Arme : Un tournevis
Objets utiles : Une couverture, une lampe de poche
Objets rares : Une tablette de chocolat, de l'aspirine, une flasque d'alcool
Véhicule : Une vieille peugeot 504 Break
Possessions personnelles : Son stéthoscope, un bracelet offert par une patiente, quelques plaquettes de son médicament contre sa maladie.

Pour plus de précisions sur la manière de remplir votre inventaire, rendez-vous [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].

A première vue, Heather est la douceur incarnée. Un sourire bienveillant plaqué sur le visage, un visage concentré et sérieux : c'est la parfaite petite infirmière qui prend son boulot très à coeur et qui se soucie réellement de ses patients. Et comment ne pas le faire pour Heather ? Elle-même est malade, et elle aurait aimé qu'on s'occupe d'elle comme elle le fait avec ses patients. Au fond, Heather est quelqu'un qui se sent très seule et incomprise. Du fait de sa bipolarité, si elle ne prend pas son traitement, elle peut-être sujette à de violentes crises de nerfs et de dépression. Pendant une longue période elle sera euphorique, voire hyperactive, avant de tomber dans une phase de dépression.  Plus d'une fois, elle a songé au suicide et failli passer à l'acte. C'est cette grande faiblesse, ce vide au fond d'elle qui l'a poussé à devenir dépendante. Malheureusement, ce n'est pas à quelqu'un qu'elle s'accrochait mais à des substances illicites qui la firent perdre pied petit à petit. Heather est quelqu'un de généreux, mais au passé tourmenté : rejetée par ses proches à cause de sa maladie, sans cesse à la recherche de sa famille biologique, elle est quelqu'un de brisé qui ne trouve pas sa place dans le monde. Elle a besoin de se sentir aimée et surtout comprise pour être bien dans sa peau. Elle a de l'affection à revendre mais se force à se construire une carapace pour ne pas finir blessée par les autres ou pour ne pas se blesser elle-même ou ses proches.

*** PAST ***

Adoptée tout bébé, ça n'a jamais été un secret pour Heather de savoir qu'elle ne vivait pas avec sa famille biologique. En même temps, quand on est noir de peau et qu'on a des parents blancs, ça a de quoi mettre la puce à l'oreille.
Pour autant, ça n'a pas été facile de vivre ce fait pour la jeune fille : moquée de la part de ses camarades à cause de ses origines, Heather n'arrivait pas à se faire des amis et s'est renfermée dans le travail, l'école étant la seule chose qui lui permettait d'oublier parfois la méchanceté du monde. Oh, on ne peut pas dire qu'elle était solitaire et n'avait aucune connaissance : mais son cercle d'amis était très fermé, et son attitude assez changeante avait de quoi agacer les enfants et adultes de son entourage.

On aurait pu dire qu'Heather avait une enfance calme. Son sourire éclatant et ses petites fossettes faisaient très vite oublier que parfois elle faisait des crises à en faire hurler les parents et à lever la main plus souvent que nécessaire. Finalement, après le lycée qui lui en fit voir de toutes les couleurs, Heather décida d'elle-même de s'éloigner de tout ce qu'elle connaissait. Elle partit à l'université, du moins c'est ce qu'elle prétendit pendant de longs mois. En réalité, elle avait été refusée à l'université spécialisée dans la recherche scientifique, et ne sachant alors vers quoi se tourner, Heather choisit d'habiter à Detroit et de trouver quelque chose sur place. C'est à cette période, où elle débuta ses premiers pas d'adulte autonome, qu'elle connu les plus grandes difficultés de sa vie : enfin c'est ce qu'elle pensait. Sans argent, sans emploi, elle se retrouva très vite à la rue. Elle fut obligée de squatter pendant les deux premiers mois et malgré la tristesse de sa situation elle semblait plutôt sombrer dans la dépression que de faire des efforts pour se remettre d'aplomb. Elle rencontra quelques petits dealers de rues qui lui firent connaître la drogue : ce n'était pas grand chose, loin d'être une addiction mais cela marque déjà chez Heather un goût pour ces substances illicites, qui s'accrurent bien plus tard.

