Alex n'avait pas été en reste lorsque la question de la remise en marche du générateur avait été soulevée. D'accord, la machine fonctionnait à l'essence et, dans son ancienne vie, la jeune femme avait lutté contre cette énergie surexploitée, autant responsable de la mort de la planète que les bras qui l'extrayait. Seulement, avec l'épidémie, elle avait su revoir certaines de ses valeurs. Particulièrement quand il s'agissait de la perspective de pouvoir prendre une douche chaude, un brin de chauffage et s'éclairer la nuit. La survie serait tout de même plus confortable, non ?

Si elle était une scientifique, la mécanique lui échappait quelque peu. Ses compétences s'arrêtaient aux mélanges délicats entre deux substances ou à identifier un ténia d'un lombric lambda. On ne pouvait donc pas dire qu'elle était d'une grande utilité dans cette histoire. Aussi n'accompagna-t-elle pas Logan lorsqu'elle le vit se diriger vers le garage. Beaucoup d'entre eux étant partis en ravitaillement, elle était restée pour assurer la garde de la caserne. Allant et venant dans la cour, l'oeil et l'oreille à l'affut, sa hacha tournant dans sa main, elle surveillait les bruits habituels annonciateurs de l'arrivée des mort-vivants. Grognements, pas trainant sur le sol ... Alarme ?! Le hurlement strident, digne d'une Banshee, lui fit redresser vivement la tête, écarter des yeux grands comme des soucoupes et se retourner de tous côtés. Elle fut contrainte de se boucher les oreilles, ses traits affichant une stupeur inédite tandis que son coeur s'était mis à battre la chamade.

Prompte à se ressaisir, elle n'attendit pas que l'alarme cesse sa petite crise de nerfs pour filer vers le garage, déboulant à l'entrée au moment où Logan en sortait. " C'était quoi ce bordel ?! " hurla-t-elle sans s'en rendre compte, ses tympans encore malmenés. Abasourdie - et assourdie -, elle ignorait encore qu'elle s'adressait bel et bien à la bonne personne, soit l'auteur de cette énorme erreur.

Non, Eulalie n’avait pas envie de se lever. Parce qu’elle voulait passer la journée sous les grosses couvertures du lit de son papa avec Néléfan, son éléphant en peluche. Depuis le départ de sa mère, elle n’avait plus le moral à grand-chose. Certes, ça les avait un peu rapprochés avec son père. Ils passaient donc plus de temps ensemble et ça ne déplaisait pas à la petite qui en rêvait depuis très longtemps… Mais voilà, parfois, quand son père était occupé et qu’il ne pouvait pas s’occuper d’elle, elle avait une baby-sitter : Joy. La petite rousse avec laquelle l’homme passait beaucoup de temps… C’était même sa copine, d’après ce qu’avait remarqué Eulalie. C’était un peu la raison pour laquelle elle ne la portait pas plus que ça dans son cœur. « ‘Laisse-moi, ‘pas envie de manger… » soupirait la gamine en sentant la petite main de Joy dans ses cheveux. Il était près de midi, et Eulalie devait manger. Et c’est après que la jeune rousse dût insister de longues minutes qu’elle se leva, saisissant sa main en marchant en direction de la salle à manger où elle s’installa à table, près de Joy.

Elle regardait autour d’elle, à la recherche de son père qui pouvait peut-être être là… mais il n’était pas là. Elle n’était clairement pas dans son assiette, et elle sut immédiatement que ça allait être le cas pour la journée quand elle vit ce qu’elle allait devoir manger… Dans son assiette, il y avait des haricots verts, les légumes verts qu’elle détestait plus que tout au monde. « ‘Je mange pas ça… » soupira-t-elle en repoussant doucement son assiette, croisant les bras comme elle ne le faisait que très rarement. Si sa mère était là, elle ne l’aurait sûrement pas fait. Mais c’était Joy. La petite fille ne la portait pas vraiment dans son cœur, alors pourquoi lui faire un cadeau ? Et c’est, coupant la parole à la petite rouquine qu’elle se mit à bouder. « Je mangerais pas des haricots verts dégueux, je mangerais pas des haricots verts… », elle répéta cette phrase de longues secondes, coupant la parole à la jeune femme quand une alarme se fit entendre. Elle se blottit immédiatement contre elle, sans réfléchir comme une froussarde, se mettant à hurler… elle avait peur, très peur. Peut-être que l’alarme s’était déclenchée à cause d’une invasion de monstres dans la caserne ? Peut-être que quelqu’un était entré pour les kidnapper ?

