Bon, Alex avait peut être réagit un peu trop vivement en prenant le militaire en joue mais elle voulait mettre un terme à tout ça. Et puis, elle n'était pas connu pour être la plus patiente et la plus tranquille de Fort Hope. Elle réagit trop souvent au quart de tour. Elle écouta tout d'abord Callie dire qu'elle ne pouvait pas bouger le bébé. Puis, la sage-femme leur dit ce qu'elle avait besoin pour pouvoir le réanimer. Alex n'avait aucune idée de ce qu'elle demandait là. "Juliet, tu peux t'en charger ?" Cette dernière bossait à l'infirmerie, elle saurait surement de quoi avait besoin Callie pour venir en aide au bébé. Elle ne voyait pas de personne mieux qualifier pour ça là maintenant...

Ce fut à ce moment-là que le militaire qu'elle tenait en joue se mit à dire des choses bizarres aux soldats présents devant eux, comme quoi ils en tenaient une et qu'ils devaient tirer. Alex tira un peu plus le militaire contre elle pour le mettre entre les militaires et elle. Elle chuchota alors à son oreille : "Mais à quoi vous jouez ?" Elle jeta un coup d’œil aux militaires qui heureusement n'avaient pas bougé et ne semblaient pas vraiment décidé à leur tirer dessus. Il continua en disant que mêler son fils à ça c'était à vomir. "Vous rigolez j'espère ? En quoi je suis une rebelle ? On était en train de jardiner, vos collègues s'en sont pris à Peter sans raison. Puis, ils s'en sont pris à cette femme et son bébé, regardez le résultat et vous dites que mes actions sont à vomir ? Je veux juste que tout ça s'arrête, ok ? N'aggravez pas tout".

Alex leva les yeux au ciel quand elle vit Peter se tenir debout à côté d'elle. Ce n'était pas son fils pour rien, aussi têtu et borné qu'elle. Quelques secondes plus tard, il se jetait sur le militaire qu'elle tenait en joue et tentait de lui prendre son arme. "Peter ! Arrête !" cria-t-elle. Au moment où elle allait se pencher pour prendre l'arme à Einri, elle sentit quelqu'un lui attraper son bras libre et un flingue s'appuyer sur sa tempe. Une voix de femme résonna à son oreille, lui disant de poser son arme lentement ou que ça risquait de mal se finir. Alex dit d'une voix ferme : "Peter, si tu veux m'aider, recule-toi..." Elle ne descendit pas son arme pour autant. Qu'arriverait-elle si elle faisait ce que lui demandait la militaire ? Qui pouvait garantir qu'ils ne se feraient pas tirer comme des lapins? Elle hésita quelques instants, tenir ce militaire était encore une garantie. "Il a raison" cria-t-elle après avoir écouté ce que disait Ezra. "On venait juste bosser au jardin, c'est à vous de nous donner une explication." Alex tenta de réfléchir, la militaire prendrait-elle le risque de lui tirer dessus au risque que Alex tire sur son collègue ? "Je baisserai mon arme quand tout le monde fera de même. Je vous le répète, je ne veux pas que quelqu'un soit blessé." finit-elle par murmurer.

La quasi attention de la brune était tournée vers Callie, Juliet ne pouvant pour l’heure, rien faire d’autre que de la regarder d’un air effaré. Et pourtant, malgré ses efforts, et son inquiétude réelle pour le bébé, son regard azur ne pouvait s’empêcher de faire régulièrement l’aller-retour vers le visage de Debbie, dont toute trace de rage avait disparu derrière un masque de larmes que l’infirmière en herbe jugeait…factice. C’était comme si la jeune mère avait appuyé subitement sur un bouton magique qui avait déclenché ses pleurs, et elle ne manquait pas de trouver cela particulièrement inquiétant. Elle se rapprocha très discrètement de Debbie, et posa une main sur son dos dans un geste compatissant, avant d’attraper avec des gestes lents le couteau qui se trouvait toujours à sa ceinture, le faisant glisser dans la manche de son pull pour le cacher. Si le bébé était réellement mort, il valait mieux éviter qu’une arme puisse se retrouver dans la main de la mère éplorée, dont les réactions jusqu’à présent ne disaient rien qui valait à la survivante.