Et puis un beau jour, pendant la période de Noël elle revient chez ses parents adoptifs, sans s'annoncer. Elle ne leur avait plus parlé depuis sa soit-disant entrée à l'université. C'est à ce moment-là qu'elle fut diagnostiquée atteinte de trouble bipolaire. Se ramenant en plein milieu de la nuit, Heather avait les bras chargés de cadeau. N'arrivant pas à ouvrir la porte de son ancienne maison car elle n'avait pas les clés, elle cassa tout simplement et bruyamment une vitre, réveillant tout le monde. Se frayant un chemin jusqu'à la chambre de ses parents, elle entra brutalement avec de grands éclats de rire et se mit à déverser les contenus de ses sacs de shopping en criant Joyeux Noël à tout va. On pouvait alors décrire la jeune femme d'euphorique, d'hystérique même. Elle parlait à toute allure, criant qu'elle avait de gros projets sur les bras, sans prêter attention aux plaintes de ses parents qui ne comprenaient pas son comportement : elle allait devenir présidente, et puis elle serait également chancelière en Allemagne, sans compter qu'elle allait racheter une énorme compagnie privée... Rien n'avait de sens. Son père fut obligé la plaquer contre le mur pour essayer de la calmer mais rien n'y fit, elle continuait de rire et de parler à toute vitesse, ses paroles étant de plus en plus incompréhensibles. Finalement, sa mère se força à appeler les urgences qui lui injectèrent un calmant et l'emmenèrent à l'hôpital. Ce ne sera que quelques jours plus tard, après consultation, que les docteurs apprirent la triste vérité à la famille : Heather était bipolaire et nécessitait d'un traitement impératif.

Pendant longtemps, et surtout durant le temps que les médecins lui trouvent un traitement adapté, la vie d'Heather fut un enfer, entrecoupé de périodes opposées : pendant de longues semaines elle était plongée dans la dépression, au bord du gouffre, incapable de bouger, en proie à ce sentiment de culpabilité qui la firent plus d'une fois tenter l'irréparable : les cicatrices au niveau de ses poignets parlent pour elle, tout comme sa tendance à consommer médicaments et alcool. Et il y avait les autres périodes, comme celles de Noël où Heather changeait du tout au tout et demeurait dans cet état de "manie", de folie presque, incapable de dormir, à la fois joyeuse et irritable comme jamais.
Ses parents furent incapable de gérer ce côté de leur fille adoptive et la délaissèrent rapidement, laissant Heather seule avec ses démons.