Ses petites mains sur ses oreilles, Eulalie avait les yeux fermés, blottie contre la jeune rousse. Le bruit assourdissant détruisait ses tympans, elle entendait à peine les paroles de Joy qui étaient censées la rassurer. Elle avait peur, très peur. Généralement, quand une alarme retentit, ça ne veut rien dire de bon : un incendie, une intrusion… qu’est-ce qui pouvait bien se passer ? Elle ne disait rien, préférant rester silencieuse alors que sa baby-sitter lui caressait les cheveux… Elle réagit quand celle-ci prononça le mot de son père, relevant légèrement la tête. Elle hocha simplement celle-ci, restant dans les bras de Joy qui se mit à la porter.

La jeune femme et l’enfant quittèrent la table pour descendre au garage dans lequel ils aperçurent assez rapidement le père de la petite fille Logan qui avait l’air d’être à l’origine de cet incident. La gamine quitta assez rapidement les bras de la jeune femme pour venir se blottir contre son père et l’écouter la rassurer, leur expliquant qu’il avait fait une bêtise et qu’elles allaient devoir l’aider. Joy devrait essayer de trouver le fusible qui contrôle l’alarme en compagnie d’Eulalie qui allait devoir l’aider. Toujours prête à jouer les héroïnes et à aider les gens, elle accepta directement, carrément rassurée grâce aux paroles de son père. « On va faire ça… Allez, viens ! » cria-t-elle à haute voix pour que Joy l’entende, quittant son père pour s’approcher de Joy et prendre sa main, prête à réaliser la mission qui lui avait été donnée. Elle ne savait pas à quoi ressemblait un fusible, elle ne savait pas comment elle allait faire pour en trouver un… mais elle était déterminée à arrêter ce vacarme, à montrer à son père qu’elle pouvait être utile à la caserne malgré son bas âge.

La brune accueillit la réplique de Logan avec une mine agacée. Merci Captain Obvious, j'avais cru comprendre qu'elle était en marche, cette putain d'alarme, avant que le courant ne soit coupé ! Mais en réalité, elle était plus en colère contre leur infortune que contre son ami. Ils s'étaient mis d'accord pour remettre le générateur en marche, Logan n'avait été que l'exécutant et, pas de chance, il était visiblement écrit que cela se passerait mal.

Joy et Eulalie ne tardèrent pas à les rejoindre, toutes aussi perturbées par ce bruit qu'elle l'avait été. Quoi que la rousse paraissait un peu plus perdue que la petite. Un comble, quand même ! Alex espérait qu'elle assurerait pour la suite des événements, parce que des rebondissements, ils n'allaient pas en manquer ! Non pas qu'elle ait possédé un don de prémonition quelconque. Des oreilles suffisaient. Maintenant que ce sifflement gênant avait quitté ses tympans, elle entendait clairement les bruits des walkers se rapprochant de la caserne. Logan et elle échangèrent une oeillade aussi tendue qu'entendue. Il n'était pas question qu'Eulalie approche de ces monstres, cela allait sans dire. Et comme il fallait absolument trouver où était la faille dans le système, quelqu'un devrait accompagner l'enfant jusqu'au tableau de fusibles.

En d'autres termes, chacun savait ce qu'il avait à faire.

Empoignant fermement sa hache, elle emboita le pas à Logan. Une fois qu'ils furent suffisamment éloignés de la vue d'Eulalie et de Joy, elle dégaina son Five-Seven. Elle aurait préféré son fusil, malheureusement, ce dernier se trouvait dans la salle principale, où elle l'avait laissé en prenant son tour de garde et retourner le chercher aurait été une perte de temps - et peut-être de vie - considérable. Naturellement, les armes à feu ne seraient utilisées qu'en dernier recours. " On prend les plus proches à revers et on accueille leurs petits copains un par un jusqu'à ce qu'on ne puisse plus les contenir. A moins que tu aies une autre suggestion ? " Alex n'était pas toujours aussi laconique, aussi brusque ou défaitiste. Sauf que le temps pressait et qu'elle n'en avait pas pour les ronds de jambes. En dire le plus en un minimum de secondes. Agir. Vite. Parce que déjà, l'alarme se remettait à hurler.

