Le pauvre petit blondinet, n’a aucune idée de ce qui se trame pour lui, en cette délicieuse journée. Dans ma chambre à Fort Hope, un trouble nocturne m’a saisi. Entre les cris des chouettes et les hululements des hiboux, mon repos avait pris fin. Lors de mes années de galères dans notre ancienne société, à enchaîner les heures supplémentaires pour gagner mon pain, je crachais sur les privilégiés. Et aujourd’hui, je fais partit de ceux que je détestais, les profiteurs. Je vais à l’arène en territoire conquis, je profite des lieux, de mon statut, de leur nourriture, sans me battre pour l’avoir. Je n’apporte rien, quand je vais là-bas et j’y vais seulement pour retrouver mon amant. Finalement, je réussis à me rendormir quelques heures, mais c’est malgré tout avec le soleil, que ma journée commence. Je sors me défouler un peu, m’offrant un petit training sportif que j’effectue avec rigueur et m’accordant par la suite un petit déjeuner que je n’ai pas démérité. Je me prépare, m’apprêtant façon commando pour être sûr d’être confort et surtout pas gênée en cette journée périlleuse qui s’annonce.

Embarquant dans ma belle impala fraîchement remplie en essence, j’utilise mon rôle d’ambassadrice pour sortir, me rendant compte là aussi, qu’il s’agit de l’usage d’un privilège. Un peu tendue mais ne revenant pourtant pas sur ma décision, je me rends par les routes nettoyées, jusqu’à l’arène, sans encombre. L’on me laisse rentrer, et je me dirige directement vers les quartiers, de mon blondinet personnel. Je frappe et entre, d’un air amusé. Dean est occupé, mais ça ne fait rien. J’arrive avec lenteur, roulant des hanches et amortissant chacun de mes pas, d’une démarche discrète et féline, je lui souris, glissant ma main sur son épaule, avec douceur.

- Bonjour, vous.

Je ne peux m’empêcher d’avoir ce petit sourire en coin, lorsqu’il est près de moi. Je suis détendue, par sa simple présence.

- Enfile des vêtements un peu à l’aise, j’ai prévu une petite sortie pour nous aujourd’hui. Une journée randonnée, et survie. Voilà trop longtemps que nous sommes habitués au confort ! Il est encore tôt, alors on va aller poser des collets et je vais t’apprendre à survivre hors de l’autorité de ton frère.

Mes deux mains glissent lentement sur son torse, alors que je viens délicatement embrasser sa nuque et sa gorge.

- Ça ne doit pas te vendre du rêve. Mais imagine que tu prépares un rôle pour un film. Et si t’es sage en fin de journée, on trouvera un toit pour tourner tous les deux une scène pour adultes.

Je suis sûr que cette proposition pourrait le stimuler. Je ne sais pas pourquoi, mais je le sens bien.

Dean, trifouille ses papiers, comme s’il cherchait à me cacher quelque chose. Je ne l’embête pas, je m’en fiche pas mal en réalité. Je n’ai pas à fouiller ses affaires, même si un autre jour, j’aurais pu le faire pour le voir me courir derrière d’un air paniqué. Mais aujourd’hui, je suis détendue et même impatiente. Impatiente de sortir avec lui, et d’admirer ses talents, qu’il prétend avoir. Il me prend la main, et m’attire vers sa garde-robe bien fournie, tout en me comptant comme chaque fois que j’aborde un sujet quelconque, ses milles talents acquis grâce à sa carrière d’acteur. Il me glisse, que si je savais ce qu’il avait dû manger pendant une semaine, je ne voudrais plus l’embrasser et moi, qui suis du genre curieuse, admets que cette fois, je ne veux pas savoir. Je l’accompagne donc, jusqu’à ses vêtements bien fournis. Evidemment, tout est de luxe ici, d’une qualité totale. Je hoche doucement la tête face à sa proposition. L’habiller, est une idée amusante. Ma première idée, est de lui sortir pour m’amuser, un haut et un bas, qui ne vont pas du tout ensemble. Je colle les vêtements contre lui et glousse doucement.

- Avec ça tu serais magnifique tu ne crois pas ? Les rôdeurs n’oseraient même pas te bouffer, ça serait chouette comme protection.

Je ricane doucement, avant de ranger ça. Me concernant, j’ai mis une veste en en jean marron, et un jean souple et épais noir, rentré dans mes grosses chaussures de marche façon rangers. Avec ça au moins, les dents de rôdeurs auraient du fil à retordre. Aussi, pour être sûr que Dean bénéficie du même style de protection vestimentaire que moi, je lui tends un jean épais, un haut un peu plus simple et plus fin et une veste en cuir. Je lui appuie le tout dans les bras et sourit.

- Là, on aura l’air sexy et tu seras bien protégé. Prends des chaussures de marche, épaisses et confortables ainsi que ton arme, et on sera bon. Ça te va ?