C'est avec l'aide d'une connaissance précieuse que la jeune femme décida de prendre enfin sa vie en main. Agée alors de 24 ans, il était plus que temps pour elle de trouver un but à sa vie si elle ne voulait pas finir comme une loque. Elle entra dans une nouvelle université, afin d'acquérir son BSN (Bachelor of Science degree in Nursing). Bien plus accessible que l'institut de recherche scientifique, Heather fut tout de suite acceptée ce qui la motiva aussitôt : pendant 3 années elle bossa d'arrache-pied pour obtenir son diplôme, qu'elle eut avec succès.
A 27 ans, diplôme en poche, elle revient sur Detroit et fut recrutée par l'hôpital St John Providence.
Là encore, elle connut des hauts et des bas,même si pendant quelques années tout semblait aller pour le mieux. Elle avait beau être une infirmière douée et appréciée de ses patients; il semblait cependant y avoir comme un fossé entre elle et ses autres collègues. Souvent seule, cachant sa maladie, Heather ne cherchait pas leur compagnie bien qu'elle la désirait ardemment : elle passait ainsi pour une infirmière hypocrite, qui se faisait bien voir des patients mais qui n'avait rien à faire de ses collègues et ne partageait pas leur préoccupation. Bien sûr, il y avait toujours une ou deux infirmières qui finissaient par voir qu'elle ne jouait pas la comédie et qu'Heather était véritablement bienveillante, mais ça ne menait pas bien loin, puisque le travail à l'hôpital était énorme et que les infirmières finissaient toujours par se séparer une bonne partie de la journée. Méprisée, à tort, quasiment aucun de ses collègues ne lui prêtèrent attention et aucun ne fut capable de voir le degré de sa détresse et de sa souffrance, en grande partie dues à sa maladie.
C'est ainsi qu'il fut facile pour elle de sombrer dans la toxicomanie quand un homme, de son âge, arriva à son service et nécessitait des soins. La rencontre, imprévue, soulagea étrangement Heather qui voyait en cet homme une échappatoire : ne disait-il pas lui-même qu'il se libérait du poids du monde sur ses épaules en consommant quelques produits plus ou moins légaux ? Au moment de leur rencontre, Heather était si mal qu'elle ne réfléchit pas deux fois : elle laissa l'homme la guider dans sa descente aux enfers, indiquant quels médicaments feraient office de soulagement pour la toxicomane en herbe (sans jeu de mot ). Mais ça allait loin, bien trop loin. Plus elle découvrait ce monde de drogue, plus elle sombrait dans la dépendance. Elle arrivait à son travail non plus pour soigner ses patients mais pour se soigner elle-même, de la pire des façons qui soit. Elle fut alors surprise par ses collègues un jour où elle se piquait, et la chose s'enclencha alors : des policiers venant la chercher et la menottant devant ses propres patients, ses collègues la regardant partir, traînée de force par les représentants de la loi alors qu'elle hurlait de la laisser tranquille. Ayant déjà connu une première infraction, cette fois-ci Heather fut condamnée à deux ans de prison. Autant dire un châtiment extrême aux yeux d'Heather qui se sentait incapable de supporter une telle sanction. Bien qu'on lui promis qu'elle serait bien traitée en prison vis à vis de sa maladie, l'infirmière savait qu'elle vivrait à nouveau un enfer : un enfer différent de ce qu'elle connaissait mais qui allait la rendre folle.

Au bout de deux ans, elle sortit. Deux jours plus tard, alors qu'elle se rendait sur Detroit, l'apocalypse se déclencha. Et elle fut encore moins préparée à ce monde que lorsqu'elle arriva dans sa cellule, la peur au ventre.

*** APOCALYPSE ***

Au volant de sa vieille Break, Heather ne songeait qu'à une chose : revenir vers ce qu'elle connaissait le plus, à savoir l'hôpital pour lequel elle avait travaillé des années durant. Mais la panique était partout, les voitures roulant à contre-sens sur les routes, les piétons se précipitant sur les capots, courant dans les rues, la pagaille semée avec les pillards qui en profitaient pour casser tout ce qu'ils trouvaient. Heather savait qu'elle n'arriverait jamais à rejoindre son lieu de travail dans un tel moment de terreur générale, aussi décida t-elle de s'arrêter et de se réfugier quelque part. Elle capta alors une pharmacie dans un coin de rue et décida de s'y poser. De cette façon, elle pourrait se ressourcer en médicaments nécessaires à son traitement pour soigner la bipolarité. Puisque tout le monde pillait et que même les propriétaires fuyaient leur magasin, il n'y avait pas de raison qu'elle se retienne de remplir son stock n'est-ce pas ? Ils n'allait pas la renvoyer en prison de toute manière, hein ?

Elle doutait soudainement de son plan en entrant dans la pharmacie quand elle réalisa que la place était vidée de toute présence humaine et que la pharmacie avait déjà été dévalisée. Barricadant les portes du mieux qu'elle pouvait, elle se réfugia derrière un comptoir et fouilla les tiroirs et autres ouvertures interdites au public pour dénicher ses médicaments. Heureusement pour elle, un traitement contre la bipolarité ne semblait pas avoir été la priorité des pillards et elle put rapidement remplir un sac entier de ce dont elle avait besoin. Ce ne fut pas la seule chose qu'elle trouva. Des affaires appartenant à plusieurs personnes avaient été laissées en plein milieu de la pharmacie : des outils, de la nourriture, des vêtements, une valise complète... Heather ne savait pas si elle pouvait également se servir dans ces affaires. Elle s'autorisa cependant à prendre les boites de conserve qu'elle trouva avec deux bouteilles d'eau. Une fois chose faite, elle se terra derrière le comptoir et attendit, des heures, une journée voire plus, que la pagaille se calme et qu'elle puisse sortir dans les rues.

