S’il fut un temps ou abandonner était une solution envisageable pour Gemma, à présent elle est une battante. Lorsqu’elle veut ou qu’elle se bat pour quelque chose, Gemma persévère et fais tout son possible pour atteindre son objectif. Ce qui peut être un défaut aussi. En effet, rien ne peut l’arrêter, peu importe si cela la met en danger. En particulier lorsque ses proches ont des problèmes. Si l’un d’eux est en danger, Gemma n’hésitera pas à accourir pour l’aider. Elle est loyale envers ceux qu’elle aime et est surtout protectrice envers eux. Aussi, cette détermination peut la pousser à se rebeller. Ce ne serait pas la première fois que cela arrive. En effet, Gemma a toujours eu un côté rebelle. Lorsqu’on lui donne des ordres ou règles qu’elle n’estime pas justes, elle n’hésitera pas à les enfreindre. Cela témoigne également de son courage même si parfois son manque de confiance en elle refait surface, ce qui peut la déstabiliser grandement. En effet, les épreuves qu’elle a eues à traverser dans sa vie l’ont fragilisée et on peut alors découvrir que Gemma, sous ses impulsivités et parfois même sa violence, est au fond une fille sensible et douce. Enfin, elle sait être habile avec les mots qu’elle utilise. Si elle cherche à faire passer un message ou convaincre une personne, elle saura choisir les mots qui conviennent.

Sa tête dépassait du rideau, observant la salle qui se remplissait petit à petit des familles des danseuses. Son regard passait d’une tête à l’autre. Mais ils n’étaient tous que des inconnus.
- Gemma !
La petite sursauta et se retourna. Sa professeur de danse la rejoignit et lui prit la main pour la guider vers les autres petites filles qui s’agitaient, toutes impatientes de commencer le spectacle.
- Le public peut te voir. Attend avec les autres, le spectacle va bientôt commencer.
- Mais mes parents ne sont pas là ! s’exclama Gemma d’une voix plaintive.
Sa professeur la regarda un instant avec un petit regard triste.
- Écoutes, je vais demander à ce qu’on attende cinq minutes de plus, d’accord ?
- Merci ! Je suis sûre qu’ils vont bientôt arriver.
Mais ils n’arrivèrent qu’à la fin du spectacle, pour rechercher leur fille qui les avait attendus toute la soirée. Et alors qu’elle faisait sa dernière danse, ils n'eurent pas un seul regard pour elle mais pour un autre parent qui devait probablement être quelqu’un de plus intéressant.
Ce moment de sa vie pouvait résumer à lui seul la relation que Gemma avait avec ses géniteurs. La famille Hudson était fortunée depuis plusieurs générations à présent. La petite fille n’avait manqué de rien si ce n’est d’attention et d’amour. En effet, tout ce qui importait à sa famille était les apparences. Gemma eu alors à bien se comporter auprès des autres. C’était tout ce que ses parents lui demandaient. Alors les premières années de sa vie, elle fit tout ce qui était en son pouvoir pour gagner leur amour et leur reconnaissance. Elle étudiait avec acharnement, faisait tout pour être la meilleure à ses cours de danses, de gymnastique et d’équitation, et se comportait comme la petite fille parfaite aux fêtes auxquelles elle assistait avec M. et Mme Hudson. Mais ce ne fut jamais assez pour attirer leur attention. Alors à l’adolescence, Gemma en eu assez et commença à se rebeller.
A quoi bon faire des efforts s'ils ne se souciaient pas d’elle une seconde ? A l’école, ses notes commencèrent à baisser. Elle commença même à faire des bêtises avec ses camarades pour se récolter des punitions et ainsi voir ses parents obligés de se déplacer. Car oui, si elle ne pouvait pas attirer leur attention en bien, autant le faire en mal. Leurs relations s’envenimèrent mais Gemma continua car de plus en plus, à leur plus grand désarroi, ils étaient obligés de s’occuper d’elle ne serait-ce qu’un peu.
