21 mars

« Joy putain, concentre-toi un minimum ». Elle aurait voulu se balancer des baffes. Déjà, elle détestait dormir seule, voilà. Ouais, ouais, discrétion, passer la journée ensemble, pas la nuit, mais… mais ça la mettait mal, voilà. Elle en voulait ENCORE. Non pas de tout ça, juste de lui, sa présence, son odeur. Elle allait devenir folle. Alors, l’idée avait été de faire du sport pour oublier et ça avait été catastrophique. Son propre corps la trahissait totalement. Genre, il c’était ligué avec l’autre en mode « Oh toi, je t’aime bien, tu me fais du bien, toi Joy, t’es nulle en fait, trop prude la gamine ». Bon d’accord, peut-être pas dans ses mots là, mais presque. Elle c’était rétamée trois fois au moins, si pas quatre. Elle avait laissé tomber l’idée de marcher sur les mains et limite, elle pouvait raccrocher les pompoms. Elle n’allait jamais eu à faire face à ça, jamais. Et NON, on ne parlait pas d’amour. Ne faites pas une Harley de vous s’il vous plait. Elle n’assumerait pas ça. Pas encore, pas à ce point. C’était juste, hm… physique. Phéromone? Une drogue quelconque? Non, elle n’était pas en manque, bon d’accord… un peu. Bref, elle repensait à la veille plus qu’à sa culbute quand tout prit une tournure… compliquée. Genre, Eulalie débarquait. En général, elle se tenait loin. Pas que la gamine ait quoique ce soit à y voir, juste que… c’était du respect non? Envers Juliet surtout. Genre, j’ai peut-être Logan dans ma culotte, mais je ne fais pas copine avec ta fille tu vois? Ouais bon, faut revoir la présentation pour cette image, vraiment.

Elle observa donc la gamine un instant, peut-être deux. Elle n’était pas vraiment coincée, elle était surtout intriguée. Genre, elle venait comme ça et hop, on fait des pirouettes à deux? Elle avait le droit au moins? Genre, c’était surement mal quelques parts. Au moins, la gamine était douée. La comparaison ne lui fit rien. Un bébé, ouais, ça allait encore. Plein de gymnastes rêvaient d’avoir la souplesse d’un bébé, même chose pour la capacité d’un enfant à se casser la gueule sans rien avoir au final. C’était comme ça la vie. La gamine finie par la pousser pour qu’elle tombe. Le caractère de merde, c’était papa ou maman? Surement un peu des deux ouais, même si papa avait tendance à observer, ou à vouloir toucher plus qu’à… ta gueule Joy. Non, la faire tombé dans son lit, ça ne comptait pas. Ta gueule Joy. Bref, la gamine en rajoutait une couche de façon presqu’aimable. Ouais, presque, faut le souligner en gras, italique, encadré et néon jaune genre. D’accord, quelqu’un, quelque part, n’avait pas fait son job niveau filtre verbal sur cette enfant. Elle devait être du genre à dire direct à une personne qu’elle était moche, grosse et qu’elle était mieux de passer sous un train. Sauf que la gamine, elle rajoutait qu’elle tenait ça de son père les acrobaties. Joy c’était limite arrêtée qu’à ça, éclatant d’un rire vrai et cristallin. Non vraiment. Elle était étendue au sol et elle riait. Monsieur je-refuse-de-faire-du-yoga-avec-toi, la gamine tenait ça de lui?

-Oh Dieu, je payerais cher pour voir ton père faire ça comme toi.

Non, Joy n’était pas rancunière, elle n’était pas méchante, loin de là. C’était une gamine, fallait en prendre et en laisser, elle savait ça. Joy était pire à son âge à poser des centaines de questions sur le pourquoi du comment de la vie. Sa mère lui avait mentionné trop souvent pour qu’elle ne l’a croit pas.

-Désolé, je te promets que je suis moins nulle en général, mais… je suis déconcentrée en ce moment.

