J'ai beaucoup bougée. Je me suis rapprochée du centre-ville sans toutefois y entrer. J'ai fait le tour, pour voir. Enfin je crois… J'ai vu beaucoup de monde, pas de ses créatures non. Des vrais personnes. Mais je n'ai pas été à leurs rencontre.
J'ai continué la même technique. Je trouvais une maison, je m'installais dans le grenier pour dormir et je repartais le lendemain matin.
Oh ! Je me suis lavée depuis, à l'eau froide (c'est mieux que rien) et même coupé les cheveux ! Bon, je l'ai fait toute seule, donc ça doit être un vrai massacre. Mais ce n'est plus aussi long, donc plus facile à vivre. Ils n'arrivent aux épaules maintenant. Ce n'est pas droit du tout…
Mais pour le moment, je suis en vadrouille. J'ai vraiment beaucoup marchée. Mais dans la région où je suis, je ne vois plus de ses choses mortes (ou pas, je ne sais plus) qui essayent de me tuer. Je me suis rendu compte que… cela fait longtemps que j'en ai marre de marcher à longueur de temps, de ne pas trouver un endroit où vraiment rester. Je veux vivre quelque part ou je peux me sentir en sécurité. Un peu plus en sécurité… Et comme je n'ai pas vu de trucs puant ici. Si je trouve la bonne maison, ça va peut-être devenir mon chez-moi ! Peut-être pas pour toujours… mais un moment. Je marche longtemps, pas au milieu de la rue, mais pas au bord non plus, une habitude...
Aujourd'hui j'ai décidée de trouver un chez moi, à moi. Bon, je ne sais pas combien de temps ça peut le rester… Mais je peux essayer. Pour le moment je marche dans la rue, plutôt décontractée, un peu seulement mouvement en vue. La nature reprends ses droits, doucement, c'est très joli ! Je marche environ une heure, avant de m'arrêter devant une très belle maison. Elle ne ressemble pas aux autres, la pelouse est très haute même si un chemin en mauvais état conduit à la porte. Les fenêtres du bas sont barricadées. C'est déjà ça à ne pas faire. La maison m'a vraiment tapé dans l'oeil. Même la porte enfoncée ne m'arrête pas. Je sors quand même mon couteau suisse, au cas ou. J'entre doucement en regardant bien partout. Le rez-de-chaussée n'est plus utilisable, tout est saccagé. Je ne m'y suis pas attardée. Je monte à l'étage, sur mes gardes. Je suis surprise par une pièce sans aucun meuble, remplis de matelas et coussin. Passée cette surprise, je rentre dans la pièce et je pose mes affaires avant de refermer la porte et de me coucher. Je reste quelques minutes sur le dos à me relaxer. Cela fait longtemps que je n'ai pas été couchée sur un si bon matelas moue ! Mais je finis par me relever, laisser mon sac et descendre au rez-de-chaussez. J'essaye de boucher l'entrée pour que cela fasse du bruit si quelqu'un essais de rentrer, chose que je ne pense pas faisable, je garde les boites de conserves pour les escaliers. Je mets tout ce que je peux pour sécuriser le bas. Enfin tout … Du bordel quoi …

Dans les escaliers, j'ai mis une corde avec des canettes et boîtes de conserves. Normalement, ça fait du bruit, reste à voir si ça marchera. Jusque là, ça a marcher, mais bon… Je remonte un peu soulagée d'avoir trouvé un endroit où je pense pouvoir rester. Je retourne dans la pièce aux matelas et je m'installe. Je trouve la pièce un peu trop découverte à mon goût, aussi, je lève des matelas et les places de façon à me faire une sorte d'abri. Un matelas sur le côté, une de l'autre et un autre en face, la cabane parfaite. Là je me sens vraiment en sécurité. Pourquoi j'ai besoin d'être aussi compressée, confiner … Je m'installe tranquillement, dos au mur. Je sors une boite de mon sac, mince, je ne la pensais pas si légère… j'ouvre la boite et découvre un morceau de viande peu ragoûtant… Il ne sent pas bon, mais ce n'est pas la première fois. Je mords dedans sans regarder, sans respirer. La viande n'est pas assez cuite, elle a un goût fort et me donne des hauts le cœur sans parler de l'aspect visqueux…. Je finis mon repas difficilement, en faisant une grimace de dégoût, avant de boire de l'eau. Je mets de l'eau dans la boîte avant de la refermer, je la laverai plus tard. Je laisse mes affaires pour aller faire un tour dans la maison, enfin à l'étage… Il n'y a rien de bien intéressant…. La pièce du fond était remplie de meubles, surement celle de la pièce aux matelas. J'ai fait le tour des meubles de la pièce, beaucoup était cassé, trop abîmé, leurs seules utilités ne pouvaient être que devenir du bois de chauffage.
Je commence à m'ennuyer. Je pousse un soupire en regardant mes chaussures. Qu'est-ce que je peux faire ? L'ennuie. Cela me tient souvent compagnie…