Hors Jeu:

L’alarme s’était arrêté, le calme était revenu… du moins, c’était ce qu’Eulalie pensait. C’était ce qu’elle croyait, ce qu’elle se disait pour se rassurer. Parce que non, les nombreux rôdeurs, les tapotements contre les murs, les grognements n’étaient pas fictifs, imaginaires. Ils étaient bien présents là-dehors, et s’ils ne faisaient pas quelque chose, l’intégralité des membres de la caserne n’allaient pas tarder à se faire manger tout cru. Eulalie écouta attentivement les consignes de son père, hochant la tête pour faire mine de comprendre chacun de ses mots. Elle allait devoir, avec Joy, essayer d’éteindre à nouveau l’alarme à l’aide des nombreux fusibles. Mais… C’était quoi un fusible ? Eulalie se sentait déjà dépassée par les évènements mais elle ne se faisait pas de soucis, elle était avec Joy. Elle allait mieux lui expliquer, avec des mots plus simples ce qu’elle allait devoir faire.

Sans plus attendre, Eulalie partit main dans la main avec sa nouvelle amie vers le panneau électrique près duquel elles allaient pouvoir commencer la mission qui leur avait été donnée : éteindre l’alarme qui attirait tous les rôdeurs du coin. Comme Joy le lui indiqua, la petite fille approcha sa main du bouton de la génératrice puis attendit son avertissement pour appuyer sur celui-ci. À l’instant même où ses petits doigts le poussèrent, l’alarme se remit à hurler… et Joy commença sa tâche, baissant à chacun son tour les fusibles. Le premier, le deuxième… rien, il ne se passait rien et le vacarme était revenu, hurlant dans les oreilles de la petite chose toute fragile qu’était Eulalie. Puis… après quelques secondes, plus rien. Le calme revint, et Eulalie se mit à sourire fièrement, tapant dans la main de son acollyte. « On a réussi, ouais ! »

La gamine prit quelques secondes pour souffler et reprendre ses esprits. Certes, elle n’avait pas fait grand-chose pour aider Joy mais pour Eulalie, c’était quelque chose d’énorme… Elle avait servit à quelque chose, et ça lui avait plu. Les filles furent rapidement sorties de leur petit moment de répit par les grognements et les cris qu’on pouvait attendre à l’extérieur. La petite brune suivit donc silencieusement et attentivement la rouquine à l’étage, où elle la mena à une petite fenêtre. Eulalie, voyant que Joy allait passer la première la poussa doucement, prenant sa place. Elle escalada l’appui de fenêtre puis se glissa nerveusement à l’extérieur, voulant voir son père en vie. Elle sauta doucement sur le toit, cherchant son père du regard autour d’elle. Joy n’existait plus pour elle, à ce moment-là. Elle était totalement concentrée sur son père. Il était au sol, mais il y avait tant de mouvement… Des rôdeurs, de nouveaux survivants… Oh, si ! Elle finit par le voir. Pour l’aider avec le survivant qui lui faisait face, elle se débarassa rapidement de l’une de ses chaussures puis la jeta pile sur le crâne du monstre qui attaquait son papa, celui-ci se retournant pour chercher du regard la personne qui lui avait jeté cette petite chaussure rose. « Vite, papa ! Plante sa tête ! » lui criait Eulalie, à peine gênée par les mots qu’elle employait. Elle en avait vu, oui, depuis son arrivée à l’hôpital… Pleins de choses qu’un enfant de son âge ne devrait pas avoir à voir.

"Brianna". Ce surnom avait fait grimacer Brian, qui s'était pourtant laissé faire sans résistance lorsque Maggie avait commencé à lui appliquer ces... bon sang, le garagiste ne voulait même pas donner un nom à la substance qu'on lui appliquait sur cette sorte de drap et sur son visage.
Rapidement, le quatuor fut recouvert des entrailles des choses et ils sortirent. Juste avant d'ouvrir la porte, Brian les regarda tour à tour et lâcha, bêtement, peu rassuré par la situation qui arrivait :

- Au fait, si on meurt. Pour info, je m'appelle Brian.