Une fois le couteau en sa possession, Jules écouta la liste du matériel dont Callie énumérait la nécessité, et elle venait tout juste de se redresser, prête à partir, quand la situation dégénéra subitement à un point que la brune n’aurait pu envisager. Car Juliet observait désormais une jeune femme mettre en joue Alex, qui elle-même avait pris en otage ce qui semblait être un militaire. A croire que l’état du bébé avait bien plus préoccupé la jeune femme, qui en avait oublié de prêter attention à ce qui se passait autour d’elle. Elle hocha brièvement de la tête quand Alex la rappela à ses obligations, et après quelques secondes d’hésitation de plus, la survivante partit en courant vers l’infirmerie, où elle retrouva Noah, en pleine garde. Elle lui résuma très brièvement la situation, tandis qu’il l’aidait à emplir un sac avec les ustensiles demandés par la sage-femme.

L’argument de cet homme me rappelait une nouvelle fois combien ils étaient stupides tout les deux, « On a l’air d’être en Irak peut-être ? » demandais-je autoritaire avant de porter mon regard sur les enfants paniqués. Leur père semblait-être dépassé par la situation et préféra s’éloigner. Ce qui était une bonne chose, des enfants n’avaient rien à faire ici, vraiment rien. Mais rien ne se calma, un supérieur arriva non loin, réclamant à en savoir plus sur la situation. Une envie me prit d’être la moins agréable possible envers ses hommes, mais il n’y était pour rien, et très clairement je devais prendre sur moi de rester à ma place pour le moment. Envenimer la situation ne me servirait à rien. Je ne pourrais rien faire. De toute façon personne ne semblait vouloir se calmer, alors on allait devoir se ressaisir. « Du calme ! », soufflais-je envers ma collègue qui venait d’immobiliser quelqu’un.

M’approchant donc de ce nouveau groupe, j’adressais enfin la parole à notre supérieur. « La situation a dégénéré à cause de la paranoïa de vos hommes monsieur. », soufflais-je avec respect. Si il y en avait un qui pouvait mettre tout le monde d’accord, c’était bien lui et si il pouvait éviter à un carnage de prendre naissance, ça serait encore une fois lui qui devait nous éviter ça. On devait se reprendre, donner l’exemple.

Alors que, avec son cerveau encore à moitié endormi, Logan essayait tant bien que mal de comprendre les explications pas très claires de l’homme venu lui parler des événements aux jardins, on frappa de nouveau à la porte. Avec le même agacement évident, il abandonna son interlocuteur du moment pour aller ouvrir, mais retrouva bien vite son sérieux lorsque Will accompagné de deux gosses intenables lui passa devant pour entrer dans la maison sans y être invité. “Logan, il faut que tu ailles aux jardins maintenant ! C’est la guerre civile, là-bas, faut que tu fasses quelque chose avant que ça ne tourne vraiment mal.” Tout en partageant ce qui ressemblait fort à un ordre, Will continuait sa petite vie comme s’il était chez lui et était allé jusqu’au salon pour faire asseoir Max et Octavia sur le canapé, chose qu’ils n’appréciaient visiblement pas. Octavia, surtout, hurlait qu’elle voulait retourner là-bas pour sauver Ezra et bien qu’il ne s’agisse que des mots d’une enfant de trois ans - pas forcément le témoin le plus fiable au monde - le géant commença à s’inquiéter sérieusement. Il se tourna vers le type qui était venu le prévenir en premier et lui ordonna de retourner chez lui et de ne pas prévenir les autres, avant de s’intéresser à Will, à qui il ordonna de rester ici pour s’occuper des trois enfants. Le visage de l’ingénieur se para de panique en un rien de temps, mais Logan l’ignora pour aller récupérer son kukhuri dans le tiroir du couloir et sortit si vite de la maison qu’il n’entendit même pas un quart des plaintes de Will. Lui qui bassinait tout le monde avec son désir d’avoir des enfants depuis des semaines, il allait être plus que servi là et il osait encore se plaindre ?