Malheureusement, ça ne les fit pas réagir. A aucuns moments ils comprirent les intentions de Gemma et pas même lorsqu’elle leur dit à voix haute. Pour eux, elle se comportait comme une enfant, voilà tout. Alors Gemma continua de se rebeller, cette fois-ci pour énerver ses parents le plus possible. Elle vola, elle fuma et commença à voir de plus en plus de garçons. Jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse de l’un d’eux. Il était beau, intelligent et plus âgé qu’elle. Elle sortait en cachette la nuit juste pour être avec lui. Elle se sentait libre, invincible et enfin heureuse. Jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte. Elle n’avait alors que 16 ans.
Malheureusement pour elle, ses parents l’apprirent avant son petit copain. Tout de suite, et ce malgré les croyances de la famille, l’avortement fut exigé. Cependant, il était trop tard pour cela et Gemma voulait voir l’être qu’elle avait conçu avec celui qu’elle aimait voir le jour. Elle savait pourtant qu’elle ne le garderait pas. Ses parents ne l’y autoriseraient pas et de toute manière, même elle ne se sentait pas capable d’élever un enfant alors qu’elle n’avait que 16 ans. Et elle avait peur de devenir comme sa propre mère.
Très vite et ce sans qu’elle ne puisse rien y faire, Gemma fut retirée de son lycée et envoyée chez sa grand-mère sans qu’elle ne puisse prévenir personne. Il avait été décidé qu’elle y resterait le temps de sa grossesse et qu’elle y suivrait des cours par correspondances. Les Hudsons ne voulaient surtout pas que sa grossesse se sache, ce serait une honte pour la famille et les gens parleraient. Alors elle fut retenue prisonnière avec sa grand-mère qui n’était guère plus attentionnée que ses parents. Elle n’avait aucun moyen de communication : ni internet, ni portable. Elle n’avait pas même eu le droit d’envoyer de lettres. Comme si tout à coup, elle s’était retrouvée au Moyen Âge. Une fois pourtant, elle réussit à s’échapper de sa prison pour rejoindre la ville et appeler son petit ami. Au téléphone, il ne fut guère surpris de l’entendre ce qui étonna Gemma qui s’était imaginée qu’il se serait inquiété. Elle lui expliqua sa situation et que lui répondit-il ? Que cette situation était pour le mieux. Qu’ils étaient bien trop jeunes pour élever un enfant et que de toute manière, ils n’étaient pas ensemble. Gemma reçut comme un coup de massue sur la tête. Celui qu’elle avait tant aimé et à qui elle avait tout donné avait déjà tourné la page et n’avait jamais ressenti les mêmes sentiments. Elle revint chez sa grand-mère qui lui passa un savon et passa le reste de sa grossesse dans le noir.
Puis elle accoucha d’une petite fille. Ce fut à la fois l’un des moments les plus heureux de sa vie mais également le plus malheureux. Au moment même où elle la porta dans ses bras, Gemma voulut garder la petite et l’élever. Très vite pourtant, sa famille lui rappela toutes les difficultés qu’elle aurait et ses vieilles peurs revinrent. La petite ne pouvait pas grandir au sein de cette famille de pourrie, elle ne l’accepterait pas. Alors les parents adoptifs qu’elle avait choisi pour son bébé, leur bébé, emmenèrent la petite avec eux. Ce fut la dernière fois que Gemma la vit.
Elle revint enfin chez ses parents et retrouva ses amis qui pensaient tous qu’elle avait voyagé, c’était ce qu’avaient dit sa famille. Son état s’aggrava un peu plus. Tout était exactement comme avant mais en plus de ça la vie l’avait contrainte à se séparer de son enfant. Alors elle tomba dans une dépression que ses géniteurs remarquèrent lorsqu’elle fit une tentative de suicide. Peut-être cet acte aurait pu être l’élément déclencheur pour les bouger mais il n’y avait eu aucuns changements. Leur seule réaction fut la honte. Qu’allaient-ils pouvoir dire à leur entourage ? Ils ne pouvaient cacher ça comme la grossesse de Gemma ! Ils l’envoyèrent voir un psychologue, expliquant à ceux que ça intéressaient que seul l’état de Gemma leur important. Si seulement cela avait été vrai.
