Il y a quelques jours, Alex avait entendu des militaires parler d'une zone d'habitations où quelques caves avaient été épargnés par d'éventuels pilleurs. Il y avait encore en ces lieux des boites de conserve, des vêtements et autres ressources utiles mais devenues bien trop rares. Il n'en fallait pas plus pour attiser la curiosité de la jeune femme. Elle ne trouva personne pour l'accompagner ce jour-là. Les beaux jours disparaissant peu à peu au profit de jours pluvieux, la plupart des habitants de Fort Hope préférait plutôt rester au chaud chez eux que de risquer leur peau à l'extérieur. Elle sortit donc seule ce matin-là. Elle n'était pas suicidaire. Elle se contenterait de visiter des lieux en zone nettoyée, les rues que les militaires étaient censés avoir vidées de tous rôdeurs et présence hostile.Alex explora plus d'une dizaine de maisons ce matin là. Hormis un couteau de cuisine, elle n'avait rien trouvé en particulier. Ce n'était pas la trouvaille du siècle. La jeune femme commençait à se décourager. Ce fut alors qu'un bruit attira son attention. Ce fut bref, comme une chute et il venait de la rue voisine à celle où elle se trouvait. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle ne veuille aller jeter un coup d’œil. Elle prit tout de même soin de sortir son arme. Personne n'était à l'abri de faire une mauvaise rencontre. Les rues étaient censées être désertes de tout rodeurs, mais on ne pouvait exclure une rencontre humaine. Dans tous les cas, elle préférait largement être la personne qui surprenait plutôt que de se faire surprendre. Aussi, elle prit sans hésiter la direction du bruit.

Ce fut le poney qui attira en premier l'oeil d'Alex. Elle se demanda aussitôt comment un tel animal pouvait bien se promener seul en zone nettoyée. Les militaires avaient arpenté toutes les rues afin de tuer la plupart des rodeurs. Qu'ils soient passé à côté d'un poney sans le ramener à Fort Hope était étonnant. De plus l'animal n'avait absolument pas l'air sauvage. Alex s'en approcha. Si elle pouvait le ramener au camps, ce serait un bon cadeau pour la petite Octavia, la fille de Logan qui du haut de ses presque trois ans regardait souvent avec envie les chevaux du camps qui étaient beaucoup trop grands pour elle.

Soudain, la jeune femme entendit des cris. Elle vit alors un trou dans le sol. Vraisemblablement, le sol s'était affaissé sous le poids de quelqu'un. C'était sûrement ça le bruit qui l'avait attiré ici il y a quelques minutes. Elle se rapprocha prudemment du bord. Il y avait là un jeune garçon d'une dizaine d'années. Il avait l'air plus âgé que le fils d'Alex de 2 ou 3 ans mais ne devait pas avoir plus de 15 ans. "Ne bouge pas, j'arrive !" lui cria Alex. Elle s'éloigna de quelques pas pour trouver de quoi lancer au jeune garçon pour qu'il sorte de son trou. Elle n'avait pas de corde sur elle ou dans sa voiture. Par chance, un peu plus loin, elle vit une lance à incendie. Le tuyau avait l'air suffisamment costaud et grand pour permettre à l'adolescent de se hisser hors du trou.

Prudemment, Alex se rapprocha du bord et s'arrêta alors net. Ce visage, elle le connaissait. Pour le moment, elle n'arrivait pas à se rappeler nettement d'où elle avait pu le rencontrer. Était-il un ancien habitant de Fort Hope ? Non.. Elle en était quasiment certaine. Elle était responsable des entrées au sein du camp et connaissait donc la plupart de ses habitants... Méfiante, Alex lança alors au jeune garçon avant de lancer sa corde : "On s'est deja vu non ?"  Depuis le début de l'épidémie, Alex avait fait quelques mauvaises rencontres. Elle préférait donc se méfier...