En quelques minutes d’une marche enragée, le leader du groupe arriva aux jardins, pour faire face à une scène plutôt inattendue qui le laissa planté là les yeux écarquillés pendant quelques secondes. Il attendit de retrouver le contrôle et son air un peu méchant avant d’approcher du petit groupe de civils et de soldats en pleine crise et de demander d’une voix forte, pas très engageante : “J’peux savoir ce qui se passe ici ?!” Quelques regards se tournèrent vers lui, mais malheureusement du côté des militaires, son autorité ressemblait toujours à une bonne blague, un petit mensonge qu’on le laissait croire pour soigner son ego, un peu comme si on lui laissait croire au Père Noël. Tout ça lui prenait déjà la tête alors qu’il n’était pas là depuis plus de deux minutes… “Tout le monde range ses armes avant que je m’en mêle, compris ? Toi aussi, Alexandra.” Il lança un regard noir à sa meilleure amie. Bien qu’il soit tout à fait de son avis concernant la présence de militaires à Fort Hope, il se sentait un peu trahi de la voir mener une rébellion dans son dos alors que le camp tout entier était en danger au moindre geste de travers. “Vous me racontez quand vous voulez, hein.” insista-t-il alors qu’il prenait soin de fusiller chaque personne présente d’un regard mauvais.

Alex garda obstinément l'arme sur la tempe du militaire même après que le Colonel lui ait demandé de la baisser. Elle ne bougerait pas tant que l'autre militaire la tenait en joue. Tout ça n'avançait guère dans l'esprit d'Alex. Elle était contrariée que son fils veuille jouer au héros et ne l'écoute pas. S'il y avait bien une personne capable de désamorcer la situation, c'était bien Logan. Le soulagement d'Alex lorsqu'elle le vit arriver fut immense. Plus cette histoire avançait et moins elle voyait un dénouement heureux à tout ça. L'arrivée de Logan était donc la bienvenue. Il leur ordonna de baisser leurs armes. Elle soutint le regard noir de son ami, elle n'avait rien fait hormis vouloir défendre son fils et les personnes de Fort Hope présentes ici. Alex hésita quelques secondes, redoutant une réaction de la militaire qui la tenait en joue ou du militaire qu'elle tenait elle-même en joue. Puis, finalement, elle l'écouta et baissa la sienne.

Logan demanda ce qu'il se passait. Alex lui répondit en tentant d'attraper Peter qui essayait toujours de prendre l'arme au militaire : "Nous étions en train de jardiner quand des militaires s'en sont pris à Peter alors qu'il n'avait rien fait. Puis, d'autres, s'en sont pris à cette femme et ce bébé. Ils l'ont peut être... tué..." La jeune femme montra les militaires présents depuis le début ainsi que Debbie et son bébé que Callie tentait toujours de réanimer avec Juliet. Alex fronça les sourcils."Est-ce que vous avez besoin de quelque chose ?" demanda-t-elle à Juliet, inquiète par le sort du bébé. Elle jeta un regard noir aux militaires présents. Déjà qu'elle ne les portait pas dans son cœur, alors là, leur sort était définitivement scellé dans l'esprit de la jeune femme. Pour elle, l'arrivée des militaires n'était qu'une bombe à retardement. Tôt ou tard, cette situation se serait produit. Pourtant, elle garda ces propos pour elle, inutile de jeter de l'huile sur le feu. La situation était déjà assez tendue comme cela. Elle voulait connaitre le fin mot de l'histoire et que tout ça se finisse. "Peter..." le menaça-t-elle pour qu'il revienne à ses côtés.