Je prends des morceaux de meubles qui semblent pouvoir avoir une petite utilité. Ce qui semble être le reste d'une bibliothèque me permet d'avoir deux planches. Je les disposes de part et d'autre de la porte, laissant un passage très étroit pour que je puisse passer. Parfait ! Mais je veux continuer à faire l'aménagement de mon logis avant donc je retire les planches, les poses à côté de la porte. Je ramène une vieille tables ou il manque deux pieds du même côté. Je la tire et la soulève, ou du moins j'essaye, pour la ramener dans la pièce. Je glisse les deux pieds de la table sous un des matelas pour quelle offre une meilleure protection. Je remets les places pour la porte en place. Elles ne tiennent pas très bien, mais ça fera une alarme de plus au cas ou … Avec tout ça, je pouvais peut-être dormir tranquille. C'est d'ailleurs peut-être ce que je vais faire maintenant, j'irais chasser après.

Je me suis très vite endormie. Mon rêve est merveilleux, je suis assise à une table où il y a plein de nourriture, de boisson aux couleurs éclatantes. Je goûte à tout ce que je peux, mangeant jusqu'à en avoir mal au ventre. Je passe beaucoup de temps à table, puis je me mets dans un lit douillet, sans même me demander pourquoi il est si près de la table. Je m'endors paisiblement.

Je me réveille en sursaut. Ma cabane s'est écroulée et me voilà en face de la pire situation possible. Un homme pointe une arbalète, ou plutôt le carreau de son arbalète sur moi. Je ne regarde que la pointe du projectile, trop choquée pour le moment pour faire quelque chose. Mon couteau est trop loin de moi, je ne peux rien faire. Je remonte le long de la tige jusqu'à arriver au visage d'un homme. Il a l'air surpris, comme si ce n'est pas moi qu'il s'attendait à trouver là. Ses premiers mots me conforte dans cette opinion. J'ai extrêmement peur, mon corps réagit enfin, je recule le plus possible de l'homme, terrorisée. Je veux crier, mais aucun son sort de ma bouche quand je l'ouvre. Je le vois baisser brusquement l'arme, je sursaute, croyant que le coup était parti. Il recule d'un pas, je saute sur mon couteau, qui est fermé, j'essaye de l'ouvrir, mais j'ai les mains tellement moite qu'il tombe. Tout va bien… Est-ce que tout va réellement bien ? Ma dernière expérience avec un homme, enfin un adulte, c'est très mal passée. Pourquoi il se serait différent maintenant ? … Parce que ce n'est pas le même homme… Parce qu'il n'a pas l'air de me vouloir du mal… Mais les autres non plus, pas au début. Je cherche un moyen de fuir, même si je dois tout laisser sur place. Je récupère mon couteau suisse fermé, près à le jeter si je n'ai pas d'autre solution. Puis, je le vois doucement remettre l'arme sur son épaule et lever les mains au niveau de son visage. Je le regarde attentivement, soupçonneuse. Je le détaille pour si il n'a pas une arme quelconque sur lui, mais je ne vois rien. Cela ne veut pas dire qu'il n'en à pas !

Puis il me demande si je suis seule. J'ouvre la bouche, mais rien ne sort. Je respire rapidement, prête à partir en courant. Je jette plusieurs coups d'oeil vers la porte, mais je ne pense pas courir assez vite… Je ne devrais peut-être pas lui dire … “Oui…" Après un instant d'hésitation, je reprends : “Euh non ! Mon père va bientôt revenir ! Il est armé ! ” dis-je d'une petite voix. J'essaye un coup de bluff, ça ne marchera jamais ... C'est fou. “Qui est-vous ? Qu'est-ce que vous voulez me faire ? ” dis-je la voix tremblante. J'ai tellement peur… Qui c'est ? Comment il a su que j'étais ici ? Pourquoi il est la ? Je dois partir, je dois fuir ! J'essaye de reculer encore, je me cale dans le coin du mur, derrière moi. Peter était gentil, très gentil. Je souffle un coup avant de voir l'image de cet homme qui m'avait proposé à manger, puis cette main sur ma cuisse. Je frissonne et cède à la panique. Je déloge le couteau de son entre et le tends devant moi les bras tremblant. “Je … Je ne me laisserai pas faire !” J'ai tellement peur que j'en ai les larmes aux yeux. Je ne vais absolument pas le convaincre que je suis dangereuse. Je n'ai jamais tué quelqu'un, que ce soit ses créatures ou un homme…. Pourquoi il agit comment ça ? Pour me tromper ? Les questions tournent et retourne dans mon crâne sans que je ne quitte des yeux l'homme. J'ai peur des hommes, pourquoi je dois en rencontrer un dans la maison abandonnée où je veux vivre tranquillement ?