Alex plissa des yeux. Elle était sûre de l'avoir déjà vu quelque part. Soudain, les souvenirs remontèrent. Il y a quelques temps, elle s'était retrouvée en difficulté alors qu'elle était allée beaucoup plus loin que Fort Hope, une mission de plusieurs jours avec quelques uns de ses camarades dans le but de trouver des ressources rares. Ils s'étaient dit qu'il fallait pousser leurs recherches plus loin et qu'ils avaient fait le tour des maisons proches du camp. Sur place, ils s'étaient séparés pour couvrir le maximum de terrain et gagner du temps. Elle s'était un peu trop éloignée du groupe. En sortant d'une maison abandonnée qu'elle visitait, Alex s'était retrouvée face à des hommes qui voulaient lui voler sa voiture. Il est vrai qu'une voiture en bon état de marche et au niveau d'essence quasi plein était chose rare et pouvait susciter quelques convoitises. S'en était suivie quelques coups de feu qui avaient fait reculer Alex sous un pont. Elle était coincée. C'est à ce moment-là que des inconnus l'avaient interpellé. Un homme et un garçon plus jeune l'appelaient du haut du pont. C'était ce dernier qui était maintenant dans ce trou. A l'époque, ils lui avaient promis une corde pour la sortir du guêpier dans lequel elle s'était fourrée en échange de son sac. N'ayant pas trop le choix, Alex le leur avait donné et ils étaient partis, la trahissant et la laissant à une mort quasi certaine. Par chance, un de ses coéquipiers qui n'était pas loin, avait entendu les coups de feu et était venu lui donner un coup de main pour repousser les pillards. Malheureusement, le père et son fils, eux, s'étaient fait la malle avec son sac. Bon, elle n'y avait pas grand chose de précieux : juste un sandwich, des barres de céréales et sa trouvaille du jour : un couteau et des boites de conserve. Alex plissa des yeux et regarda rapidement autour d'elle, ignorant les commentaires du garçon sur son poney et sur le fait qu'ils pourraient parler de tout ça plus tard.  Elle craignait de se faire surprendre par l'homme qui accompagnait à l'époque le jeune adolescent. Elle ne vit personne. La jeune femme lui lança alors : "Je me souviens maintenant. Où est l'homme qui t'accompagnait à l'époque ?" Être méfiante était une chose primordiale pour survivre. On ne pouvait pas faire confiance à des inconnus, encore moins quand ils vous avaient déjà trahis par le passé.

Alex n'entendait, ni ne voyait personne. Elle décida donc de lui donner un coup de main. La jeune femme ne pouvait pas le laisser dans ce trou. Il n'avait aucune chance de survie. "Je vais te lancer le tuyau. Par contre, si tu me trahis une nouvelle fois, tu me le paieras." Non, Alex ne comptait pas le tuer ou autre, mais elle pouvait toujours le ramener pieds et poings liés aux militaires. La jeune femme pouvait être très rancunière. Là, elle attendait seulement des explications de sa part. "Un geste de travers et je pars en te laissant là." Elle fronça les sourcils. "Et j'embarque ton cheval bien sûre." A voir comment il regardait son poney, il avait l'air d'y tenir. La jeune femme finit par lancer une partie du tuyau dans le trou. Elle attendit qu'il s'y tienne fermement. Elle accrocha alors l'autre extrémité au poney. "Tu es prêt ? J'y vais." La jeune femme sortit son arme, elle restait méfiante et préférait ne pas être surprise si le garçon était armé lui aussi. A son signal, Alex indiqua doucement mais fermement au poney d'avancer pour qu'il hisse l'adolescent hors de son trou.

Le jeune adolescent avait l'air sincère. Il eut même les larmes qui montaient aux yeux lorsqu'il évoqua le suicide de son père. C'était horrible. Quel homme pouvait bien se suicider et laisser son enfant seul livré à lui-même dans un monde post-apocalyptique ? Le rôle d'un parent n'était-il pas de protéger son enfant ? Pourtant, Alex était très mal placée, elle qui avait lâchement confié la garde de son propre fils dès sa naissance à ses parents. A l'époque, elle était recherchée par la police et ne pouvait pas l'élever correctement. Et puis, à vrai dire, elle n'avait peut être pas l'instinct maternel aussi fort qu'aujourd'hui. Elle n'avait que 20 ans à l'époque et des idées révolutionnaires plein la tête. Il n'y avait pas de place pour un enfant dans sa vie. Récemment, elle avait eu la chance de retrouver Peter. Une vraie chance quand on sait que le plupart ont perdu toute leur famille. Maintenant, pour rien au monde, elle n'abandonnerait Peter, son fils, elle ne gâcherait pas la chance qu'on lui avait offerte. Depuis qu'elle l'avait retrouvé, elle veillait sur lui du mieux qu'elle le pouvait, même s'il lui jouait souvent de mauvais tours... La jeune femme restait tout de même méfiante. Et s'il jouait la comédie ? C'était facile de miser sur les sentiments et les émotions pour berner les autres et certaines personnes étaient très fortes pour cela. Tant qu'Alex ne le connaitrait pas un peu plus, elle resterait sur ses gardes.