Pourquoi avoir dit ça ? Il n'en avait aucune idée. Brian regarda Maggie droit dans les yeux, voulant lui montrer une dernière fois combien il l'aimait avant de se laisser porter par le mouvement.
Et ça marchait ! Les morts-vivants ne les remarquaient pas tandis qu'ils avançaient à pas lents et silencieux vers la caserne qu'ils avaient repéré un peu plus tôt. L'alarme avait reprit, ainsi que la marche des choses qui avançaient par groupe. Brian capta le signe de la brune et l'observa balancer son marteau dans le crâne d'un des mort-vivants.

Pas très confiant sur ce point, le mécanicien eut un temps d'arrêt. Il craignait qu'ils ne se fassent repérer à faire ces mouvements trop brusques et leurs accoutrements de fortune ne leur seraient d'aucune aide. Il en était en proie à ces questionnements, plus proche que jamais des portes rouges, quand il l'entendit. Une petite voix enfantine, qui appelait son papa. Levant les yeux au ciel, Brian vit avec stupeur une petite fille qui venait de balancer un objet ainsi qu'une rousse vers le toit de la caserne. Choqué, il observa la gamine et regarda dans sa direction. Le trentenaire vit alors un homme à la hache, surpris par le geste de l'enfant, a deux doigts de se faire mordre par un de ces zombies... Sans réfléchir, Brian se précipita, se creusant un passage dans la foule de rôdeurs, créant ainsi un nouvel intérêt à ces choses, et balança sa clé dans la tête de l'infecté qui avait des vues sur l'homme à l'allure impressionnante. Pas digne d'un Bobby, mais sacrément musclé. Brian lui jeta un ultime regard, yeux dans les yeux, avant de se retourner et de continuer le travail qu'avait commencé leur accompagnatrice un peu plus tôt.
L'alarme venait de s'arrêter et les rôdeurs se tournaient désormais vers la chair fraiche qui n'était plus aussi protégée qu'avant. En un hurlement, Brian abattit sa clé sur une chose, une fois, deux fois, trois fois. Sans rechigner à la tâche, il continua et répéta son geste, ne sachant où se trouvait exactement Maggie ni de ce qu'il advenait de ses accompagnateurs.

Maggie lança un regard de glace à Brian lorsqu'il se présenta au cas où ils finiraient par mourir au milieu de tous ces infectés. Par ce regard, elle essayait de lui faire comprendre que quoi qu'il arrive, il survivrait. Car peu importe les dangers qu'ils affronteraient, si l'un d'eux devait survivre ce serait lui. Elle ne permettrait pas le contraire.
Le groupe décida finalement d'affronter l'extérieur et à leur grand soulagement, le plan fonctionnait. L'odeur des cadavres qu'ils portaient leur assurait une bonne couverture. Ils se déplaçaient parmi les rôdeurs comme s'ils étaient des leurs. Boitant, rampant et grognant si nécessaire.
Ils arrivèrent enfin aux alentours de la caserne et au grand désespoir de Maggie, la brune décida qu'il était temps d'attaquer. En croisant le regard du géant, Maggie comprit que lui aussi ne semblait pas enchanté par cette idée. Il leur désigna alors, Brian et elle, les systèmes antivols des voitures. Ce n'était pas une mauvaise idée, cela pourrait détourner l'intention des rôdeurs. Mais si l'alarme de la caserne s'éteignait, les rôdeurs serait toujours attiré dans le coin. Maggie ne savait pas quoi faire et n'eut pas le temps de décider quand elle vit deux individus les rejoindre pour combattre les infectés. Elle n'eut d'autres choix que de se joindre au massacre bien qu'en son fort intérieur, elle n'était pas ravie de voir d'autres humains. Aujourd'hui, elle en croisait bien trop.
Son regard fut attiré au dessus d'elle quand elle entendit une voix de petite fille. Son cœur se serra en voyant une enfant de l'âge d'Emilie. Depuis la mort de cette dernière, Maggie n'avait pas vu beaucoup d'enfants dans cette apocalypse et à chaque fois, sa douleur s'intensifiait. Elle détourna le regard et reprit son combat pour ne pas être distraite, utilisant la rage qu'elle ressentait.
Mais plus les secondes passaient, plus Maggie ne voyait pas l'intérêt de se battre. A quoi bon, d'autres rôdeurs ne cessaient d'arriver malgré la coupure d'alarme. Alors la blonde éleva la voix :
- Ça ne sert à rien, d'autres vont continuer à arriver! On doit se mettre à l'abri et trouver une diversion!
Si c'était possible. S'ils avaient réussi à faire redémarrer une caserne, le groupe avait du prendre toutes les ressources possibles du voisinage. Maggie pensait bien faire démarrer une voiture avec son alarme allumé, comme l'avait pensé Bobby, mais toutes les voitures ne devaient plus contenir une seule goûte d'essence.

