Un peu d’air frais lui ferait le plus grand bien. Le Walker n’a pas cette habitude que de rester enfermé dans un camp aussi important. Il ne veut pas oublier la menace à l’extérieur. Il doit se tenir prêt à chaque instant, chaque moment. Il quitte Fort Hope en début d’après-midi. Plus les années passent plus le Walker à l’impression que l’hiver est de plus en plus rude, les flocons de neige tombent doucement sur la ville, emmitouflé dans son gros manteau, il continu d’avancer dans la ville, à pieds. Vu les conditions, prendre un cheval aurait été suicidaire, c’est un coup à ne pas voir un marcheur sous la couche de neige et perdre un cheval, et par la même occasion, sa jambe. Elle se remettait doucement, il y a un an jour pour jour il se faisait attaquer et laisser dans un profond sommeil entre la vie et la mort. Sa jambe se remet lentement de tout cela. Pour le moment, il ne semble plus avoir besoin de sa canne, en tous cas, à l’extérieur du camp. Il observe les alentours, les bâtiments étaient pour la plupart délabrés, à la limite de céder pour certains.

Il avance des ces longues rues, le regard porté droit devant lui, ses chaussures trainant dans la neige le rendant facilement pistable. Les rues sont blanches, beaucoup d’éléments de la ville sont pour le moment engloutis sous une épaisse couche de neige. C’est à n’en presque rien reconnaître. Il passe les mains sur son visage, soufflant sur ces dernières pour les réchauffer, il bouge doucement les doigts, certains commencent déjà à geler avec ce froid mordant. Finalement, ce n’était peut-être pas une si bonne idée de sortir si loin en plein mois de décembre. Il réajuste la sangle de son fusil sur le dos, un Remington 870, un superbe fusil à pompe capable de gérer quelques situations les plus incongrues. Un vent se lève, il bloque ses bras contre sa poitrine pour tenter de garder un petit peu de chaleur, le blizzard se lève à son tour, la neige ne semble pas vouloir en rester là, il plisse les yeux pour tenter de mieux voir à travers tout ça.

Il ne faut pas longtemps pour que Cale n’arrive plus à voir à deux mètres devant lui, il avance à tâtons, entre temps, il a saisi le fusil entre ses mains, armé et collé contre son épaule, prêt à faire feu. Avec le manque de visibilité, il n’aurait probablement pas le temps de dégainer si quelque chose se décidait à montrer le bout de son nez, alors autant être paré à toutes éventualités. Actuellement, son objectif premier c’était surtout de trouver un endroit ou s’abriter le temps que la tempête fasse son bonhomme de chemin. Il arrive face à une porte, il donne un coup d’épaule dans celle-ci, elle ne semble pas bouger d’un centimètre. Avec l’impulsion, il a même ressenti la douleur dans sa jambe. Il grince des dents, il doit continuer d’avancer pour ne pas tomber ici. A ce rythme, le froid aurait bientôt raison de lui. « Putain de ville du Nord de mes couilles. » Il ne sait pas où se diriger et semble tenter toutes les portes qu’il croise, en vain. Malgré l’état de certaines portes avec le temps et le manque d’entretien elles n’étaient pas décidés à tomber aussi facilement. Il aurait préféré éviter de se faire repérer aussi facilement, mais tant pis, il saisit son fusil à pompe et donne un grand coup de canon dans la porte vitrée de ce qu’il semble être un ancien hôtel. Les débris s’effondrent au sol, laissant le champ libre au père Walker pour entrer dans la bâtisse.

Il est enfin parvenu à trouver un semblant d’abris, il s’accroupi pour souffler quelques instants, et tourne le regard en direction du trou qu’il a dû faire pour entrer. Il n’avait pas d’autres solutions, et dans tous les cas, qui entrerait ici le même jour que lui, hein ? Il se relève, allumant sa lampe torche qu’il fixe sur son épaule de manière à éclairer droit devant lui tout en éblouissant de potentiels survivants. Fusil braqué contre l’épaule, il avance dans les longs couloirs gelés de l’Hôtel. Il arrive à la réception, s’il ne voulait pas mourir d’hypothermie, il fallait faire un feu, et vite. Il rassemble quelques vieux objets qui peuvent servir de combustible et met finalement le feu à tout ça. Il s’assoit prêt du feu, ses lèvres sont gercées, ses doigts gelés, c’est à peine s’il pourrait presser la détente de son fusil actuellement. Il le place à ses cotés histoire de toujours avoir un œil dessus. Les mains au-dessus du feu, il observe par la fenêtre. Est-ce que c’était bien une silhouette qu’il avait aperçu la, dehors ? Ce ne serait pas déconnant, après tout, c’est vrai, avec la source lumineuse que prodigue les flammes, il serait visible de loin. Ne sachant pas s’il est seul ou non, il place sa main contre la crosse de son arme pour être prêt contre chaque situation surprise.

