Je n’étais pas… Non je n’étais vraiment pas du genre à m’inquiéter pour qui que ce soit, mais il y avait eu cette discussion avec ce con de militaire étant se trouvant être son frère et puis il y avait eu le dérapage d’une soirée pourtant tranquille. J’avais perdu le fil à ce moment là. Je n'avais pas su rester à ma place, pas face à des connards comme eux et les coups étaient parti tout seul. Dans un sens je remerciais la prison de m'avoir endurcit, mais pas assez sans doute pour que tout ça soit invisible. Alors, au moment de rentrer chez moi, ce n’est pas la direction de la maison que je pris, mais bien chez lui. Pourquoi j’avais dit qu’on avait couché ensemble sérieux ? Pourquoi même j’en avais quelque chose à foutre ? Il me rendait humain et c’était sans doute le plus compliqué à gérer. Ouvrir sa vie à une personne que j’aurais du détester pour ce qu’il était et pourtant… J’appréciais Ezra. Non, clairement je n’allais pas tomber amoureux de ce mec, déjà car ça serait le pire plan dans ce monde et aussi car dans le fond, dans mon esprit de crétin surtout, si coucher était acceptable pour des besoins primaires, aimer un homme ça restait… Étrange ? Oui sans doute. J’avais évolué dans un sens, mais ce n’était pas encore suffisant. Et puis je n’avais pas ce genre… D’émotions ? Avoir ressenti un désir certain pour lui oui, c’était compréhensible, du moins je le croyais, mais le reste, non. J’avais bu, mais sans doute pas encore assez pour exprimer des idées inexistantes.

Toquant donc à la porte, je n’attendis pas de recevoir l’autorisation de rentrer pour le faire. Certes je n’étais pas chez moi, mais ce n’était pas fermé surtout, alors pourquoi attendre. Abandonnant le chien à son sort dans le salon, je commençais à avancer jusqu’à la cuisine où j’entendais du bruit et où il se trouvait. Soupirant en le regardant immobile à fixer une bouteille d’alcool, je m’approchais jusqu’à saisir la bouteille et l’ouvrir pour en boire une gorgée, « J’ai rencontré ton frère. », soufflais-je avant de reposer la bouteille sur le plan de travail, « Et c’est un plus gros con que moi… Sans offense. », m’asseyant sur le plan de travail, je reposais mon dos sur le mur avant de reposer mon regard sur lui, « Je lui ai dis qu’on avait couché ensemble pour justifier que t’ai un code d’honneur, c’est la pire excuse du monde, mais… J’ai pas aimé l’entendre dire ça… Surtout quand on sait que t’as pas profité d’un mec bourré et chaud alors que t’aurais pu… Du coup t’étonnes pas si il t’en parle… », il était venu pour son frère et il l’avait insulté, je ne comprenais vraiment pas ce genre de comportement. Après j’étais peut-être le seul à avoir la chance d’avoir ma famille avec moi, mais bon…

« J’ai pas osé venir te voir, t’avais l’air de t’amuser avant que les connards arrivent… Mais c’était bien pour les autres d’avoir fait ça… », d’avoir organisé quelque chose de ridicule et qui pourtant… C’était un moment pour les autres, les moins cons que moi et vu comment ça s’était fini, je pouvais au moins faire l’effort de le rassurer sur tout ça. « Comment tu vas ? », demandais-je alors un peu brusquement, sans pincette, car la réponse était évidente, mais je voulais l’entendre, histoire de savoir si il prendrait un coup pour m’avoir menti ou pas. Évitant de penser aux coups et à la douleur de ces derniers, je me concentrais sur Ezra.
 

J’avais cru comprendre que son frère n’était pas du genre à apprécier parler de sexe, du moins pas celui là, mais ce n’était pas ce qui m’importer, en réalité j’avais davantage cherché à engager la conversation qu’autre chose et au fur et a mesure, les réponses que je voulais me furent donné. Il n’allait pas bien. Il avait voulu faire quelque chose de bien pour la communauté et tout avait éclaté comme le laisser entrevoir son visage et le mien. D’ailleurs, dès qu’il le vit les choses semblèrent changer. Comme si il était mon bourreau. Comment un mec comme lui pouvait seulement être capable de ça ? Il avait juste voulu bien faire et ça avait fonctionné. Maintenant, les gens devaient-être assez intelligent pour ne pas tenir l’homme responsable. « J’ai l’air d’aller mal ? », demandais-je brusquement, pas certain du ton à employer face à la douceur de son inquiétude. Je n’avais d’ailleurs même pas reculé, j’étais resté là, ses doigts sur mon visage, mon regard plongé sur son visage. Non, il n’y avait aucun danger avec lui et il fallait être un putain de connard comme son frère pour en douter. « J’ai connu, vraiment, mais alors vraiment pire en prison, alors des quelques coups de trois connards en uniforme ne vont rien me faire… Toi par contre… T’as une gueule de mort vivant, ça fait peur. », j’étais maladroit, pas bien sur de moi et surtout, je n’étais pas habitué à m’occuper de quelqu’un, encore moins de faire preuve d’attention.