Finalement, la jeune femme haussa les épaules et l'aida à se hisser hors du trou. Elle n'avait pas forcément le choix, elle n'allait pas le laisser là. Ce n'était pas son genre et puis, c'était un adolescent. Elle écouta attentivement sa plaidoirie. Il paraissait tenir beaucoup à cet animal. C'était humain, s'il était vraiment seul, il avait du s'accrocher à ce poney comme étant la dernière "personne" à qui tenir, son unique famille. L'adolescent lui donna alors son sac, lui disant que c'était pour se faire pardonner de la dernière fois où ils s'étaient rencontrés et qu'il l'avait abandonné. "C'est bon, garde ton sac. Et tu peux garder ton poney aussi." lui dit-elle en le lui rendant. Elle se garda bien de rajouter qu'elle ne dépouillait pas les mômes, mais elle doutait qu'il apprécie cette dernière remarque. Son fils Peter était un peu plus jeune que le garçon en face d'elle et il détestait qu'elle lui rappelle qu'il n'était qu'un enfant. "Comment t'appelles-tu ? Et où vas-tu avec ton poney ?" Alex était curieuse. Où comptait-il donc se rendre avec son animal ? Même si les militaires avaient nettoyé la zone de tout mort-vivant, l'endroit n'en restait pas moins dangereux. "Ce n'est pas prudent de se promener seul... Même si la zone a été nettoyée par les militaires, un ou deux rôdeurs ont pu leur échapper." Elle conclua : "Je suis Alex. Je viens de Fort Hope. Tu en as entendu parler ?" Elle était curieuse de voir ce qu'il connaissait des lieux. Il n'avait jamais mis les pieds à Fort Hope, elle en était sûre et certaine, sinon, elle l'aurait reconnu. La jeune femme était hésitante. Elle ne pouvait pas le laisser seul. Vu son âge et même s'il était armé, seul, il ne survivrait pas longtemps. S'il ne rencontrait pas un rôdeur, il risquait de tomber sur des gens malhonnêtes qui lui prendrait son poney et tout ce qu'il avait sur lui. Le monde était ainsi désormais, rempli de personnes malhonnêtes, prêtes à s'en prendre à un gosse pour survivre...

Nathan insista pour lui donner son arme. Alex la prit en silence. Elle la soupesa. C'était une belle arme à feu. Il la lui présenta en donnant beaucoup de détails que même elle, qui maniait des armes quotidiennement depuis l'épidémie, ne connaissait pas. Elle laissa échapper un petit sifflement admiratif. "Et bien, tu t'y connais plutôt bien en arme. C'est ton père qui t'a appris tout ça ?" L'adolescent lui expliqua alors que c'était l'arme de son père qui était policier. Elle comprenait mieux. Les policiers devaient avoir connaissance des armes qu'ils utilisaient et le père de Nathan lui avait probablement appris beaucoup de choses. C'était peut-être même une passion qui sait. Elle lui redonna alors son arme. "Tiens. Si c'était l'arme de ton père, elle a une valeur sentimentale. Garde-la. Tu ne me dois rien." Alex se sentait mal à l'aise de garder l'arme de Nathan. Une telle arme à feu valait une véritable fortune de nos jours. Depuis l'épidémie, il était indispensable d'en avoir une dès qu'on mettait un nez dehors. Elle n'allait donc pas dépouiller l'adolescent de la seule chose capable de le protéger contre les rôdeurs.