Si Juliet fut surprise que Debbie veuille à ce point la suivre jusqu’à l’infirmerie plutôt que de rester aux côtés de son bébé mourant, elle n’en fit aucune remarque, et couru aussi vite que possible jusqu’à Noah, à qui elle énuméra la liste demandée par Callie, tandis que le jeune médecin fourrait tout rapidement dans un sac. Légèrement en retrait pour éviter de gêner ses manœuvres, et perdre de précieuses secondes, la brune eut tout le loisir d’observer le médecin agir, mais également la mère de famille, dont les gestes semblaient étonnamment…sûrs. Était-elle déjà venue, ou bien avait-elle des connaissances en médecine ? Si tel était le cas, elle aurait sans doute mieux fait de rester auprès de Callie et de son bébé. Le médecin en chef de l’infirmerie était en train de mettre les derniers outils dans le sac quand Debbie s’avança vers la brune, pour lui demander de lui rendre son couteau. Ce qui n’était en rien une bonne idée d’après la survivante. Juliet l’observa quelques secondes, nullement impressionnée par l’air de la jeune femme, avant de hausser les épaules. « -Quand tout ça sera fini, tu récupèreras ton couteau. »

Et elle n’eut pas l’occasion de prononcer le moindre mot supplémentaire que Noah lui tendit un sac plein, lourd, que Jules empoigna en le remerciant, quittant l’infirmerie avec la même énergie qu’à l’aller. Elle rejoignit en courant le lieu de l’affrontement, remarquant à la dérobée l’arrivée de Logan, puis le visage tuméfié et ensanglanté d’Ezra, tandis qu’elle s’agenouillait un peu brusquement aux côtés de Callie, sortant déjà ce qui se trouvait dans le sac. « -Vas-y Callie, dis-moi comment je peux t’aider ! » Elle était prête à aider la sage-femme dans sa manœuvre, il faudrait juste lui expliquer ce qu’elle avait à faire. Juliet tourna son regard vers Alex, qui avait relâché sa prise sur le militaire qu’elle tenait en joue, lorsqu’elle l’interpella et ne put retenir une grimace, tandis qu’elle secouait légèrement la tête de droite à gauche. « -J’imagine que c’est le bon moment pour espérer un miracle… » dit-elle d’une voix douce, même si elle savait qu’en l’occurrence rien ne pourrait aider autant ce bébé que Callie.

Alex fronça les sourcils et jeta un regard noir à Einri qui semblait vouloir lui reprendre l'arme. Elle croisa les bras, conservant l'arme à feu contre elle. Elle était, il lui semble, la seule à posséder une arme parmi tous les civils présents, elle n'allait pas, en plus, lui donner la seule arme qu'ils avaient. Et puis, se promener avec une arme à Fort Hope n'était pas encore interdit...  Elle ne faisait donc, en théorie, rien de mal. Et puis Alex restait méfiante, la situation pouvait retourner au dramatique à tout moment.

Alex écouta les échanges entre le colonel et Logan. Elle fronça les sourcils en jetant un regard interrogatif à son ami. Il y a encore quelques mois, elle aurait parié sur l'innocence de tous les Fort Hopiens présents dans le camp. Elle s'occupait souvent des arrivées des nouveaux au sein du camp, leur faisant passer des entretiens pour voir s'ils pouvaient ou non intégrer la communauté. Mais, depuis quelques mois, les militaires ramenaient bien trop de monde. Alex ne connaissait plus aussi bien les habitants de Fort Hope et elle ne pouvait garantir leur exemplarité et leur innocence dans ce que les militaires les accusaient. "Du vol de matériel ?" répéta-t-elle, cherchant à en savoir plus. Elle mit de côté le fait que seuls les militaires étaient responsables de ce qu'il leur arrivait. S'ils ne s'étaient pas mis en tête de ramener n'importe qui au camp, alors, il n'y aurait pas d'agitateur au sein de Fort Hope comme il le disait si bien. Alex resta calme et conserva un visage froid et neutre. Elle n'en savait pas suffisamment pour le moment pour prendre partie.