« On va te rendre un peu humain, viens. » soufflais-je en sautant du plan de travail. Réprimant un rictus de douleur, je pris la bouteille d’alcool avant de saisir le poignet de l’homme pour l’attirer à ma suite. J’étais déjà venu ici, j’avais déjà fini dans cette salle de bain ou j’allais le conduire. Il avait besoin de calme, d’effacer tout ça de son esprit. Le faisant donc s’asseoir sur le bord de la baignoire, je lâchais son poignet avant d’abandonner la bouteille sur le sol. On s’occuperait d’elle plus tard, pour le moment j’avais mieux à faire. Faisant couler de l’eau sur une serviette et un gant de toilette, je revins enfin vers lui pour lui retirer son t-shirt et commencer à effacer les quelques traces de sang. « T’aurais pu penser aux autres avant de tout tatouer, on voit pas les bleus… » et donc, impossible de savoir ou mettre du froid pour lui éviter plus de douleur.

Je devais être un peu bourru dans ma façon de faire, mais je n’avais aucune idée de comment m’y prendre, alors il fallait se contenter de ça, « T’as pas eu de coup à la nuque ? » demandais-je finalement en passant un gant sur son visage pour rafraichir les bleus naissant. La nuque, c’était bien une zone sensible, même moi je l’avais compris, mais c’était pas forcément le cas des autres et je savais qu’un contact pouvait rapidement créer la panique. « Et c’est pas parce que des connards ont gâché la fête que les gens vont se souvenir de ça. Regardes moi, je retiendrais surtout la tête de ton frère quand j’ai sous entendu que je continuerais à m’envoyer en l’air avec toi. C’était drôle dans le fond… », mais sans doute pas suffisant. « Beaucoup de gens étaient déjà parti Ezra, et je pense que des merdes comme ça y’en a tellement souvent que c’est plus les rires qu’on va retenir… Ca, c’est vraiment rare et puis ces enculés de militaire ont enfin montré leurs vrai visage non ? », baissant les yeux sur son torse, je glissais le gant le long de celui-ci avant de reprendre, « Un rire a plus de valeur aujourd’hui qu’une baston… » et j’en savais quelque chose.

« Maintenant tu peux me dire où t’as mal qu’on t’évite un méchant bleu ? », concluais-je toujours à la recherche d’une blessure évidente malgré les couleurs recouvrant son corps. Sauver sa soirée serait ma mission du jour.

Au moins n’était-il pas blessé à outre mesure et l’on n’aurait pas à regretter réellement ce débordement. Il était en vie, moi aussi, fin de la discussion, du moins c’était ce que j’aurais souhaité, mais j’avais l’impression que l’homme n’était pas exactement d’accord. Pourtant si même moi, je trouvais quelque chose de positif à tout ça, alors lui aussi. Mais penser aux autres étaient plus fort que lui et il ne tarda pas à me renvoyer la balle pour que je prenne soin de moi. « Ca ira. », soufflais-je alors avant de me faire stopper dans ma tentative malhabile de stopper les dégâts. Pourquoi j’avais dis à son frère qu’on avait couché ensemble ? C’était une très bonne question ayant tout son sens au moment ou je l’avais fait, mais maintenant… Ça semblait plus compliqué que jamais. Trouver un sens à une actions ayant eu juste pour intérêt de pousser l’autre à se révéler et à appuyer une justification débile prouvant qu’il n’était pas le monstre que son frère décrivait. Mais c’était tout, même si l’idée n’avait plus autant d’aspect désagréable que prévu.

« Aucune idée, ça me semblait être la meilleure solution sur l’instant. », avouais-je dans un premier temps, « Et dans ma tête d’homophobe, embrasser un mec et pouvoir parfaitement deviner ce qu’il a dans le boxer est un acte charnel ! » continuais-je avec un peu plus d’humour, comme si j’avais besoin de dédramatiser la situation. Peut-être qu’il n’était pas très à l’aise avec cette déclaration, peut-être qu’il ne voulait pas de ce genre de rumeur, après tout il était avec quelqu’un non ? Enfin il voulait être avec quelqu’un et je ne voulais pas mettre plus de bordel que ça semblait l’être. « Désolé si c’était pas à dire, juste… Sincèrement sa tête était magique dès que je lui ai dis ça et puis c’était vraiment pas pour mal faire. », depuis quand je marchais sur des braises moi ? Je ne sais pas, mais je voulais vraiment éviter les problèmes, « C’était toi le mec bien et moi le mec complètement bourré qui a voulu coucher avec toi pour se "soigner" », la dernière partie avait été dite avec des guillemets mimé. Non pas que c’était vrai maintenant, en parlant j’avais découvert d’autres choses, il m’avait aidé à avancer et pour ça je continuerais à grandir pour lui ou du moins avec lui. Pour des mecs comme son frère en revanche, je ne promettais rien. Je n’allais pas devenir subitement un agneau avec tout le monde, j’avais appris à mordre toute ma vie après tout.

« Je suis pas doué pour défendre les gens que j’aime, ou qui sont important, mais j’essaie. » avouais-je avant de me pencher vers lui, mes lèvres frôlant son oreille, « Maintenant si tu veux ne pas me faire mentir, ça peut s’arranger je crois… » et ça aussi c’était vrai. J’avais pas peur de faire quoi que ce soit avec lui. Construire un truc me serait sans doute impossible, mais il y avait une réelle confiance qui pourrait me pousser à ce genre de chose. Ouais, c’était peut-être inattendu, mais c’était réel, je ne me voyais pas si effrayé à l’idée de coucher avec lui. Ca resterait sans doute qu’une idée, mais… Soyons honnêtes, ce qui m’était arrivée n’était en rien comparable à ce qu’il pourrait arriver.