Néanmoins, Gemma alla un peu mieux. Ses séances de psychologue l’aidaient étonnamment et c’est ainsi qu’elle passa le reste de sa scolarité plus calmement. Puis elle partit à l’université. Ses parents voulaient la voir faire de grandes études de médecine, de droit ou encore d’économie. Mais bien évidemment, Gemma n’était pas de cet avis. Alors elle fit des études de littérature, quelque chose qui lui plaisait vraiment. Lors de ses années universitaires, c’est à peine si elle eut des contacts avec sa famille, ne serait-ce que pour se montrer auprès d’eux lors de grandes occasions où sa présence était exigée pour faire bonne impression.
A la fin de ses quatre années universitaires, ses parents n’avaient toujours pas accepté son orientation. Alors, ils jugèrent que si elle n’aurait pas de carrière, elle pourrait au moins se trouver un époux de bonne famille. Ils lui trouvèrent un homme qui était destiné à devenir un brillant avocat. Sans trop savoir pourquoi, elle accepta de le voir et de le fréquenter. Elle se convainquit qu’elle l’aimait et accepta même de l'épouser. Pour la première fois de sa vie peut-être, les Hudsons étaient satisfaits d’elle. Pas fiers, cela aurait été trop beau. Et plus le mariage approchait et plus Gemma doutait. Elle appréciait l’homme qui partageait sa vie mais ils avaient des défauts semblables à ceux de ses parents qui la repoussaient. Tout comme eux, il faisait beaucoup attention aux apparences et l’argent important beaucoup. A quelques jours du mariage, Gemma se rétracta et rompu. Elle ne voulait pas passer sa vie à devoir mettre les apparences et l’argent au premier plan. Ce n’était pas ce qu’elle voulait.
Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase, ses parents lui donnèrent de l’argent et lui intimèrent de ne plus jamais chercher à leur adresser la parole. Qu’elle avait déshonoré sa famille et que par conséquent, elle n’était plus leur fille.
Gemma quitta Détroit et s’installa dans une petite ville voisine avec le peu d’affaire qui lui restait. Du jour au lendemain, elle avait perdu son fiancé, sa famille et la fortune qui allait avec. Il lui fallait très vite trouver un nouvel emploi si elle voulait subvenir à ses besoins. Par chance, elle trouva un poste de surveillante dans un lycée. Elle n’avait jamais rêvé de ce poste mais étrangement, elle l’appréciait. Elle aimait pouvoir aider ses jeunes élèves sachant combien il était important de les soutenir dans cette période de la vie. Elle savait très bien à quel point cela pouvait être difficile.
Pourtant, elle n’arrivait pas à s’épanouir complètement dans cette nouvelle vie. Bien sûr elle n’avait plus à se battre pour l’amour de ses parents mais d’une certaine manière, elle se rendait responsable de sa situation. Elle culpabilisait. Si elle avait fait les choses autrement, peut-être aurait-elle réussi à gagner leur affection. C’était ce qu’elle se disait jusqu’à ce qu’elle revoit Seth.
Gemma avait connu Seth à l’université. Tous deux avaient des amis en communs et étaient donc sortis plusieurs fois ensemble. Pourtant, ils n’avaient jamais vraiment discutés tous les deux jusqu’à cette dernière soirée université où toute la nuit, ils restèrent ensemble à discuter, rigoler et se confier l’un à l’autre. Ils s’étaient quittés à regret car tous deux savaient que si cela n’avait pas été la fin de leurs études, ils auraient fini par être en couple. Gemma avait alors su au fond d’elle qu’elle avait raté quelque chose qui aurait pu être important pour sa vie. Ils avaient échangés un baiser puis s’étaient perdus de vue.
Jusqu’à ce qu’ils se revoient par hasard. Gemma découvrit alors que Seth n’avait jamais habité très loin d’elle. Ils avaient l’opportunité de vivre ce qu’ils avaient peut-être ratés ensemble. Deux années plus tard, Gemma devenait Madame Agron. Elle était enfin aimée. Jamais elle n’avait été aussi amoureuse de quelqu’un et Seth avait restauré sa confiance en elle. A tel point qu’il l’encouragea à publier ses écrits qu’elle avait alors toujours gardés pour elle. Car oui, si Gemma s’était lancée dans des études de littérature ce n’était pas pour travailler dans les métiers du livre mais parce qu’elle avait toujours aimé écrire. Alors elle tenta sa chance et envoya son manuscrit à plusieurs maisons d’éditions. L’une d’entre elle le retint et un an plus tard, Gemma voyait son livre dans les vitrines des librairies. Dans ce premier livre, elle y dénonça la vie bourgeoise sous forme de fiction, elle connaissait tellement bien ce milieu. Quelques années plus tard, elle publia un deuxième livre, cette fois-ci sur les difficultés qu’on pouvait rencontrer à l’adolescence. Gemma avait tout pour être heureuse. Un mari aimant, un métier qu’elle appréciait – elle était à présent professeur de littérature – et elle avait même réussi à devenir auteure. Mais l’apocalypse survint.