Le regard d'Alex se posa sur son fils, il n'avait pas bougé, heureusement. Elle jeta un regard aussi à Callie, qui tentait toujours de sauver le bébé avec le matériel médical que lui avait ramené Juliet. Ce fut alors que les militaires arrivèrent avec une civile. Apparemment, elle avait été surprise en train de voler dans les bureaux. Alex observa la scène, gardant l'arme contre elle, au cas où ça tournerait mal. Si c'était vrai, alors cette civile risquait gros. "Elle s'était portée volontaire pour travailler au potager comme nous tous..." dit simplement Alex, attendant que la jeune civile dise ce qu'il en était réellement.

Un trop bref instant, Logan eut le plaisir de sentir une vague de soulagement s’emparer de lui alors que la situation semblait vouloir se régler. Il faudrait un peu plus que ça pour tout arranger, mais du moment que personne n’était en danger de mort imminente, ça lui allait déjà bien. Hélas, le répit ne fut que de courte durée et quand le Colonel lui parla de ses soupçons, ce fut au tour du géant de sentir la tension monter. Il refusait d’accepter l’idée que l’un des siens soit un traître et il avait bien l’intention de le faire savoir au soldat avec toute la véhémence possible. “Colonel, vous devez faire erreur,” commença-t-il avec autant de calme qu’il puisse en réunir, “personne à Fort Hope ne ferait une chose pareille, on est tous…” Il se stoppa net en plein milieu de sa phrase et pas uniquement parce que des soldats venaient de débarquer avec une civile comme prisonnière, qu’ils accusaient de vol sans aucune gêne. Quelqu’un dans ce camp l’avait déjà trahi, en servant de taupe à Joshua pendant des mois. Quelqu’un a qui il faisait suffisamment confiance pour qu’elle soit informée de tous ses faits et gestes. Une chose était certaine, en tout cas : il ne s’agissait pas de Claire, qu’il connaissait à peine et qui n’était même pas encore arrivée à Fort Hope quand le grand ennemi de Logan avait enfin poussé son dernier souffle. Mais ils comptaient bel et bien des taupes dans leurs rangs…

“Lâchez la !” ordonna-t-il aux soldats qui entravaient Claire, sans prendre la peine de demander l’autorisation au Colonel. “C’est une civile, c’est ma responsabilité, pas la vôtre.” Il tentait surtout un gros coup de bluff dans l’espoir qu’il puisse gérer ça à sa façon, soit très différemment des méthodes peu subtiles des militaires. Il jeta un regard appuyé à la jeune femme, mais se détourna d’elle pour faire face au Colonel sans lui adresser le moindre mot. “Colonel, écoutez.” demanda-t-il, avec un tout petit peu plus de calme. “On est dans une situation compliquée, là. Vos hommes ont presque tué un bébé, l’un des miens s’est introduit dans vos quartiers sans autorisation. Je propose qu’on décide qu’on est quitte, ok ?” De son ton jusqu’à son regard, tout dans l’attitude de Logan donnait l’impression qu’il était en plein combat acharné, malheureusement les jeux d’esprits n’étaient toujours pas sa grande force malgré la longue formation prodiguée si généreusement par Joshua. “Laissez-moi m’occuper de Claire et je ne me mêle pas de la façon dont vous gérerez l’agression de cet enfant par vos hommes. Deal ?” Certes, sa solution n’avait rien de très équitable, d’autant plus si l’enfant ne survivait pas, mais à cet instant, il était surtout désespéré d’empêcher un drame encore plus grand de se produire dans l’enceinte de son camp. S’il fallait qu’ils se retrouvent avec le cadavre d’un enfant sur les bras, il avait toute confiance en ses amis pour se révolter et collaborer avec lui pour une petite vengeance plus tard. Pour l’instant, il fallait qu’ils sortent tous de ce jardin libres et en vie… Il jeta un regard nerveux à Alex, dans l’espoir un peu fou qu’elle parvienne à lire dans ses pensées et qu’elle joue son jeu. Ou au moins qu’elle lui fasse toujours assez confiance pour le suivre malgré son évident état d’énervement actuel.

