Aujourd’hui encore, je me faisais violence, dans le bon sens. Il s’agit aujourd’hui, de ma troisième sortie et je commence à avoir de moins en moins peur. Il faut dire, que j’avais eu la chance les deux premières fois, d’être accompagnée par des personnes ne me voulant aucun mal. Aujourd’hui, je suis de sortie et mon objectif, c’est la zone nettoyée. Cette zone est sans cesse contrôlée par les militaires de Fort Hope et même si je sais que Will ne les aime pas vraiment, moi je reste très mitigée. Tantôt je suis rassurée de leur présence, aucun fou dangereux ni mort-vivants ne peut nous atteindre et d’un autre côté, je trouve qu’ils auraient dû nous venir en aide bien avant ça et que leur présence, tend la plupart des habitants.

Je suis déterminée à faire un petit tour là-bas, à priori l’endroit et si calme que je ne suis censée y croiser personne d’autres que quelques militaires faisant leur ronde ou quelques animaux sauvages. Avec un peu de chance, le salon de tatouage que j'ai en tête ne sera pas en trop mauvais état et je pourrais sans mal piller ce qui s'y trouvera et qui ne sert plus à personne depuis des années. Ma marche ne fût pas si longue, baignée dans le calme alentour et bercée par les chants doux des oiseaux, j’en avais presque oublié le trajet. Il faut dire que mon regard glissait partout autour de moi, vérifiant que j’étais bien seule aussi, le trajet est passé rapidement. J’atteins donc enfin ladite zone. Avec un petit sourire fier aux lèvres. Il est très tôt encore ce matin, je suis partie aux aurores pour être sûr de ne pas avoir trop de mal à quitter les lieux sans attirer les questions. Je continu à marche, et au loin, j'aperçois une silhouette. Mon petit cœur s’emballe, pas réellement rassurée par une présence inconnue. Pourtant, cette rapide frayeur s’évapore assez rapidement, lorsque je reconnais l’insigne dans son dos. Cet homme est un militaire résident à Fort Hope, par conséquent, nous sommes dans le même camp normalement. Je m’approche à pas tranquilles, essayant de voir si je le reconnais à force d’approcher et en effet, je le reconnais assez facilement. Je croise souvent des militaires, sans pour autant qu’ils ne me voient. Que ce soit en regardant par la fenêtre ou autre, j’y ai passé tant de temps que je commence à reconnaître les visages et à les associer à leurs prénoms. Cet homme, je ne me souviens plus de son prénom. Mais je sais parfaitement que nous nous étions déjà croisés avant que les infectés ne ravagent notre monde moderne. Je suis presque sûr de l’avoir côtoyé en boîte, ou quelque chose comme ça, de légers flashs pigmentant mes souvenirs nostalgiques. Arrivé près de lui, je souris finement, essayant d’avoir l’air détendue.

- Excuse-moi, je suis presque sûr qu’on se connaît.

Si moi je m’en souviens, peut-être que lui aussi après tout. Les soirées, j'en faisais tant avant, que je ne suis plus vraiment sûr de ce que j'ai vraiment fait, ce qui est un souvenir un peu factice ou ce que j'ai totalement oubliée. Au moins, il n'a pas l'air méchant et il sait se défendre à priori. Aussi, je ne suis censée rencontrer aucun problème en discutant un peu avec lui, voir même, en lui demandant de m'escorter pour plus de sécurité ? Je serai tranquille et en plus, ça me forcera à socialiser comme avant... L'ancienne Azia me manque. Tel le phénix, je renaîtrai un jour de mes cendres.

J’ignore si je le dérange, mais en tout cas il ne m’envoie pas paître et semble même se concentrer sur mes paroles. En effet, à le voir, je suis même certaine de mon coup, on se connaît même si son nom ne me revient pas immédiatement. Mais lorsqu’il sourit, ça me revient brutalement. Il faut dire qu’avant, il tirait un peu la tronche et je ne l’avais pas reconnu, mais observer ce sourire se dessiner sur son visage ne me laisse plus indifférente. Il n’est pas la première personne que je croise, que je connaissais d’avant l’apocalypse. Vivre à détroit et y être restée après tout ce bazar, ne peut que faciliter ces genres de retrouvailles. Après tout, c’est logique, avoir vécu ici plusieurs années accroît les chances que ça n’arrive. Je me souviens de lui, mais pas de son prénom malheureusement. Nous étions allés danser après que j’ai tatoué ses amis un soir d’ivresse. La soirée avait été très sympathique, et le militaire m’avait à l’époque fait quelques avances plutôt agréables. Il retrouve mon prénom, me tend la main et me rappelle le sien. Je souris finement et lui retourne donc son bonjour, serrant délicatement sa main.

- Fou je ne sais pas, après tout une ville c’est assez petit ! Mais oui, assez surprenant de se revoir malgré tout, par les temps qui courent.

Je souris, croisant doucement les bras sur ma poitrine pour l’observer avec douceur.

- Je ne vais pas te mentir, je t’ai déjà aperçu à Fort Hope. Mais je n’étais pas sûr que c’était toi, t’as bien changé ! Enfin, comme nous tous je suppose.

Je lui adresse un nouveau sourire tendre, assez détendue finalement. Moi qui pensais que la présence d’un homme armé dans la solitude extérieure à Fort Hope me ferait peur, je me sens finalement assez bien. Il a l’air sain d’esprit lui.

- Dis… t’es occupée ? Je pense qu’avoir un peu de compagnie, une petite escorte pourrait être pas mal. Je suis venue dans cette zone dans l’espoir de vandaliser un peu.

J’échappe un léger rire, puisque c’est ironique. On ne peut voler ce qui n’appartient plus à personne.

- J’aimerai visiter les anciens salons de tatouages. Il doit y avoir du matériel que je peux récupérer, des books d’anciens tatoueurs, des masques, des gants, des aiguilles… Un tas de choses qui me seraient franchement utile. Une balade, ça te tente ?

J’espère qu’il va dire oui. Il a malgré tout raison, se recroiser est fort amusant et hasardeux, j’aimerais franchement discuter un peu avec lui. Mon avis, mon opinion sur les militaires est assez éparse. Pour cause, je n’en connais pas vraiment, si ce n'est de vu pour la plus part. Ils sont jugés mal par beaucoup de gens, et aduler exagérément par d’autres. Moi, j’aimerai construire mon propre avis sur la question, même si Will, mon meilleur ami me grognerait dessus pour les avoir approché d’un peu trop près.