Je souris finement, croisant doucement les bras sur ma poitrine. Me concernant, je suis déjà bien équipée et prête pour cette belle journée. On va pouvoir bien s’amuser. Je me redresse donc et m’étire, le laissant s’habiller et voir si la tenue lui convient, je commence à marcher dans sa belle chambre, observant le tout, comme si je découvrais les lieux, ce qui n’est évidemment pas le cas du tout.

- A force d’être là, j’en oublie tout ce que t’as conservé de ta vie d’artiste. J’ai parfois quelques regrets, d’avoir laissé mes récompenses derrière moi. Mais d’un autre côté, je vois pas bien ce que je pourrai en foutre à l’heure actuelle. T’es prêt ? Faut qu’on puisse choper un lapin avant qu’ils rentrent tous dans leurs terriers frais pour la journée.

Les collets sont une valeur sure. Avec ça, on pourra en faire griller un et je pense que vu que nous sommes simplement deux, un seul lapin suffira. Lui qui prétend savoir survivre, j’ai bien hâte de le voir à l’œuvre. Après tout, la seule fois où on a été dans ce genre de situation lui et moi, c’était à notre rencontre, quand je l’avais trouvé pieds en haut et tête en bas. Je souris finement, amusée à l’idée que nous partions pour la journée, peut-être même pour la nuit, pour camper à la belle étoile...

Je fronce doucement le nez face à sa réponse à ma première proposition de vêtements, qui était une blague évidente. Je bloque un peu sur sa phrase et hausse un sourcil.

- Un épouvantard cracmol désartibulé en manque de potion de polynectar ? Je suis désolée mais je suis pourtant pas une fane de la saga et je sais que ça ne veut rien dire ça.

En effet. J’avais dû voir les films que quelques fois, certains ayant été à mon sens plus divertissants que d’autres mais clairement, ce kamoulox n’avait aucun sens. Très vite et surtout comme je l’avais prédit, le blondinet s’échauffe la voix et hurle un tas d'ordres à ce cher Jesus, dont le pseudo, n’arrêtera jamais de me surprendre. Je m’approche, une fois qu’il a fini de hurler comme un hibou pris entre les crocs d’un renard. Je souris avec amusement, et lui prends le visage entre mes fines mains. Délicatement, je replace une mèche sur sa jolie bouille et souris en coin.

- Oh oui, assurément comme tu dis "une chouette promenade", mais c’était pas la proposition du jour. La prochaine fois si tu veux, on ira faire une promenade extravagante comme tu aimes. Mais aujourd’hui, je t’ai proposé une journée survie. Ça veut dire, le minimum. Et quand je dis minimum, c’est le minimum des humains en général, pas du grand acteur que tu es. Aussi, comme cette sortie est mon idée… T’as le droit à un couteau de chasse, de la corde, une gorge en fer, une arme de ton choix et aller, je suis gentille, un peigne. Tout ça rangé dans un sac, avec un duvet en plus et rien de plus. Rien de futile, rien de lourd, rien de superflus. On trouvera le reste en chassant ou en fouillant.

Je souris avec douceur et amusement. J’imagine déjà sa réponse. Malgré tout, je suis franchement heureuse d’entreprendre de faire lâcher prise à Dean. Loin de l’arène, loin de tout ce luxe débordant et bien trop tape à l’oeil, j’ai des chances de pouvoir l’observer un peu plus… Naturel.

- Fais-moi ce plaisir s’il te plait. Rien que tous les deux, pas de gardes du corps envahissant, rien d’autre, que nous.

Mes doigts glissent le long de son torse, je lui fais mes yeux de biche. Un petit sourire coquin et joueur se dessine sur mes lèvres, alors que je précise à nouveau.

- Si tu veux me soutirer une version -18 ce soir, ça sera que sous ces conditions.

Pour obtenir cette journée un peu spéciale, je suis prête à la jouer mielleuse et tout ce qui va avec. Notre petit couple a bien besoin de changements de ce genre. J’ai appris à vivre avec ses extravagances chaque fois que je viens ici, à lui de se plonger un peu dans le monde que j’ai dû affronter jusqu’à tomber sur mon frère. Me faire Appeler Venus ou Pupuce chaque fois qu’on se voit, est selon moi gage d’effort et d’affection pour lui !