Il n’avait pas fallu longtemps à Callie pour profiter de l’arrivée de Juliet, et donner ses premières instructions à la jeune femme, qui s’exécuta, et sortit du sac le matériel demandé par la rouquine. Ce ne fut qu’à cet instant que l’artiste se rendit compte de l’absence de Deena, ce qui ne manqua pas de lui faire froncer les sourcils, elle qui était au comble de l’incompréhension. Mais où était-elle donc passé, et pourquoi n’était-elle pas au chevet de son bébé en danger de mort ? Vraiment, cette nana ne disait rien qui vaille à la brune, qui la chercha du regard quelques brèves secondes, qui ne durèrent pas. Cette dernière n’y prêta bientôt plus attention, pas dans ces circonstances, et se refocalisa sur la situation.

Jules écouta attentivement les instructions de Callie, et hocha vigoureusement de la tête pour indiquer qu’elle avait compris, et qu’elle était prête. Elle tendit le laryngoscope à la rouquine, et prit sa place, exécutant les mêmes gestes que la sage-femme, ces gestes qu’elle avait répété de nombreuses fois sous le regard de Noah, qui corrigeait ce qu’elle faisait, au besoin. C’était donc avec prudence qu’elle poursuivit le massage initié par Callie, tandis que cette dernière trouvait finalement une occupation au petit militaire qui l’avait interpellé un peu plus tôt. Concentrée, Juliet poursuivit sa tâche, jusqu’à ce que la jeune femme la stoppe, pour intuber le petit bébé. Plus angoissée qu’elle ne l’aurait supposée, Jules observa faire Callie, prête à intervenir à la moindre demande de la sage-femme, qui s’en sortit parfaitement toute seule.

Quand se fut finit, elle se rendit compte qu’elle avait bloqué sa respiration pendant toute la durée de l’intervention, et s’autorisa enfin à prendre une longue inspiration, hochant doucement de la tête à l’intention de Callie. Les mains sur les genoux, Juliet observa le petit être étendu au sol, avant de tourner la tête vers le reste du groupe, au moment où une jeune femme de leur groupe était escortée par des militaires, l’accusant de vol. La brune fronça les sourcils, ne comprenant vraiment pas ce qu’il était en train de se passer. Son regard vola sur la silhouette massive de Logan, qui tentait déjà de régler les choses, et puisqu’elle ne pouvait rien faire pour son acolyte Fort Hopienne en mauvaise posture, Juliet se préoccupa une nouvelle fois du bébé. Elle fouilla le contenu du sac, et en ressortit à l’intention de Callie ce dont la jeune femme avait besoin pour continuer du s’occuper du bambin.

Alex fut surprise de la réaction de son meilleur ami, Logan. Pour autant, elle n'en montra rien et acquiesça. Elle lui faisait totalement confiance pour gérer la suite des choses. Elle garda tout de même l'arme contre elle. La jeune femme croisa les bras, attendant la suite des événements. Elle observait la jeune Claire qui ne semblait pas se défendre. Pourtant, elle était sûre et certaine que la situation n'était pas aussi simple. Alex écouta également le plaidoyer de la jeune Lily-Rose. Elle ne connaissait pas suffisamment ni l'une ni l'autre pour pouvoir juger de la situation. Aussi, Alex resta silencieuse. Le colonel lui ordonna alors d'aller fouiller la maison de Claire avec le militaire qu'elle avait tenu en joue quelques minutes plus tôt. Logan confirma ces ordres. Alex prit donc la direction de la fameuse habitation, non sans avoir auparavant lancé un regard bien appuyé à Logan en direction de son fils Peter. Elle voulait que son meilleur ami veille sur lui en son absence de façon à ce que son fils ne fasse pas de bêtises...