Ok. Il m'a dit Ok. Il me croit ? Ou fait semblant de me croire ? Pourquoi je me pose la question, c'est impossible qu'il me croit. Totalement impossible. Je finis par lui demander qui il est, ce qu'il me veut. Je ne m'attends pas à ce qu'il soit gentil. Mais pourquoi si. Il semble gentil, pour le moment. Très gentil même !
C'est chez lui ? Oh mince … Au moment où je veux m'excuser, il reprend la parole. Je le regarde déposer son sac et son arbalète au sol. Il y va doucement, j'observe chacun de ses gestes. J'ai l'impression d'être un chien abandonné qu'il veut apprivoiser. Je finis par baisser, moi aussi mon couteau, le tenant quand même dans la main, au cas ou. Puis, il s'assoit devant moi, en tailleur. Je suis toujours collée au mur comme si j'allais pouvoir passer à travers… mais il semble pourtant ne pas me vouloir de mal… Je regarde tout ce que je peux, son visage, ses vêtements, ses mains, j'écoute savoir si il y a une personne en bas, mais rien ne vient étayer mon inquiétude. Je décolle doucement mon dos du mur, sa voix a quelque chose de rassurant.
Mon père. J'ai tellement dit ça dans la précipitation que je ne me suis pas rendu compte que ça faisait tellement longtemps que je ne l'ai pas dit. Mon père. Papa… Ça fait longtemps qu'il n'est pas revenu. Il veut rester avec moi ? Jusqu'à ce que papa revienne... il va devoir rester longtemps…
Je baisse la tête et laisse échapper une larme sans répondre. Il semble vraiment gentil. Je laisse tomber le couteau à côté de moi, assez près si jamais. Puis, il bouge, je le vois doucement sortir une boite, je ne sais pas ce que c'est, c'est peut-être dangereux ! Je laisse tomber cette idée presque instantanément. Personne ne prends autant précaution pour une gamine. Et de toute façon, qu'est-ce que je peux faire ? Courir toute ma vie ?

Il me demande si j'ai faim. Oui. Oui, j'ai faim. Tellement faim… Ça fait longtemps que j'ai faim, que je mange peu pour garder pour plus tard. Mais je ne veux pas lui devoir quelque chose... Je ne veux pas que ça recommence. Je le regarde déposer un sachet en plastique avec une barre de céréales. Elle a l'air tellement meilleure que la viande de tout à l'heure ! Je passe ma langue sur mes lèvres en avant ma salive avec envie. Le sachet est assez loin de lui pour que je puisse le prendre sans qu'il me touche mais … Non j'ai trop faim. Couteau de nouveau en main, je récupère rapidement le sachet. 100% naturel ? Cela fait longtemps que ce n'est plus un argument… Mais j'ai trop faim. C'est en reniflant la barre de céréales qu'une information me vient. Son mari ? Il est donc avec un homme ? Il me sourit et prit lui aussi une barre dans laquelle il mordit. Je fais comme lui, plus doucement, avant de manger très rapidement. C'est tellement meilleur que ce que je mange en temps normal. Je ferme les yeux tellement c'est bon. Mais c'est de courte durée ... Je suis triste d'être arrivée à la fin de ma barre. Je me relaxe un peu, ne faisant même pas un geste quand il sort une bouteille d'eau. J'ai ouvert des yeux rond quand il posa la bouteille devant moi. L'eau est claire ! Il n'y a pas de feuille ni une couleur légèrement jaune ou verte ! Sans prendre de précaution, je m'avance, m'assoit à côté de la bouteille l'ouvre avec hâte et bois le contenu sans en perdre une goutte. Elle a tellement meilleur gout elle aussi ! Je finis la bouteille et dépose devant lui avant de baisser la tête et de reculer doucement, mais pas aussi loin qu'avant.