La gamine observait le spectacle du haut du toit, fière de son action. Elle avait aidé son père à tuer l'un de ces monstres, et pratiquement tous les survivants l'avaient regardée comme si elle était une déesse... ou une imbécile qui venait de perdre l'une de ses chaussures. Elle ne réagit cependant pas à leurs regards, concentrée sur les gestes de son père qui risquait sa vie en bas. "Allez, papa ! Ouais !" criait-elle en voyant son père éclater l'un des morts vivants, ne s'occupant que de lui. Parce qu'à ses yeux, c'était le plus important. Tant qu'il ne lui arrivait rien, tout irait bien... Enfin, c'est ce qu'elle se disait.

Elle tomba immédiatement sur les fesses, manquant de glisser du toit. Elle avait les larmes aux yeux, ses membres tremblaient... Elle était terrifiée. Elle venait de voir, pour la première fois de sa vie l'un des inconnus se faire violemment mordre par l'un des rodeurs... Ses hurlements, ce sang qui coulait... Elle se souviendrait de la scène durant toute sa vie, elle le savait très bien. Et même si elle n'avait que neuf ans, elle savait malheureusement ce qu'il allait lui arriver.

Complètement paniquée, elle se redressa rapidement, à quatre pattes puis elle escalada à nouveau seule le toit pour rejoindre Joy et venir passer ses bras autour de sa taille, collant sa tête contre son ventre, la voyant tenir deux seaux. Voyant que Joy se voulait rassurante, Eulalie arbora un léger sourire forcé puis elle saisit l'un des outils que lui tendit la jeune rousse, puis elle se mit à l'imiter, tapotant elle aussi sur son seau, ce qui bien sûr fit se retourner les rodeurs, enfin certains... Puis tout se passa assez rapidement. Les survivants entrèrent uns par uns dans la caserne, et Eulalie saisit directement la main de la jeune rousse pour la suivre jusqu'à son père. "Je te suis." lui annonça-t-elle d'une petite voix, escaladant à nouveau la petite fenêtre qui les mena à l'intérieur.

Sans lâcher la main de la jeune femme, elle descendit rapidement les escaliers du bâtiment pour rejoindre le petit groupe qui se trouvait dans l'entrée... La première chose que fit l'enfant fut de sauter dans les bras de son père, sans réfléchir ou non au fait qu'il pourrait peut-être être occupé à faire autre chose... Elle s'en fichait, elle n'y pensait même pas en fait. Elle voulait juste être rassurée, parce que c'était le rôle de son père de le faire.

Le combat continuait, vivants versus mort-vivants. Et Brian n'avait clairement pas le sentiment que cette bataille allait prendre fin un jour. Sa soeur devait le rejoindre sur cette pensée car elle se manifesta alors, plus proche de lui et de l'autre homme, qui était accompagné d'une femme que Brian n'avait pas aperçu alors. Elle proposa de se mettre à l'abri, et Brian acquiesça d'un signe de tête tandis que l'homme musclé regardait Maggie.
Puis tout se passa très vite. Maggie qui lançait un regard vers lui, Brian qui lui rendait son regard, l'apparition d'un rôdeur juste derrière elle et un nouveau venu qui s'interposa et se fit mordre.

Sous les hurlements du jeune homme, le garagiste tira brutalement Maggie près de lui et s'exclama, presque apeuré de perdre sa soeur :

- MAGGIE ! Tu n'as rien ?