Après avoir fouillé la maison, Alex dénicha quelques effets personnels sans grand intérêt, un VTT, une bouteille de whisky, une carte de Détroit, des jumelles, une couverture et une corde. Bref, il y avait là un attirail que n'importe quel habitant de Fort Hope pouvait posséder. Elle-même avait ce genre d'effets personnels dans sa chambre. Alex observa la carte de Détroit avant de se tourner vers Einri : "Franchement, si elle cache quelque chose ce n'est pas ici. Et je n'ai pas l'impression qu'elle soit une voleuse. Claire n'a jamais fait entendre parler d'elle en mal à Fort Hope depuis son arrivée. Au contraire, elle s'est même portée volontaire pour une mission..." Plus Alex y réfléchissait et moins, elle croyait la civile coupable de quoique ce soit. Elle prit soin de remettre tout à sa place. Elle ne se sentait pas à l'aise avec l'idée de visiter une maison habitée. Oui, à l'extérieur, c'était son quotidien, elle visitait sans cesse des maisons abandonnées, mais là, c'était complètement différent. Elle savait à quel point de nos jours, chaque objet nous appartenant pouvait être précieux. Aussi, elle veilla à tout remettre soigneusement à sa place comme s'ils n'avaient jamais mis les pieds ici. Un coup d’œil à Einri lui confirma que lui non plus n'avait rien trouvé d’intéressant.

Alex jeta un dernier coup d’œil dans la maison histoire de voir s'il n'y avait pas une cache quelconque ou un indice pouvant faire penser à ça, mais non, elle ne vit rien d’inhabituel. Elle ferma la porte de la maison derrière elle avant de rejoindre Logan et le Colonel avec Einri. Elle s'adressa alors à son meilleur ami "Il n'y avait absolument rien hormis des affaires qu'on peut retrouver chez n'importe quel survivant : carte, jumelles...." Elle laissa passer quelques secondes avant de continuer, se tournant vers Claire : "Je ne crois pas en sa culpabilité."

Chaque seconde que Logan passait seul avec tous ces soldats armés et nerveux le rendait de plus en plus impatient. Il ne comprenait pas le silence de Claire, le petit speech larmoyant de Lily-Rose, rien de toute cette situation, en fait, mais il attendait avec impatience qu’Alex et Ezra reviennent avec la preuve irréfutable qu’aucun civil n’avait commis un seul crime. Il se redressa brusquement lorsque le premier groupe revint de la maison de Claire, sans la moindre preuve pour l’accuser davantage. Dès qu’Alex eut fini de confirmer ce qu’ils devinaient déjà, Logan porta son attention sur le Colonel avec qui il échangea un signe de tête pas vraiment discret. Cela ne dura qu’un instant avant qu’il ne se tourne vers la petite blonde ayant accusé Claire avec tant de véhémence. “Lily-Rose, si tu souhaites changer ta version des faits, c’est le bon moment. C’est ta dernière chance de nous expliquer ce qui s’est vraiment passé dans cette tente…” Il avait franchement un peu de mal à croire que la jeune femme ait menti et que ce soit elle, la traitre. Il avait été tellement proche de son grand-frère et s’était pris d’affection pour elle dès qu’il l’avait rencontré. Mais tout pointait dans sa direction… Et elle était là depuis suffisamment longtemps pour être aussi la taupe de Joshua…

