette histoire, ça et le fait qu’on jouait à un jeu dangereux. Il avait toujours été comme ça lui, il couchait avec des mecs, souvent et il adorait ça. Il n’était pas dérangé par le jeu qu’il pourrait y avoir entre nous deux et il n’avait aucune idée de la finalité. Il savait juste qu’au vu de ses sentiments, c’était une mauvaise idée, mais il resterait honoré à l’idée qu’on puisse dérapper ensemble. Riant malgré moi, je n’arrivais pas à comprendre son raisonnement et très clairement, rien ne se serait produit si je n’avais pas été bourré, mais pour lui, j’avais juste était plus lucide et pour appuyer ses propos, il soulignait mon choix de maison. Secouant légèrement la tête, je rejettais au loin toutes mauvaises hypothèses avant de trouver un discours cohérent, « Mais ça reste une mauvaise idée. », il fallait retenir ça, et que je me sorte de la tête que cela pourrait changer quoi que ce soit que je couche avec un mec et que je découvre si oui ou non je m’étais braqué pour rien. Enfin non, pas pour rien, on m’avait violé, j’avais toutes les raisons du monde d’être braqué, mais être agressif envers certaines personnes gratuitement, ça, ce n’était pas excusable. Vraiment pas.

« Mais ok, le jour ou j’aurais vraiment envie de toi au point que la seule chose qui m’obsèdera sera de t’avoir nu contre moi, de ne faire qu’un, je viendrais te voir et je te ferais cet énorme honneur de faire de toi le seul et unique homme avec qui j’aurais couché consciemment, volontairement et avec envie.. », souriant un peu plus franchement, je continuais, « Mais t’as intérêt à être le coup de l’année et d’être endurant parce que ça ferait vraiment une paire d’années que je n’aurais pas couché... », riant alors franchement, j’ajoutais, « Ce qui implique que je serais chaud, super précoce, mais vraiment capable de me remettre vite. », et pour être précoce, je le serais, qu’on ne me fasse pas croire qu’après autant d’année, même avec toutes les branlettes du monde, le moindre mec soit capable de se retenir. Après, je n’étais pas certain que si ça arrive, je le laisse mener la danse, il y aurait sans doute encore quelque chose de dangereux pour moi, pour lui aussi, mais de toute façon c’était une hypothèse et elle ne devait pas arriver pour son bien à lui. « Alors j’éviterais quand même de revenir bourrer, je pense pas que t’ai besoin de plus de merde dans ta vie. Et je parle de la situation, pas de moi. », même si l'opinion que j’avais de moi-même était loin d’être la meilleur.