Par ton père en prime. Mais ça, elle n’allait jamais le dire, on s’en doute tous.

-Alors Eulalie, la caserne ne t’ennuie pas trop?

Parce que Joy était très, très bien placée pour savoir que la caserne, elle pouvait rapidement devenir une prison, un truc bien emmerdant. Limite, l’idée de faire installer une balançoire d’intérieure restait pertinente hein! Ça passerait le temps. Aller la chercher, l’installer, tout ça. Ouais, pourquoi pas. Oh et, elle restait couchée au sol, c’était clairement mieux pour elle en ce moment. Genre, n’être couchée, impliquait aucune chute pouvant tenter de la tuer. Du moins, elle l’espérait.

Comme si Joy allait s’en faire avec ça. La gamine avait du caractère, ça allait. Elle s’en fichait totalement, c’était même marrant. En fait, Joy préférait de loin une gamine avec du caractère qu’une plante verte, parce qu’elle avait beaucoup plus de chance de survie dans ce monde. Bref, la petite n’avait jamais vu Logan faire des pirouettes et c’était bien dommage. C’est donc avec un sourire toujours bien présent que la rouquine rajouta :

-Alors va falloir lui demander et je veux bien être là pour voir ça.

Parce que sérieusement, juste l’imaginer c’était marrant. Elle connaissait Logan dans beaucoup de position, mais pas les pirouettes. Donc, aussi bien en profiter et savourer le moment s’il arrivait un jour. Elle tentait d’arrêter de rire. Reprendre contenance. Sauf qu’imaginer Logan avec un tutu, c’était tellement de toute beauté. Oh, elle l’appréciait son géant, mais elle pouvait en rire aussi. Il n’était pas susceptible à ce point. Elle ne l’espérait pas du moins… ça va, c’était dans sa tête à elle. Elle le pouvait bien. Elle était installée au sol et la petite vint la rejoindre. Elle lui expliqua donc que non, elle n’était pas nulle en général. C’était même son plus grand talent en fait. La petite continuait de croire qu’elle était nulle et ça la fit sourire. Si elle savait…

-J’adore faire le grand écart! Tu préfères celui de face ou celui de côté?  

Parce que Joy elle appréciait les deux, le latéral et le facial, Elle l’observa un instant, sourire aux lèvres. En fait, ça serait vraiment plus facile de discuter avec la gamine si elles s’entendaient sur un point comme la gymnastique. Elle la regarda s’éloigner et ramener sa peluche. Un objet transitionnel? Surement. Ce n’était pas facile en ce moment, alors c’était compréhensible. C’était bien une peluche.

-J’ai commencé la gym en club un peu plus jeune que toi, ensuite j’ai été vers la danse et le cheerleading, on s’échangera nos trucs si tu veux.

Elle continuait de la regarder tranquillement. C’était bien de discuter avec la gamine en fait. Ça faisait moins peur, ça devenait un peu plus naturel. Elle lui demanda même si elle s’ennuyait à la caserne. Parce que Joy c’était tellement ennuyer au début, avant de prendre ses marques, de prendre des tâches et de s’y atteler. Elle comparait la caserne à l’hôpital. Rajoutant que les militaires de l’hôpital n’était pas méchant, mais ça… c’était une autre histoire. Parce que Joy en avait rencontré des pas sympa.

- J’ai visité l’hôpital, ma meilleure amie y vit. Elle s’appelle Harley. J’ai aussi rencontré Shane. Je comprends la différence avec ici. Je préfère la caserne.

La caserne, c’était une famille, c’était une maison. Une fois qu’on avait dépassé la nouveauté, c’était tellement plus agréable. Bien sûr, il y avait des règles et des lois, mais pas de militaire, pas d’arme en permanence. C’était agréable. Logan était un chef agréable et Roman aussi dans la mesure du possible. La gamine ne verrait pas les nuances, ça devrait aller. La gamine était toujours couchée, prenant un peu de repos avant de se remettre à ses acrobaties. Elle observa la gamine se coucher près d’elle et lui poser une question. Sa rencontre avec Logan? C’était une question facile à répondre. Elle se tourna sur le côté pour faire face à la gamine. Elle prit trois secondes pour peser ses mots, mais c’était tellement évident.