“ Je… Je m'appelle Ava... Merci pour la nourriture et l'eau. C'était bien meilleur que ce que je mange d'habitude. L'eau a un autre goût, elle est bien mieux comme ça. ” Je relache mon dos qui se voûte en avant. Je me méfie toujours un peu, mais je dois dire qu'on est moins sur ses gardes quand on n'a plus soif, ou faim. Surtout quand ça vient de la personne d'en face. “ Je n'ai rien à vous donner en échange. Je suis désolée.” dis-je en serrant les jambes. “Je peux vous donner mon sac, si vous voulez. Je n'ai pas grand-chose dedans... ” Je tire mon sac avant de le pousser dans sa direction. J'espère qu'il n'est pas comme l'autre… J'ai peur qu'il me fasse la chose que lui. Mais l'autre n'avait pas été aussi gentil. Et puis, il m'a trouvée en train de dormir … Si il voulait quelque chose, c'était le meilleur moment. Je ne pense pas qu'il me veut du mal, mais je n'arrive pas à comprendre ce qui le pousse à me donner à manger et à boire ? “ Je pense que vous l'avez compris, je suis seule… Papa… “ Ma voix se brise quand je dis ses mots. Je revois son visage avant de partir, lui celui qu'il avait quand il est revenu… Pourtant, il est mort il a plus d'un an … Et ça continue de me hanter. “Il n'est plus là, il est devenu comme eux, dehors. Vous n'êtes donc pas obligé d'attendre avec moi, ça va faire un peu long, pour vous ... ” Je passe une mèche de cheveux derrière mon oreille.

“ Je suis désolée d'être rentrée chez vous. Je n'ai rien cassée, c'était comme ça quand je suis rentrée. Je partirai demain si vous voulez. Je ne vous embêterais pas. Je voulais juste trouver une maison ou restée. ” Je parle d'une voix faible, la tête toujours baissée comme si j'avais été prise en train de faire une bêtise. Puis j'ai une idée : “ Vous savez, si je reste, je peux vous aider. ” Je souris et de me redresser. “ Je ne vous demande pas de me nourrir, je peux le faire, je l'ai fait jusque là. Juste un toit ou dormir au chaud. Juste ça et vous aiderais pour tout ce que vous voulez ! Et puis, la maison à besoin de ménage… ” Ce n'est pas avec mon couteau que je peux me défendre. En plus de ça, il ne coupe plus… J'ai réussi à fuir tous les ennuis jusqu'à maintenant, mais ça ne va pas durer. Je ne peux pas rester seule et je ne veux plus rester seule. Je me redresse, doucement, en le regardant, en essayant de ne pas trop soutenir son regard, mais aussi sans trop le fuir. “ De toute façon, vous ne me voulez pas de mal, hein ? ” Dis-je avec un petit sourire gêné. “ Vous auriez pu me faire mal en me réveillant… ” ajoutai-je avec évidence. J'ai à la fois peur de lui, mais quelque chose me dit de lui faire confiance. Sa voix est douce, son attitude est gentille, il est beau… Tous les hommes ne sont peut-être pas méchant. Et d'après ce que j'ai compris… Il aime les hommes, je n'ai rien à craindre avec lui…. Je l'espère du moins… Je ne vais peut-être pas tomber sur une personne qui me donne à manger tout le temps.

Ce Will est bizarre. Je suis prête à tout lui donner contre ce qu'il m'a offert, mais il n'en veut pas. “Je ne veux rien du tout” Ça doit bien être le seul homme comme ça … A moins qu'il soit tellement heureux comme il est, qu'il n'a besoin de rien d'autre. Je ne pensais pas que c'était encore le cas… La gentillesse n'est pas forcément morte ? Il est sympathiquement bizarre. J'ai fini par lui dire pour mon père. Et comme je m'en doutais, il sait. Il a juste dit ça : Je sais. Mais pour moi c'était un peu plus. Il l'avait deviné, ce qui n'était pas bien dur, mais n'avait pourtant pas essayé d'en profiter. Will est vraiment bizarre, mais gentil.