La jeune femme secoua la tête aux explications de Nathan sur le fait qu'ils aient pris la fuite tous les deux, l'abandonnant à son sort. "Laisse tomber. Ton père devait te protéger et je suppose qu'il l'a très bien fait jusqu'à présent. J'ai rencontré des personnes qui ont fait bien pire, crois-moi." Alex n'allait pas les lui conter pour ne pas lui faire peur, mais le premier groupe qu'elle avait rencontré au tout début de l'épidémie était devenu cannibale. Elle gardait un très mauvais souvenir de cette rencontre et avait été horrifiée de constater de quoi ils se nourrissaient. Elle les avait aussitôt quitter tout en leur laissant un petit cadeau : une bombe qu'elle avait fabriquée. Elle avait du partir avant de savoir si sa petite offrande les avait tué, mais elle l'espérait fortement. Alors s'être fait abandonnée et volée par un père et son fils, ce n'était pas un drame, même si sur le moment, elle leur en avait énormément voulu. Elle lui rendit son arme et lui dit fermement : "Je ne peux pas accepter, c'est probablement la seule chose qu'il te reste de ton père. Tu ne peux surement pas t'en rendre compte maintenant, mais si tu me la donnes, tu le regretteras. Accroches-toi à tout ce qui peut être positif pour toi, crois-moi c'est important quand on se retrouve seul." Nathan en voulait probablement à son père de s'être suicidé et de l'avoir laissé seul, mais dans quelques jours ou quelques semaines, il regretterait de lui avoir donné son arme. C'était non seulement un souvenir de son père, mais aussi, une chose trop utile pour être donnée. "Et comment tu protégeras ton poney si tu n'as plus ton arme hein ?" rajouta-t-elle pour le convaincre.

Nathan se présenta alors et lui dit d'où il venait. Alex était contente de prendre connaissance d'autres groupes ailleurs. C'était toujours rassurant de savoir qu'ils n'étaient pas seuls au monde à Détroit et qu'ailleurs, il y avait encore d'autres groupes de survivants. Elle laissa échapper une petite grimace quand il lui dit les avoir quitté car ils se transformaient en charognards et bandits. "C'est malheureusement le lot de beaucoup de groupes de mal tourner..." Peu de groupes parvenait encore à avoir un semblant de cohésion et de règles sociales. C'était souvent le cas quand il n'y avait plus d'autorité supérieure aux civiles comme l'armée, la police... Tous voulaient être chef ou refusaient de se plier aux lois du groupe et malheureusement, les groupes se dispatchés par la suite. Heureusement, Fort Hope tenait encore debout, probablement car ils avaient un conseil qui prenait les décisions et organisait la vie du camp.

Nathan sembla alors s'intéresser à Fort Hope et au nettoyage des zones infestées de rôdeurs par les militaires. ça tombait plutôt bien, Alex ne comptait pas le laisser là, seul avec son poney. Elle rebondit donc sur le fait qu'il cherchait un endroit où gagner sa gamelle de manière correcte. "Fort Hope est un camp à quelques kilomètres de là où tu pourrais trouver ta place. Nous commençons à être assez nombreux. Chaque habitant peut avoir une maison, un travail au camp, et tous les jours un panier-repas. Nous avons une organisation bien précise. Tu peux soit t'occuper des potagers et de la ferme, soit veiller sur le camp, travailler au garage, faire des sorties ravitaillements... Les boulots sont assez variés, je suis sûre que tu peux trouver quelque chose qui te convienne. Nous avons également des écuries pour ton poney... Nous sommes un groupe civilisé avec des règles que tous doivent respecter pour que le camp marche bien." Alex s'arrêta un court instant, le temps de permettre à Nathan de mémoriser tout ce qu'elle lui disait.  "Quant aux militaires, ils sont revenus il y a quelques mois sur Detroit. Ils nettoient toutes les rues en éliminant les rôdeurs qui s'y trouvent. La contrepartie, c'est qu'ils rassemblent également tous les humains qu'ils trouvent. S'ils te tombent dessus, ils te laisseront le choix entre Fort Hope ou l'arène. Je te conseille sans hésiter de me suivre à l'arène..." Elle n'avait pas très envie de s'étendre sur l'arène mais à 15 ans, Nathan trouverait sans doute plus de confort à Fort Hope qu'à l'arène...