Le retour d’Ezra et de sa partenaire militaire fit remonter la tension d’un cran. Aussi vite que possible, Logan s’approcha de la jeune femme et de son supérieur, entendant quelques mots qui ne promettaient rien de bon et avant que le Colonel ne puisse le faire lui-même, il s’empara de la photo incriminante. Il connaissait les trois visages dessus, trop bien pour faire s’empêcher de laisser parler sa colère. “Celui-là, c’est Taylor, son frère. Il a vécu ici un moment, mais il est porté disparu depuis des mois et probablement mort.” informa-t-il en pointant le visage de Taylor sur le papier glacé. Il serra la mâchoire dans l’espoir vain de se calmer un peu, refusant d’accepter que son ami ait pu le trahir de la sorte. “Quant à lui, c’est Joshua Cornwell. Criminel notoire du coin, on lui doit un bon paquet des tombes de notre cimetière. Mais j’lui ai réglé son cas y a peu de temps. Tout ce que je sais, c’est qu’il avait un informateur dans le camp depuis des mois. J’suppose que…” Il ne termina pas sa phrase, mais tourna les yeux vers la blonde, amère et de plus en plus en difficulté pour se contrôler. “Explique toi tant que tu le peux encore.” lui lança-t-il, froidement. Il n’avait pourtant pas besoin de ses explications pour savoir qu’elle l’avait trahi et sans doute continuait-elle sagement même depuis la mort de Joshua. Avant qu'elle ne commence, il ajouta, à l'attention du Colonel : "Jordan a raison, faudrait être idiot pour laisser traîner des preuves aussi accablantes à la vue de tous et elle a réussi à jouer les agents doubles pendant des mois sans que personne ne la soupçonne. Tout ça est un coup monté, mais elle est au moins coupable d'avoir trahi Fort Hope. Envoyez la à l'Arène et concentrons-nous pour retrouver le vrai coupable des vols."

Alex se tourna vers Claire. Maintenant qu'elle avait visité sa maison, elle n'avait quasiment plus de doute sur son innocence.  "Claire. Que s'est-il passé dans ce bureau ? Tu n'etais pas là-bas dans l'intention de voler les militaires, j'en suis sûre." Elle lui lança un regard appuyé. Il fallait qu'elle dise quelque chose pour se défendre sans quoi personne ne pourrait rien pour elle. Ezra et la militaire revinrent peu après elle. Ils montrèrent leurs trouvailles. Tout accablait la jeune Lily-Rose.

Alex écouta tout ce qui se passait sans rien dire. Elle sentit un frisson de colère parcourir sa colonne quand elle aperçut la photo de Lily-Rose en compagnie de Joshua. Ce dernier avait séquestré et torturé son fils Peter. Elle lui jeta un coup d'oeil, s'assurant qu'il ne voyait pas la photo. Inutile de faire remonter de mauvais souvenirs à la surface. Le petit garçon avait assez souffert comme cela. Elle jeta un regard noir à Lily-Rose et murmura d'une voix emplie de haine : "C'est qui pour toi hein ? Est-ce que tu as une idée de toutes les horreurs qu'il a commises ? Tu es dans son camp alors ?"  Alex serra les poings sous l'effet de la colère. Elle avait hâte de savoir comment tout ça allait se finir. Pour autant, quand Logan proposa d'envoyer Lily-Rose à l'arène, Alex lui jeta un regard surpris. "Logan..." murmura-t-elle.  "Est-ce que tu es sûre pour l'arène ?" Jamais elle ne se serait permise de remettre en doute les paroles de son ami mais là, cette décision lui paraissait un peu extrême. Vaughn lui avait parlé des conditions de vie à l'arène. En tant que prisonnière, Lily-Rose finirait soit comme chaire à pâté lors d'un spectacle, soit comme esclave et elle ne savait pas ce qui était le pire. Être esclave signifiait servir n'importe qui et être à la merci des hommes, des gladiateurs ou même des autres esclaves. Alex ne souhaitait pas cela à son pire ennemi. Elle se fut, attendant la suite des événements.