Gemma et Seth, unis, apprirent à survivre dans ce nouveau monde. Cet enfer leur était supportable parce qu’ils étaient toujours ensemble. Tant qu’ils n’étaient pas séparés, ils voulaient croire qu’ils s’en sortiraient. Ils avaient même rejoints un groupe pendant quelques semaines jusqu’à ce que celui-ci ne parte en éclat à cause d’une horde de ces monstres. Ils s’en sortaient bien tous les deux. Jusqu’à ce qu’ils ne croisent le chemin d’un homme.
Gemma et Seth avaient trouvés une cabane dans les bois où ils avaient élus domicile pendant la grande période de froid qui s’était abattu sur la ville de Detroit et ses alentours. Cette cabane les avait protégés et ils comptaient y demeurer. A l’écart de la ville, le couple n’avait croisé que quelques rôdeurs. L’endroit était donc parfait pour survivre et espérer y vivre quelques semaines de plus. Mais ils n’étaient pas les seuls à qui le lieu plaisait. Un homme arriva un matin et les menaça. Soit ils partaient sains et saufs en leur donnant toutes leurs affaires, armes et nourritures, soit l’un d’eux allait payer le prix. Seulement, ils comprirent que ce n’était pas tout. L’homme voulait également Gemma et ça, Seth ne le permettrait pas.
Ils se battirent du mieux qu’ils le purent contre l’homme mais ce ne fut pas assez. Si Gemma réussit à le faire fuir après lui avoir lacéré le visage grâce à son poignard, Seth avait reçu quant lui la lame d’un poignard dans le ventre. Les infectés, alertés par les cris de fureurs et de douleurs, apparurent alors en masse près de la cabane. La porte ayant été brisée dans l’assaut, l’endroit n’était plus un lieu sûr. Seth, qui saignait abondamment, demanda à Gemma de le laisser ici. Il ne servait à rien de l’emmener avec lui et jamais elle ne pourrait se battre contre tous ces infectés. Et à quoi bon ? Puisqu’il ne survivrait pas. Gemma, paniqué et dévastée, tenta de l’en dissuader et insista pour rester à ses côtés jusqu’à la fin. Mais il lui fit promettre de se battre quoi qu’il arrive. Il ferma alors les yeux et Gemma sut que c’était la fin. De rage, elle abattit les rôdeurs qui s’approchaient, résistant. Mais bientôt, ils furent trop nombreux pour elle. Vainement, elle tenta de faire un barrage avec tout ce qu’elle trouvait pour empêcher les rôdeurs d’entrer dans la désormais tombe de son mari. Elle n’eut ensuite d’autres choix que de quitter les lieux et de laisser le corps de son mari derrière. Elle fit le plus de bruit possible pour attirer les rôdeurs après elle, qu’ils se détournent de la cabane.
Elle ignora combien de temps était passé mais son corps lâchait prise par tant de fatigue. Elle avait semé plusieurs rôdeurs mais tôt ou tard elle savait que la horde finirait par la rattraper si elle s’arrêtait. Utilisant le peu de force qu’il lui restait, Gemma grimpa sur un camion abandonné et se laissa tomber sur le toit. Elle perdit connaissance.
Elle se réveilla enfin quand elle entendit du bruit autour d'elle. Des rôdeurs, ceux qui s'étaient amassés autour du camion cherchant à l'atteindre, mais également des sons humains. C'est ainsi qu'elle tomba sur un groupe de survivants installé dans un hôpital. Elle les laissa l'emmener, trop épuisé pour résister ou faire quoi que ce soit. Elle n'avait de force que pour penser à sa vengeance. Elle l'aurait.