Alex haussa les épaules. "Je t'ai dit, inutile de me dédommager de quoique ce soit. Contente-toi de ne plus mettre ta vie ou la mienne en danger et ce sera déjà bien !" Elle ne mentait pas. De nos jours, avec l'apocalypse, il fallait qu'ils s'aident les uns les autres. Il fallait que le peu d'humains encore en vie soit solidaire les uns des autres face à la mort qui commençait à un peu trop régner sur le monde. Malheureusement, tous ne pensaient pas comme elle et certains hommes préféraient compter uniquement sur eux-même quitte à faire du mal aux autres. Nathan n'avait pas l'air de faire partie de ces derniers, heureusement. L'adolescent rajouta ensuite que son poney courrait vite et s'en sortait plutôt vite avec les rôdeurs. Alex hocha la tête. Il disait vrai mais malheureusement, la plupart des équidés était, au début de l'épidémie, enfermait dans des boxs ou des prés, leur laissant peu de possibilité de s'échapper. Elle-même avait retrouvé le ranch de ses parents complètement dévasté, certains chevaux avaient pu s'échapper et les autres, elle ne préférait pas y penser. Avec un peu de chance quelqu'un les avait emmené ailleurs. A vrai dire, elle ne s'était jamais vraiment intéressée au ranche de ses parents et ne savait même pas combien ils avaient de chevaux lorsque l'épidémie s'était déclarée. Pour autant, elle n'allait pas plomber l'ambiance et préféra donc voir le bon côté des choses : "Tu as surement raison concernant les chevaux, ils doivent sentir le danger, comme la plupart des animaux !" Nathan lui demanda alors s'il y avait d'autres chevaux à Fort Hope. La brunette hocha la tête : "Nous avons des écuries oui avec quelques chevaux. Tu devrais pouvoir y installer ton poney en sécurité et elle ne devrait manquer de rien... Nous avons également d'autres animaux : vaches, chien, poules, lapins..." Ils avaient réussi à rassembler quelques animaux pour pouvoir subvenir à leurs besoins : les poules pour les œufs, la vache pour le lait.... ça leur permettait de manger autre chose que des fruits, des légumes ou des conserves périmées.

Nathan lui demanda alors pourquoi ce ne serait pas bien à Fort Hope, Alex se mordit la lèvre avant de lever les yeux au ciel. "Si, pardon, je voulais dire à Fort Hope, pas à l'arène. L'arène est un endroit particulier. certains s'y sentent bien mais ça n'a rien à voir avec Fort Hope. Ils ont reconstitué un décor digne de l'antiquité avec des spectacles de gladiateurs, des esclaves... Si tu as de la chance, tu peux être bien lotis. Si tu n'as pas de chance, tu peux finir en esclave ou jeter en pâture aux rôdeurs..." Alex prit un air sombre pour poursuivre : "Je t'assure que toi et ta Craquotte vous seraient mieux à Fort Hope." Après, il était totalement libre de choisir où il voulait aller, mais un adolescent avait-il sa place à l'arène ? Elle songea quelques instants à ceux qui s'y trouvaient : Isha, Malou, Cesar, Dean... Que feraient-ils de Nathan ? Il finirait peut être gladiateur si, avec un peu d'entrainement, il se révélait bon au combat, peut être grâce à son agilité. La jeune femme le questionna alors : "Est-ce que tu as des compétences particulières ? Si tu viens à Fort Hope, il faudra que tu trouves une occupation : t'occuper du potager, des animaux ou bien encore faire des tours de garde, des sorties ravitaillements, donner un coup de main au garage ou enseigner ce que tu sais aux plus jeunes ?" Alex était curieuse de savoir s'il se voyait dans un rôle en particulier, et s'il en avait l'envie...

La jeune femme se rapprocha de sa voiture. "Il se fait tard, on ne devrait pas trop tarder à rentrer. Même si les rues ont été nettoyées, je préfère pas m'y aventurer de nuit. Que décides-tu ? Veux-tu me suivre à Fort Hope ? Je peux conduire doucement et tu me suis avec ton poney... Ou bien encore, tu montes et on accroche ton poney à l'arrière de la voiture. Je roulerai doucement, c'est promis..." Elle ouvrit le coffre pour y ranger son sac en attendant la réponse de l'adolescent.