-J’étais toute seule dehors. Je me débrouillais comme je pouvais, mais ça allait quand même bien. Les monstres, ça ne grimpe pas, mais les gymnastes ouais, alors ça aide. Sauf qu’une fois, j’ai manqué de chance et mon pied c’est coincé dans un truc. J’étais pris et le temps que j’arrive à m’en défaire, les infectés se seraient rendu à moi. Sauf que ton papa est arrivé et il m’a sauvé. Il aurait pu s’arrêter là, ou me laisser me débrouiller toute seule ensuite, mais il m’a invité ici. Il sait que j’aime pas beaucoup tout ça et pourtant, il reste gentil avec moi. C’est une des personnes les plus gentilles que j’ai rencontré depuis l’épidémie. Alors on est ami.

Elle ne dirait jamais à la petite à quel point c’était plus que ça, mais elle voulait qu’elle sache que son père était quelqu’un de formidable. Elle voulait que l’impression soit partagée, mais elle rajouta quand même, avec un sourire amusé :

-Mais ça ne m’empêche pas de rigoler en l’imaginant en tutu. Faudrait que tu lui demandes un jour. Voir s’il accepterait de faire une pirouette ou deux.

Rho, elle avait le droit de s’amuser la gamine. Ce n’était pas comme si Eulalie allait vraiment le faire et que Logan allait réellement accepter. Juste de poser l’hypothèse à voix haute la faisait sourire et imaginer la tête de Logan à la demande le serait encore plus! Donc bon, pourquoi s’en priver?

-Tu as envie de bouger? On peut pratiquer la routine que tu connais si tu veux. Je dois encore faire mes preuves! Je ne suis pas nulle pour de vrai.

Et elle souriait. Parce qu’elle avait bien envie de se dire qu’elle occuperait Eulalie un moment. Si elle arrivait à lui donner envie de s’exercer à nouveau à la gymnastique, la petite pourrait passer son ennuie comme ça. Ce serait beaucoup plus facile pour Juliet et Logan. Parce qu’une fillette occupée, c’était une fillette heureuse et la caserne manquait encore d’espace de jeu pour une gamine de son âge.

Tranquillement, elle avait l’impression que peut-être, elle arriverait à tisser une belle relation avec la petite. Elle appréciait beaucoup l’idée et sur le coup, elle était ravie qu’elle ait un point commun aussi fort que leur passion pour la gymnastique. C’était un beau sport, c’était quelque chose d’agréable à faire et même si ça demandait un peu de matériel supplémentaire, elle trouverait comment aménager un peu plus la salle de sport à leur guise. Logan pourrait toujours soulever de la fonte, la petite aurait au moins un endroit pour jouer. Elle en parlerait à Logan pour faire sûr, mais c’était surement chose possible. Au pire, elle le ferait elle-même, elle ne s’inquiétait pas trop pour ça.  La petite lui avait quand même mentionné que les garçons n’aimaient pas faire les pirouettes et elle lui avait souri, rajoutant simplement que :

-Pas tous, mais certains aiment ça. J’en ai connu plusieurs. J’avais 5 garçons dans mon équipe de Cheerleading et ils arrivaient à faire les mêmes pirouettes que les filles et ils nous lançaient super haut.

Parce que les hommes faisaient les bases les plus solides, on ne se le cachera pas. Ils étaient souvent plus fort, les lancés étaient plus franc et les rattrapés moins à risque. Son partenaire de saut était un mec et elle avait eu longtemps pleine confiance en lui. Il n’avait surement pas survécu à l’apocalypse, mais elle avait eu une pensée pour lui à cet instant.