Je peux donc rester ici ? C'était le chez lui de quand il était dehors. Ça veut dire qu'il n'est plus dehors ? D'après ce que j'ai compris, il habite avec un homme…. J'ai mis quelques secondes avec me rendre compte qu'il devait venir d'un campement. Il a des rations de survie, de l'eau en bouteille et il est propre sur lui… Les signes étaient quand même évident ! Il est aussi propre que Peter… Puis, je le vois poser une main sur sa poitrine. J'ai envie de lui demander si quelque chose ne va pas, mais je n'ose pas. Je regarde sa main, inquiète. J'espère qu'il va bien … Cela fait longtemps que je ne me suis pas inquiétée comme ça pour quelqu'un… Mais c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas… Ce qui est bizarre, c'est qu'à force du temps, j'ai oubliés que c'était possible…

Je me décolle du mur, petit à petit. Il est si gentil, je me demande pourquoi il est comme ça. Ce qui a fait pour qu'il soit si gentil ? J'aimerais être avec des personnes aussi gentilles que lui. Mais même avant, papa me disait que ça n'existait pas… Alors, maintenant… Inquiète, je me suis un peu rapprochée, si je dois l'aider, je dois m'approcher. J'ai toujours cette peur en moi, mais une voix me dire de ne pas m'y fier. Que je dois lui laisser sa chance. C'est quand il me parle de Fort Hope, que je comprends pourquoi il est aussi gentil. Deux personnes gentilles qui viennent du même endroit, ce n'est pas une coïncidence. Mais je ne dois pas me faire de film. Cet endroit m'apparaît comme un eldorado mais… Et si c'était un piège ? Mais je suis curieuse, je veux en savoir plus, je veux vraiment voir ce que c'est comme endroit… Mais j'ai peur … J'ai souvent peur, alors que ce soit là-bas ou ici…

Bingo, il habite là-bas ! Et son fils ? Je me demande si son enfant était gentil que son père… Je l'écoute avec un petit sourire. Il est heureux de vivre dans cet endroit, ça ne fait aucun doute. Plein de nourriture. C'est encore possible ça ? Vu ce qu'il m'a donné, je ne peux pas en douter. Puis il me dit quelque chose qui me surprend au plus haut point. Rester ici ou venir avec lui ? J'ouvre grand les yeux, la bouche légèrement ouverte. Il veut que je vienne avec lui ? Je ne sais pas si je dois lui sauter dans les bras ou partir en courant. J'ai très peur, mais la même voix me dit de le suivre. Mais j'ai besoin de plus d'informations… je ferme la bouche, non sans gêne, continuant à l'écouter. Plus je l'écoute, moins il me fait peur. J'ai envie de lui faire confiance, il a l'air tellement gentil …

Je peux prendre le temps de décider… Cela fait beaucoup de choses à retenir, mais je… J’ai envie de le suivre...

“Wow... C'est vrai ? Vous... vous êtes sûr ? Je ... Je ne sais pas... Je veux bien parler un peu… Comment ça se passe là-bas ? Je vivrai encore …. seule ? J'aurai quelque chose à faire là-bas ? Je ne vais pas être un poids ? Vous semblez vraiment être heureux de vivre là-bas Monsieur Will … Ça explique des choses…” dis-je avec un petit sourire. “Mais… Vous pouvez m'en dire plus sur Fort Hope ? Il y a autant de nourriture ? Vous avez du linge propre, des douches aussi ?” dis-je avec envie. De l'eau chaude … J'ai tellement envie de prendre une douche chaude… Une vraie douche … “J'ai eu 13 ans en mai et vous, vous avez quel âge, Monsieur Will ? Longtemps…. un petit peu je crois.” J'ai tellement tout fait pour ne pas y repenser que je ne sais plus quand il m'a laissé. Je m'approche du sac, m'installe à côté et fouille dedans. J'en sors un vieux cahier bleu abimé que j'ouvre. Il n'y a que quelques pages d'utiliser, d'autres ont été arrachés pour servir d'allume feu. Je trouve la bonne page et me fixe quelques secondes. “Depuis… Depuis le 10 septembre.” Je me redresse et le regarde avec un sourire triste. “Depuis le 10 septembre 2015”

Aussi bizarre que ce soit, je n'ai jamais cherchée à savoir quand c'était. J'ai toujours gardée ce cahier comme le dernier cadeau de papa, mais ça renferme aussi ce que j'ai vécue le jour où il est mort. “Monsieur Will, vous êtes quelqu'un de très gentil, j'ai peur de vous demander plus de détails sur votre vie… Comment vous avez fait pour trouver ce lieu où vous vivez ? Comment vous faites confiance aux gens ? Le dernier homme qui m'a donnée à manger a voulu abuser de moi, comme payement de ma nourriture… Et vous, vous me donnez de l'eau, à manger, un toit ou habité… et même un endroit où vivre… Je vous propose tout ce que j'ai et vous n'en voulez pas. Comment vous faites pour être si gentil… maintenant ? Je peux vraiment vous faire confiance ?” Je le regarde un petit sourire, un peu intimidée. Je n'ai pas reculée une fois le cahier consulté. Juste déposer le déposer devant moi, les yeux rivé sur lui.