De la neige. En décembre, c'était encore normal, non ? Mais elle se sentait oppressée par tout ce blanc, dans un monde qu'elle ne voyait plus qu'en gris foncé et en noir. Pourtant, elle essayait, de toutes ses forces elle essayait, de ne voir que le positif dans cette situation. De garder espoir. N'était-ce pas ce que sa mère lui répétait en permanence? De continuer à croire ? Sauf que désormais, ça lui semblait totalement impossible. Et l'absence de sa mère, la savoir morte, c'était une blessure intérieur qu'aucun médecin ni aucune infirmière ne pourrait panser et guérir. Elle s'était trouvée dans sa voiture, à conduire, couverture sur les bras, se félicitant intérieurement d'avoir toujours porté un t-shirt à manche longue. Certes, ce n'était pas suffisamment chaud, mais en débardeur, elle n'aurait surement pas résisté à un hiver si rude. En trois ans, c'était certainement le plus difficile qu'elle n'avait eu à affronter. Parce qu'elle n'était ni en sécurité, ni elle n'avait eu le temps de faire des provisions pour se réchauffer auprès d'un feu allumé par son briquet.

Elle avait passé la veille à courir d'une maison à l'autre pour faire la razzia et essayer de manger, de boire, et de trouver de quoi faire chauffer de l'eau au dessus d'un feu. De tout ça, la dernière étape avait été la plus difficile. Tellement qu'elle avait abandonné. Et quand, au réveil, elle avait vu le toit de son abri commencer à s'effondrer, elle avait compris qu'elle devrait vite se trouver autre chose. Et si possible, sans se trouver nez à nez avec des hordes d'infectés. Ça, c'était encore une autre histoire. Elle avait laissé sa voiture dans le garage qu'elle lui avait trouvé, histoire de ne pas se la faire voler. Elle l'avait déjà, elle volé, elle savait parfaitement bien qu'en ces temps, le risque était que quelqu'un ne lui fasse ce qu'elle avait fait à d'autres, quand bien même il y avait au moins cinquante pourcent de chances qu'ils ne soient morts depuis longtemps.

Grelottant, en essayant d'avancer dans la neige, elle commença à sentir comme un vent qui vint lui glacer l'échine. Plus rien à voir avec une simple journée de neige. Elle ne voyait plus rien que du blanc qui l'entourait. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'elle se trouvait dans un vent de neige, ne se souvenant pas comment est-ce que ça s'appelait. Ha, si seulement elle avait été plus attentive aux cours de Madame Jellyn, sa professeurs de sciences, quand elle était au collège, elle s'en serait souvenue. Mais ça n'aurait rien changé à sa situation. Elle avait très vite compris qu'elle allait devoir se trouver un abri si elle voulait survivre. Leah tenta de revenir sur ses pas, et entendit un bruit de porte qui s'ouvrait. Si seulement elle savait distinguer d'où il venait. Mais pour une musicienne, elle était strictement incapable de distinguer la direction du bruit. Elle soupira, ferma les yeux, et essaya de se souvenir. Qu'est-ce que lui disaient toujours ses parents ? De prier, et le seigneur le lui rendra. Elle n'y croyait plus trop. Quel dieu aurait laissé arriver une telle épidémie ? Est-ce que c'était ça, l'apocalypse dont ils parlaient dans la bible ? Alors de quel chevalier s'agissait-il ? Elle soupira, et tenta. Après tout, elle n'a plus rien à perdre. Enroulée dans sa couverture, elle essaie d'avancer sans tomber, en faisant attention à ne pas voir d'ombre surgir.
Et par un miracle totalement inexplicable, elle se retrouve face à une porte, espérant qu'il s'agissait de celle qu'elle avait entendue. Elle tapa comme une forcenée dessus. «OUVREZ MOI !» qu'elle s'époumonait, peut-être en vain, tout en essayant de l'ouvrir de ses propres forces.

Cette petite silhouette qu’il avait aperçue au dehors, ce n’était donc pas un marcheur ou quoi que ce soit, c’était bel et bien une personne. Il se relève d’un seul coup, saisissant d’une main habile son fusil à pompe. Est-ce que c’était une technique pour l’attirer et le buter pour piquer toutes ses armes ? Ou alors c’était vraiment un clampin qui se pelait le derch à l’extérieur du bâtiment ? Quoi qu’il en soit, il ne pouvait pas laisser quelqu’un à l’extérieur. Bon sang, sa bonté le perdra un jour ou l’autre. La crosse de son fusil à pompe est plaquée contre son épaule, le doigt placé contre la détente. A la moindre tentative d’entourloupe c’était sa putain de tête qui sautait par la simple puissance d’arrêt d’un calibre douze. Avec ça, il était prêt à repeindre l’intégralité du hall d’entrée. La gorge nouée, sa lampe torche sur l’épaule il progresse à pas de loup dans l’ancien bâtiment. Il augmente l’intensité de la lumière lorsqu’il arrive face à la survivante. Simplement histoire de l’éblouir et de garder un certain avantage sur elle. Pas le droit à un seul faux pas.