Alex regarda Nathan lui montrer comment il manipulait l'arme. Elle hocha la tête à ce qu'il lui dit. L'adolescent avait l'air de s'y connaitre et de manipuler l'arme comme s'il le faisait depuis des années. Elle l'interrogea, curieuse : "Et pour t'en servir, tu es aussi doué ?" Nathan lui rappelait beaucoup son fils, Peter, qui avait quelques années de moins que lui. Son fils avait grandi dans un ranch et dès le début de l'épidémie, son grand-père et donc le père d'Alex, lui avait confié une arme et maintenant, il savait tirer et ne loupait que rarement sa cible. C'était une triste conclusion qu'elle en tirait là. Les adolescents, les enfants de nos jours, devaient apprendre à se battre, à tirer à l'arme à feu pour pouvoir survire. Où était passé leur innocence et le temps où seul devait compter les premiers émois amoureux, les études... C'était fini tout ça. Maintenant, ils devaient s'adapter, comme tout le monde et survivre.

Nathan lui répondit qu'il savait comment la dédommager, en prenant soin des armes et des couteaux qu'elle pourrait avoir. La jeune femme secoua la tête et lui dit d'un ton un peu plus ferme : "Je t'ai dit, laisse tomber, ce n'est pas la peine de me dédommager de quoique ce soit..." Alex était sincère. Pour elle, il n'y avait pas de dette ou quoique ce soit d'autre. Ce qui s'était passé il y a quelques mois, c'était du passé et ils avaient pris la fuite à cause du père de Nathan, quant au fait qu'elle l'ait sorti du trou il y a quelques minutes, c'était tout à fait normal. S'ils ne pouvaient pas s'entraider entre personnes humaines, ou iraient-ils ? "Pour ce qui est des armes, je pense qu'il va falloir que tu fasses tes preuves avant d'avoir accès à l'armurerie à Fort Hope, mais c'est une idée..." Il y avait des règles au sein de leur camp et en général, ils ne laissaient pas l'armurerie ouverte à n'importe qui. Les nouveaux devaient faire leurs preuves avant d'y avoir accès, ce sans quoi, il y aurait trop de risques de vols. Certains étaient juste de passage à Fort Hope et ne souhaitaient pas s'y poser, il aurait été alors tentant pour eux de faire main basse sur quelques armes...

Nathan lui demanda alors ce qui l'avait fait changer d'avis concernant son poney. Alex laissa échapper un petit rire quand il lui demanda si c'était ses yeux de chat botté. Elle secoua la tête et lui répondit : "J'ai un fils, Peter, qui a 11 ans. Il est à Fort Hope lui aussi. Tu me fais penser à lui. Il aime les chevaux et manipule un peu trop bien les armes lui aussi. Je n'aurais pas aimé qu'on lui enlève la seule chose à laquelle il tienne. Et il est un peu tête brûlé, comme toi j'ai l'impression. Vous devriez bien vous entendre." Elle n'était pas mécontente à l'idée de ramener quelqu'un comme Nathan à Fort Hope. Du haut de ses 14 ou 15 ans, il ne manquerait pas de ramener un peu d'air frais au camp. Ils abordèrent ensuite le sujet de l'arène et Nathan lui dit que la population avait dégénérée. Alex hocha la tête d'un air lugubre, et encore, il n'avait pas tout vu. "Oui, tu as raison..." se contenta-t-elle de lui répondre. La jeune femme écouta ses compétences et esquissa un sourire à sa petite blague : "On devrait te trouver quelque chose à faire alors..." Elle n'en doutait pas un seul instant.

Quelques minutes plus tard, Nathan enfourcha son poney et Alex monta à bord de son véhicule. Elle posa son arme à feu sur le siège passager et démarra la voiture. Elle prit la direction de Fort Hope en roulant doucement. De temps en temps, elle jetait un coup d’œil dans le rétroviseur pour voir si Nathan et son poney la suivait toujours. Elle surveillait également les alentours pour voir si un rôdeur ne surgissait pas du coin de la rue. Même si les rues étaient censées être nettoyées, il valait mieux se montrer prudente. Après une vingtaine de minutes de route, elle vit les hautes palissades de Fort Hope. Elle fit un signe de la main au guetteur pour lui signifier que tout allait bien et les portes s'ouvrirent. Alex rentra et gara sa voiture. Elle descendit puis rejoignit Nathan. "Bienvenue à Fort Hope ! Le trajet s'est bien passé ?" Elle descendit son regard sur le poney, qui, malgré ses petites jambes semblaient pouvoir faire pas mal de kilomètres.