Ne pas l'appeler Monsieur… “D'accord Mons… euh, Will. Je vais essayer ” Je le regarde avec un petit sourire. “Trente ans ? Non ce n'est pas vieux, je ne vous donne pas cet âge ” Sûrement une très jolie fille ? Je ne sais pas ce que ça veut dire. Il me trouve jolie ou… il ne veut pas le dire ou ne pas me froisser ? Suis-je jolie ? Je ne sais pas… La dernière fois que je me suis regardée dans le miroir, je n'y ai vu qu'une fille sale… Attends. Il préfère les hommes. C'est bien ce que je me disais. Alors, normalement, je n'ai rien à craindre avec lui ? Rien du tout ! Je rigole un peu avant de lui dire :“Pourquoi je dois vous juger ? Vous êtes heureux non ? Alors, c'est tout ce qui compte, surtout en ce moment ” En disant cela, je m'essaie plus confortablement, en tailleur devant lui, à porter de main. Je l'écoute parler de son camp, des rôdeurs ? Il les appels comme ça lui ? Bizarre… “Travailler pour être en sécurité… C'est raisonnable… ”

Plus je l'écoute parler, plus je suis à l'aise avec lui. Par moment, j'ai un peu peur. Mais pas à cause de lui, plus par réflexe… Je l'écoute parler, il semble avoir vécu la même chose, à peu de choses près. Je le regarde avec tristesse. Il parle plus que je lui ai posé de question, j'aime ça, j'apprends à le connaître. Plus il parle, plus j'ai envie de lui faire confiance, moins j'ai peur. Je suis à deux doigts de le prendre dans les bras quand il commence à me parler de quelque chose de plus heureux. De son mari, de sa rencontre. Je rigole en voyant que sa situation était presque la même qu'avec moi. C'est donc le maire de cette ville qui les marier. Je sourie quand il me partage se souvenir. Puis il fouilla dans son sac, je n'ai pas eu peur. Je n'ai pas eu de mouvement de recule. Je me suis surprise moi-même … Il a sorti un livre, il l'ouvre et me tends une photo. C'est une photo qui fait vieux, même si je ne suis pas sûr que ce soit si vieux que ça. Un vrai monstre ? Lui ? Pas possible. “Vous allez bien ensemble ” dis-je, la photo dans la main. “C'est vraiment possible d'être plus gentil que vous ? ”

Puis, il me pose une question au quelle je ne m'attends pas. Je baisse la tête, mes mains reviennent devant moi. “Non. Je l'ai frappé avec un pierre… Je sais que je n'aurais pas dû le faire, mais il sentait tellement mauvais… Je n'ai jamais fait de mal à quelqu'un, sauf là. Je suis partie en vélo. Heureusement, mes affaires étaient proches de moi... Je suis partie rapidement.” J'ai les larmes aux yeux. Je les retiens, je ne suis pas bien forte … “Mons… Je veux dire… Will, est-ce que je peux venir avec vous et habiter à côté de chez vous ? Vous êtes très gentil et je n'ai pas envie de… de vivre dans un coin… Je n'ai plus envie de vivre dehors” Je change de sujet parce que je n'arrive pas à en parler longtemps. J'aimerais bien vivre vers chez lui, pour l'aider si jamais il veut bien. “Je sais faire des pièges pour les animaux. Ça peut vous aider ! Et… j'ai besoin de voir un docteur, ça existe encore chez vous ?” ma tête s'est relevée et je le regarde dans les yeux avec un sourire un peu gêné. Je regarde encore la photo avant de me souvenir de quelque chose. “Oh j'ai une photo moi aussi !” dis-je en me penchant vers mon sac. Je fouille un peu avant de la trouver. “Elle est vieille… Il y a mon père et ma mère… Mais, on ne la voit plus.” J'ouvre la photo avant de la lui tendre.
La photo est pliée en quatre, on y voit une femme, ou plutôt des cheveux blonds. Un bout de visage d'un homme aux cheveux chatain court, il tient un bébé à l'endroit pile où les pliures se rejoignent. La photo montre des signes d'humidité, elle n'a pas été assez bien protégée. “Vous pensez que j'aurai le droit de venir ? Je n'ai que treize ans…”

J'ai eu raison. Ce que dit Will me touche. J'ai eu raison. J'ai fait ce qu'il fallait. Je ne sais vraiment pas si c'est vrai, mais je veux faire confiance à Will. Donc j'ai bien fait. Je préfère le croire. Je lui souris un peu quand il me dit que personne n'a le droit me toucher si je ne suis pas d'accord. Il est si gentil… J'ai de la chance d'être tombée sur lui… Je souris un peu plus quand il me dit que je peux vivre à côté de chez lui. J'ai envie de lui sauter dans les bras tellement je suis contente ! Mais je ne sais pas si je peux … Je me tortille sur le sol en réprimant cette envie. Je pourrais venir le voir ! C'est génial ! J'ai hâte de vivre ça !