Une fois rassuré sur l'état de santé de son aînée, Brian lança un regard au survivant qui avait sauvé la vie de Maggie. Il n'eut pas le temps de dire un mot qu'un bruit retentit. Levant les yeux pour voir la gamine et la rousse s'agiter, le groupe profita de cette diversion pour rentrer à la caserne. Brian ne quittait pas Maggie d'une semelle, balançant sa clé autour de lui, frappant parfois du vide parfois non. Bien sûr, entre temps il avait entendu la proposition de la brune et le ton sec de ce qui semblait être le chef de la caserne répondre par la négative. Et Brian ne savait que faire. L'homme avait sauvé la vie de Maggie, il ne méritait pas de finir en appat. Mais d'un autre côté, il fallait trouver une solution, et vite, car les choses ne cessaient d'affluer. Il lança un regard indéchiffrable à Maggie, ne sachant trop ce que sa soeur penserait de cette histoire, puis décida de prendre le parti du chef et se positionna à ses côtés, tandis que l'inconnu avait quitté l'entrée sans doute pour profiter de ses derniers instants loin de cette discussion :

- Il a raison. Cet homme a sauvé ma soeur. Il en a fait suffisamment ! Il ne mérite pas qu'on l'utilise encore une fois comme appât pour ces choses. Je... Je ne suis pas pour ce genre d'idée, c'est monstrueux de penser ainsi.

Brian risquait gros en pensant ainsi. Il ne savait pas quel était le point de vue de Maggie, et il était persuadé que la brune était bien plus dangereuse qu'eux tous réunis. Mais cependant, il ajouta, plus haut, d'une voix douce et presque murmurée alors que l'enfant et son accompagnatrice rejoignaient le groupe, et parce qu'ils savaient tous ce que signifiait une morsure :

- Cependant... On sait tous ce que ça implique. Il ne va pas survivre bien longtemps.

Rien de tout ça ne serait arrivé s'ils s'étaient tenus loin des autres humains. S'ils n'avaient pas été lancés contre leur gré dans cette affaire suicidaire, Maggie n'aurait pas failli mourir par une stupide morsure. Mais à cause d'un stupide groupe ayant déclenché une alarme, les Rendell s'étaient retrouvés dans cette désastreuse situation. Un infecté avait failli avoir la peau de Maggie. Mais c'était un inconnu qui l'avait sauvé, qui avait pris le coup pour elle. Pendant un quart de seconde qui paru une éternité, la blonde avait vu le brun s'interposait entre elle et le danger. Sur le moment, elle n'avait su comment réagir. Être soulagée? Choquée? Triste? En colère? Malheureusement, cette dernière émotion avait été la bonne, comme à chaque fois que quelque chose ne se déroulait pas comme le voulait la blonde.
Elle ne prit pas même la peine de répondre à Brian qui s'inquiétait de son état. Ils décidèrent alors de se mettre à l'abris. Elle frappa contre tous les infectés qui barraient leurs routes jusqu'à la porte, comme pour évacuer toute la rage qu'elle contenait. Mais bien sûr, c'était inutile. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'arrivait plus à évacuer cette émotion.
Elle écoutait ce qu'il se disait tout en observant la caserne, l’œil mauvais. L'expérience de cette journée ne venait que confirmer ses pensées. Rejoindre un groupe était une idée stupide qui les mettrait en danger. Une fois que tout ceci serait fini, elle emmènerait son frère loin de toutes ces personnes. Qu'elle ait été en danger est une chose, mais si cela avait été Brian à sa place, Maggie ne savait comment elle aurait réagit.
Elle entendit alors Brian montrer son accord avec ce qu'avait dit le leader du groupe quant au commentaire de la brune qui les avait accompagné jusqu'ici. Cette dernière avait proposé d'utiliser le sauveur de Maggie comme distraction. Le regard mauvais, Maggie lança :
- Peut-être que c'est toi qu'on devrait utiliser comme distraction.
En rajouter une couche n'était certainement pas la meilleure manière d'apaiser la situation mais la blonde avait besoin de se décharner. Elle était en colère et elle le faisait savoir. En colère contre cette foutue caserne, en colère contre ses habitants, en colère d'avoir manqué d'attention ce qui aurait pu lui être fatal et en colère qu'un inconnu meurt par sa faute. Celui-ci était partit se réfugier quelque part sans même qu'elle n'ait eu le temps de lui parler. A vrai dire, peu de chance qu'elle ne lui aurait adressé la parole et ce même pour le remercier. Il aurait du sauver sa peau au lieu de celle de la journaliste.
- On perd du temps à parler. cracha-t-elle à nouveau. Coupez son bras, avec un peu de chance ça évitera que le reste de son corps soit infecté. Sinon, faudra l'achever. A moins que vous ne préfériez avoir un infecté comme colocataire.