-Tu me montreras ce que tu sais faire alors.

Comme ça, peut-être même qu’elle pourrait l’aider à réussir celle de face. Trouver des trucs à faire avec Eulalie était une idée comment une autre. Si elle était pour commencer à fréquenter son père un minimum, aussi bien que la petite ne la déteste pas non? Elle continua donc de parler de gymnastique, en apprenant un peu plus sur la vie d’Eulalie avant. Elle avait fait de la gymnastique jusqu’à l’arrivée des morts, un peu comme Joy, mais Joy avait eu des années de plus pour en profiter.

-Je pourrais parler de gymnastique et de danse toute la journée sans problème.

Et elle lui avait fait un sourire joyeux. Parce que Joy était une passionnée et que même si elle ne pouvait parler de cela qu’avec une petite de 10 ans, elle en serait heureuse. L’idée même de devenir prof pour se groupe d’âge l’avait déjà effleuré, alors aussi bien profiter du moment. La conversation avait divagué doucement sur Logan. Sur le fait que si la petite ne s’était pas sauvée, elle ne l’aurait pas rencontré et qu’elle ne serait pas ici. Joy en doutait quand même.

-Ton père t’a tellement cherché que je suis sûr qu’il t’aurait quand même trouvé. Il ne faisait que ça. Ça aurait peut-être juste prit un peu plus de temps.

Joy avait toujours été de nature à espérer le meilleur de la vie, même maintenant que les morts marchaient sur terre. Elle avait vu Logan ratisser tranquillement la ville, il aurait fini par tomber sur l’hôpital, il aurait fini par les retrouver, c’était obligé. Joy avait ensuite fini par raconter sa première rencontre avec Logan. Ça lui semblait si loin maintenant, elle se souvenait de l’avoir craint de par sa stature, son air sérieux et maintenant, c’était tellement loin tout ça.

-Je suis d’accord, il en mérite une. Tu pourrais tenter de lui en trouver une ou de lui en fabriquer une. Ça lui ferait surement plaisir. Il a tendance à oublier qu’il est un héro.

Elle souriait, elle n’arrivait pas à faire autrement. Juste de penser à Logan et elle souriait, encore plus de savoir que sa fille avait de l’admiration pour lui, malgré leur passé qu’elle savait un peu compliqué. Et l’idée que la petite force son père à enfiler un tutu pour faire des pirouettes de la quittait pas, fallait bien l’avouer. Elle riait donc avec Eulalie, elles passaient un bon moment et c’était agréable que ce soit comme ça. Elle avait fini par proposer à la petite de bouger un peu et elle accepta, Joy avait souri un peu plus, retenant un rire léger quand la gamine tenta de lui faire un clin d’œil. Elle avait faim et Joy hocha de la tête pour accepter sa proposition. Eulalie croyait sincèrement être meilleure que Joy et elle trouvait ça mignon. Elle était quand même en train de se demander si l’égo et l’orgueil c’était génétique. Elle accuserait Logan pour cela un jour, promit. Elle l’a suivi quand la petite détala, sans courir, mais sans la perdre de vue jusqu’à la salle à manger. Une fois entrée derrière elle, elle demanda simplement :

-Bon, on ne doit pas avoir grand-chose, mais y a surement de quoi te faire à manger. Tu veux quoi?

Parce que Joy allait lui cuisiner ce qu’elle voudrait. Elle était douée pour la cuisine, alors aussi bien en profiter. Rajoutant quand même :

-Et pour ta tenue, on trouvera un truc pour le moment et on tentera de te trouver un truc mieux une autre fois. Comme ça, tu pourras t’entrainer quand tu veux.

Et elle ouvrait les placards pour montrer tout ce qu’ils avaient pour trouver un truc qui plaise à la petite. Parce que pour le moment, elle ne connaissait pas ses goûts, mais elle apprendrait tranquillement.