Mais après ça, j'ai voulu faire comme lui, lui montrer ma famille… C'est risible… On ne voit plus tellement leurs visages… on ne les reconnaîtrait même pas si ils étaient dans la pièce... Mais ça reste ma famille quand même…
Puis, je lui dis que j'ai besoin de voir un médecin. Je n'aurai pas dû lui dire ça… Tout s'emballe très vite. Il me dit qu'il y a des médecins à Fort Hope, que j'en verrai un à mon arrivée. Mais, je vois qu'il n'est pas bien, il me demande si j'ai été mordue … Je vois ses yeux s'écarquiller, il pâli… Je n'ai pas le temps de répondre qu'il me dit déjà qu'il faut ramasser mes affaires, qu'il faut partir maintenant. Will me fait peur. Je recule un peu avant de m'arrêter. Il s'inquiète pour moi… Il ramasse ses affaires rapidement, comme si il avait peur… Max ? Je le regarde sans comprendre, faisant oui de la tête pour les crêpes. Trop surprise de le voir si paniqué. “Will” lui dis-je pour qu'il s'arrête. Mais il n'a pas dû m'entendre. Je me rapproche un peu.

Oh, Max c'est son fils… Je le vois essayer de sourire, il est vraiment très stressé. Il me demande si je suis prête. Il a l'air tellement angoissé soudainement. “Will” Je m'avance vers lui jusqu'à entourer mes bras autour de lui. “Tout va bien, Will” Je pose ma tête contre lui. Je le serre un peu pour qu'il se détende avant de lui dire : “Je n'ai pas été mordu, je vais bien… J'ai juste du sang, chaque mois. Ça fait mal plusieurs jours à chaque fois… Ça fait un an déjà et je m'inquiète, je veux juste savoir ce que c'est. À part ça tout va bien ![/color][/b]” dis-je d'une voix douce. Will ne doit pas stresser pour moi, je dois l'aider. Il est beaucoup trop gentil et il doit avoir des occupations plus importantes qu'une gamine de treize ans. Et puis, je ne savais pas quand étant mordu, on devenait une de ses choses… Je pensais qu'il fallait qu'il nous tue… ça me fait peur. Je ne veux plus vivre toute seule, encore moins maintenant que je sais ça.

Il sent bon… Il sent le savon… Je m'installe jusqu'à pouvoir me coucher contre lui. "Tout va bien vous savez. Je veux bien vous suivre tout de suite, mais ne stressez plus. Vous êtes plus joli quand vous souriez." Je pose la tête contre son torse pour écouter son cœur. Une présence chaude fait tellement de bien… ça m'avait manqué. Je me calme d'être contre lui. Que c'est bon ... "Merci de vous inquiéter pour moi, vous êtes vraiment quelqu'un de très gentil, mais calmez vous" Après quelques minutes, je me lève pour ramasser mes affaires avant de revenir vers Will. Je me demande vraiment si il veut de moi. Je me demande si son mari voudra de moi… Mais au pire, j'habiterai à côté de lui. Je me demande comment va changer ma vie. “On y va ? Tu m'as parlé de crêpe” Dis-je d'un ton doux en lui tendant la main. J'ai toujours une pointe de peur. Mais je ne l'écoute pas. Je sais que Will est quelqu'un de bien et je veux le suivre. Je sais que je serai en sécurité avec lui. Je l'aiderai autant que je peux. Quoi qu'il arrive, je le suivrai.

Après que je lui ai dit le pourquoi je veux voir un médecin, il y a eu un moment de blanc qui m'a fait peur. Pourquoi il ne dit rien ? C'est tellement horrible ça ?! Puis, Will rigole. Moi qui étais inquiète de ce qui arrive, me voilà honteuse. Je sourie à Will, même si je me sens un peu vexée. Il rigole de moi ! Je cache mon visage contre lui pour pas qu'il voit que j'ai été un peu vexée. Il me parle en se détachant un peu.