Quelle ne fut pas son erreur. L'ex-détenue, bien trop fragile, ne pensait pas encore en combattante, en survivante. Les deux années de prison l'avait éprouvée, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'elle en était ressortie plus forte que jamais, telle une caïd des block. Au contraire, elle en était que plus brisée et plus d'une fois elle avait tenté de se pendre, mais c'était sans compter les autres détenues qui la sauvaient toujours. Aussi, quand elle avait barricadé la pharmacie, cela avait simplement consisté à placer une planche contre la porte et à fermer les stores. Pas suffisant pour retenir un quarantenaire puissant, déterminé à entrer soit pour se réfugier soit pour se servir dans les stocks de la pharmacie à son tour. Cachée derrière son comptoir, Heather s'interdit de respirer tandis que l'homme entrait enfin dans le lieu tant convoité. Il fouilla l'endroit, faisant tomber des étagères de médicaments dans un rire nerveux, shootant dans les affaires trainant sur le sol. Prise de peur, Heather sanglota doucement mais assez pour se faire entendre de l'homme qui passait devant le comptoir. Sautant par-dessus, l'inconnu se manifesta devant elle. Mal rasé, vêtu d'une veste en cuir marron et d'un béret, les yeux révulsés, il afficha un sourire cruel et se lécha les lèvres en apercevant Heather. Comprenant ce qui allait se passer, l'infirmière se leva brutalement et essaya de le contourner. Mais l'homme, plus fort qu'elle, la saisit par la taille et les cheveux et l'obligea à s'allonger contre le comptoir blanc. Heather lutta, donna des coups de coudes, faisant hurler l'agresseur. Elle réussit à se dégager, mais c'est sans pitié que l'homme la frappa dans le dos et la fit chuter à terre. S'allongeant de tout son poids sur elle, baissant son pantalon et celui de la jeune femme, l'étranger fit sa petite affaire alors qu'Heather gémissait et sanglotait doucement. La chose, qu'on pouvait appeler impunément un viol, dura près de 20 minutes. Vingt longues minutes où l'ex-détenue sentit comme une brûlure s'insérer en elle, tandis qu'une nouvelle part d'elle se brisait.. Vingt minutes où l'homme la traita comme une marionnette, la cognant à plusieurs reprises contre le sol, tâtant ce qu'il avait sous son propre corps de ses doigts sales et agressifs.
Enfin l'homme finit par s'écarter d'elle, se roulant sur le sol pour souffler. Heather gisait à côté, en larmes, ensanglantée, effondrée et abattue. Puis son regard se posta sur les outils à terre, à peine plus loin qu'elle. Rampant, elle se dirigea vers les outils. Pensant qu'elle cherchait à fuir, l'homme la suivit à pas lents et mesurés, proférant des menaces et promesses effrayantes. Heather se redressa, à quatre pattes, alors que l'homme la saisissait à nouveau vers elle pour la tourner face à lui. Il n'aurait pas dû faire ça.
Le bras d'Heather jaillit et s'enfonça dans un hurlement strident dans l'abdomen de l'homme qui recula, surpris par l'attaque. Se jetant sur lui, alors qu'il était blessé, Heather transperça l'abdomen de l'homme à plusieurs reprises, toujours au même endroit, sans vraiment savoir où elle le frappait. Le sang giclait sur elle, tachant la chemise grise et la veste de l'inconnu qui était incapable de parler. Proférant des propos n'ayant ni queue ni sens, crachant sa colère et sa peine, Heather passa de longues minutes à agir comme une hystérique, se mettant soudainement à éclater de rire. Puis ses épaules eurent des soubresauts, indiquant qu'elle pleurait à nouveau. C'est en pleurs qu'elle se rhabilla du mieux qu'elle put et qu'elle saisit son sac de médicaments, de vivres, et du tournevis ensanglanté qu'elle mit à sa ceinture. Traînant la patte, crispée par la douleur, Heather sortit de la pharmacie et s'engouffra dans sa voiture.

Elle démarra aussitôt et se rendit à l'hôpital, son seul refuge et foyer restant.