« Ok mademoiselle. Tu vas tout attentivement m’écouter. A la moindre tentative c’est ton caisson qui saute, c’est pigé ? Si tu veux entrer, t’as qu’a entrer par la ou j’ai explosé la vitre. Putain, apprenez à vous servir de votre environnement bordel. » Il garde la jeune femme constamment en joue durant son entrée dans le bâtiment. Sa respiration est lente, son rythme cardiaque augmente légèrement, cela faisait un petit moment qu’il n’avait pas eu à braquer une arme sur un survivant.

Il laisse la jeune femme entrer, toujours sa grosse lumière braquée sur cette dernière, il l’observe de la tête aux pieds, visiblement elle n’a pas l’air d’avoir de fusil sur elle, ni même d’arme de corps à corps, enfin, de ce qu’il pouvait voir en surface en tout cas. Qui sait ce qu’elle cachait sous ses couches de vêtement ? « Ok. Des armes sur toi ? Ça ne servirait à rien de me mentir, sauf à m’énerver encore plus et t’ouvrir en deux pour me servir de K-way pour cette neige. » Il baisse progressivement sa garde, il ne pointe plus directement la jeune femme, le fusil est certes toujours face à cette dernière, mais il ne l’a plus en joue directement. « Explique-moi ce qu’il te prend de sortir par un temps pareil ? tu recherches quoi exactement ? »

Le froid lui brulait la peau, et la peur la tétanisait totalement. Elle s'était retrouvée prise dans une tempête de neige, et n'arrivait qu'à peine à contrôler ses actions et ses mouvements. Alors, ses pensées ? C'était encore pire. Loin d'être maîtresse de quoi que ce ne soit au niveau de sa réflexion, elle avait décidé de se laisser aller à ses instincts de survie. Sauf que pour l'instant, de la survie, ce n'est plus question de revenant, mais bien de trouver une source de chaleur. Et on verra après si cette chaleur mène des corps animés.
Face à ce bâtiment, elle se trouvait totalement perdue, ne voyant littéralement pas plus loin que le bout de son nez. Elle était tombée par pur hasard sur la façade du bâtiment, et, à tort parce qu'elle n'avait pas vérifié ses arrières, elle s'était jetée sur l'opportunité. Ici, elle ne connaissait rien, et de toute façon, elle ne comptait que sur sa chance pour se trouver des abris. Et que ces abris ne soient pas des traquenards pour elle.

Et finalement, sa sentence ne tarda pas à tomber. La lumière qui l'éblouissait la força à monter son bras pour protéger sa vue. Et les mots de l'homme lui glaça le sang. Elle se sentait trop bête d'avoir osé demander de l'aide à qui que ce ne soit. Elle se raidissait d'angoisse, et finit par hocher la tête très doucement, histoire de ne faire aucun geste brusque, et de ne pas se trouver avec la tête trouée par une balle. «C'est compris.» fit-elle d'un ton froid et calme, comme pour lui faire comprendre qu'elle n'avait rien contre lui. Elle serra les dents, et siffla entre elles «J'avais pas vu, avec la tempête on voit pas à un mètre. Et c'est pas comme si je connaissais le coin..» Elle soupira d'agacement, et prit une grande inspiration, avant de se reprendre. Elle s'osa à un pas en avant, et puis un autre, et encore.. Aucun coup de feu à noter, elle était toujours vivante, mais elle était toujours aveuglée par la lumière qui l'assaillait.

Pendant un bref instant, elle se demanda si elle devait vraiment lui parler de son révolver, caché sous sa veste, tenu par la anse de son sac à dos, et elle avait hésité à le lui avouer. Finalement, elle avait jugé qu'il ne s'agissait que d'une question de vie et de mort, et que si elle ne voulait pas continuer à exister, elle n'avait qu'à lui cacher l'existence de cette arme. «Un revolver, et c'est tout.» qu'elle se décida à avouer.
Se sentant libérée à ne plus être tenue en joue par l'homme, elle se senti un peu plus assurée. Si bien qu'elle s'osait à avoir un ton un peu plus désinvolte. «A votre avis ? Je cherchais de quoi survivre. Des vivres, quoi. Genre, comme tout le monde.» L'arrogance est un vilain défaut, et surtout pendant ce genre de moments où elle n'avait pas du tout le dessus.