Oh, d'accord, j'ai compris… Il ne veut pas me vexer, il est gêné… J'ai réussi à gêner Will alors que ça ne fait pas deux heures qu'on se connaît… Je décide de changer de sujet et de le relancer sur les crêpes en lui tendant la main. Ça semble le sortir de sa rêverie, il secoue la tête et prends ma main. Il ne regarde pas de mon côté. Alors… Je me mets à douter… C'est si grave que ça ? Son rire, c'était nerveux ? Il était peut-être gêné de me le dire… Après tout, il ne me connait presque pas… Je le tire avec moi, mon sac sur l'épaule, jusqu'en bas. Il commence à parler mais s'arrête… Si c'est grave, je ne veux pas rester avec lui, je ne veux pas qu'il soit triste… je me suis arrêtée en bas des escaliers pour le lui dire, quand il continue sa phrase. Pareil que toutes les femmes ? C'est donc normal ? Je pousse un profond soupir. Je sens la main de Will me serrer un peu plus. Il m'entraîne vers la cuisine après ça et passe par la fenêtre en premier. Il m'aide à sortir avant de me dire que le camp n'est pas loin. Je fais un signe de tête, les larmes aux yeux.
Je suis tellement contente de ne rien avoir de grave.

Cette journée est merveilleuse. Je suis tombée sur le seul homme adorable qui veut bien de moi. Je décide de faire exactement ce qu'il me dit, sans aucune discussion. Je mets mon sac correctement sur mon dos, mon couteau dans ma poche. Je regarde Will prendre son arc d'une main et ma main de l'autre.
Will, en route, commence à me parler, alors qu'il a dit qu'on devait être silencieux. Mais si il le fait, c'est que c'est le bon moment. Je l'écoute plus que je n'écoute les alentours, contrairement à d'habitude. Je suis en sécurité avec lui. Il me dit qu'il m'emmènera voir l'infirmière tout de suite et après un certain Logan, le chef. J'ai hâte de voir où je vais vivre, ce que je devrais faire pour eux. Je fais un mouvement de tête, mais il ne me regarde pas. Il m'a dit de rester silencieuse, alors je ne ferai aucun bruit. Puis, il me parle de Elias. Il me parle beaucoup de lui, il doit vraiment l'aimer pour en parler autant. Il est marié, ce qui veut dire beaucoup. Le "mais" me fait un peur… je baisse la tête, pour regarder mes bottes. Ce n'est pas grave. Et de toute façon, si il ne m'aime jamais, je pourrai vivre à côté de chez Will pour le voir parfois. Je préfère me dire qu'il ne m'aimera jamais plutôt que de me faire un film et d'être déçue. Je ne veux pas que Will s'attire des problèmes à cause de moi. Je ne fais aucune remarque, ni aucun mouvement.

Je me suis battue pour vivre. J'ai tué des animaux pour manger. J'ai lutté pour ne me laisser faire. Mais je comprendrais qu'il me laisse pour son mari et son enfant. Je ne sais pas pourquoi je pense à ça maintenant… Je marche avec lui vers mon nouveau foyer, mais rien ne me dit que ça le restera… Je commence à avoir peur d'attirer les ennuis… Ça serait normal qu'il me laisse, la famille est dure à garder par les temps qui courent, je pense… Je finis par regarder Will sans regarder ou je met les pieds. J'aimerais bien l'aider. L'aider à protéger sa famille, l'aider à être moins stressé. Je sourie en me demandant ce que dirait mon père… mon sourire s'efface quand j'imagine son visage quand j'ai rencontrés ses hommes… Je n'ai pas dit à Will que cela avait failli m'arriver deux fois… Qu'une femme m'avait aidée, nourri, donner des vêtements et des provisions que j'ai terminés depuis longtemps. Je n'y suis pas retournée. Elle a été très gentille, mais ce n'est pas là-bas que je veux vivre. Je n'ai pas envie de lui dire, pas envie qu'il sache que ça peut recommencer. Dans un coin de ma tête, je sais que ça va recommencera un jour, mais je veux être prête pour pouvoir me défendre le moment venu.

Peut-être qu'un jour je lui dirais, mais… son visage… quand je lui ai dit pour la première fois… Il a déjà assez à faire. Je ne veux pas être une charge pour lui, pour eux. Je n'ai pas envie être trop lourde pour eux et qu'ils se disent qu'ils n'auraient pas dû me prendre avec eux. Je sais chasser, avec des pièges, des collets. Je sais vider une proies, faire un feu… Je peux être utile… J'espère ne pas être un poids, pourvu que je ne gâche rien ! Pourvu que tout se passe bien ! Si je ne dois faire qu'un vœu dans ma vie, ce serait celui-là : Pourvu que je ne sois pas un poids pour Will et sa famille!