Pourquoi c’est toujours moi ?
Pourquoi, je suis toujours celle qui joue le rôle de la mauvaise fille. Je dois bien admettre, qu’en réalité cela me plait, mais quand même. Je suis celle qui a les mauvaises idées et les propositions un peu déplassées et à ce sujet je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises. J’admets d’ailleurs autre chose, c’est que je n’aurais pas soupçonné que monsieur parfait accède si facilement à mes demandes. J’aurais juré être obligée de galérer bien davantage pour le convaincre de désobéir à son cher frère, Sam. Mais bon, après tout il faut du courage pour affronter ses ennemis, mais il en encore plus pour affronter ses amis ou sa famille. Et Même si j’ai parfois l’impression que Dean est un faux téméraire, comme s’il lisait dans mes pensées, chaque fois que je le sous-estime, le beau blond au sourire ravageur me mets face à mes torts et aujourd’hui ne fera pas exception.  Dean me saisit la main, et prononce une phrase, qui ne peut que me faire sourire. Visiblement, il est entré dans mon jeu et aussitôt, il se met à courir, m’entraînant dans son élan avec lui. J’attrape mon sac au passage avant de le jeter sur mon dos. Notre course est lancée, une fugue pas vraiment organisée, qui a tout intérêt à se solder par une réussite. Mais si Dean et moi revenons à l’arène en un seul morceau, peut-être que la perspective que le blond ai sans arrêt des gens avec lui pourrait changer ? Notre intimité de couple, ne s’en porterait que mieux.

Si ma voiture est prête à rouler ? Un peu qu’elle l’est !
Lui qui demandait quelque chose de plus rapide qu’un Nimbus, je pense que ma chère impala fera franchement l’affaire. J’ouvre la portière, Dean faisant de même de son côté. Je démarre rapidement, passée maître dans l’art du démarrage éclaire et bientôt, nous voilà dehors. Je ne peux m’empêcher de sourire et de jeter un regard vers Dean. C’était excitant de fuir tous les deux en courant à travers l’arène. Dean et sa Vénus, entrain de se la jouer romantique… Je n’ai jamais été romantique. Mais depuis Dean, cette tendance me prend de plus en plus j’ai l’impression. Après tout, se retrouver dehors rien qu’à deux, c’est un peu romantique. Après tout, nous ne faisons qu’enfreindre une loi érigée par son frère, mais c’est amusant de ne pas respecter le règlement, surtout quand celui-ci n’est là que pour empêcher Dean de devenir débrouillard.  Il l’a souligné tout à l’heure, il a pris des cours de survie mais… Mentalement, je ne le sens pas très autonome. Pourtant, cet homme plein de surprise, pourrait au long de cette journée, me montrer à nouveau que j’ai tort. Et c’est précisément pour ça, que je voulais qu’on fugue ensemble, à deux. Pour apprendre à mieux se connaître.
Je continue de conduire, tandis que l’arène rétrécit peu à peu dans le rétroviseur. Je ris doucement.

- Hé bien ! Mon merveilleux acteur a plus d’un tour dans son sac je vois. Je t'aurais pensé plus hésitant à l'idée de désobéir à Sam !

Un petit sourire naît sur mes lèvres, alors que je ne quitte pas la route des yeux.

- C’est parce que j’ai parlé de notre scène pour adulte que t’as si peu hésité ? Je vais conduire un petit moment et après, on cachera la voiture, pour pouvoir commencer notre journée de survie. Je me disais qu’on pourrait tenter d’attraper un lapin ?

Enfin, nous sommes dehors. Rien que nous deux. Je crois que ceci n’était plus arrivé depuis le tout début, à savoir notre rencontre. Un sentiment étrange me prend aux tripes, comme si, notre relation avait été vécu par beaucoup trop de personnes en plus de nous. Quand on y pense, la présence permanente de gens autour de nous, n’a pas laissé grande place au développement de notre relation. Aussi, lorsque nous commençons enfin à bouger, à marcher sur les débris d’un temps révolu, j’écoute ses paroles, ses réflexions, ses objections. Me concernant, je cherche déjà des ouvertures près du sol, étroites et des traces d’excréments de rongeur. Il est temps de poser le piège pour notre dîner. Je souris finement. Dean a ce côté naïf, qui m’exaspère autant qu’il peut parfois m’attendrir.

- Les morts ne mangent pas de lapins, ni de lièvres. Aujourd’hui Dean, on fait une journée survie. Ce qui implique, vu le maigre équipement qu’on a, qu’on va devoir attraper notre propre repas. Un lièvre, pour le coup. Et c’est parfait, parce qu’ils sont bien gros à cette période de l’année et on aura de quoi manger.

Je me tourne vers lui, d’un air neutre, et tranquille comme à mon habitude.

- Je ne plaisante pas Dean. Je veux vraiment, qu’on passe cette journée ensemble. On va s’entraider, marcher beaucoup et parler. Après tout, on ne peut pas vraiment dire qu’on ai le temps d’être tranquille, que ça soit à l’arène ou à Fort Hope. Je connais pas ta couleur préférée et je suis bien persuadée que toi non plus.

C’est un exemple idiot et culcul, mais je m’y tiens malgré tout. Si Dean, veut vraiment que je sois son grand amour ou je ne sais quoi, faudra bien un jour commencer à bâtir quelque chose, ne serait-ce que parler de nos passés respectifs, hors de sa carrière cinématographique dont il me rebat si joyeusement les oreilles, toute la sainte journée.

- Alors regarde au sol, si tu vois des ouvertures qui ressembleraient à des terriers ou des crottes de lapin. Tu sais à quoi ça ressemble ?

J’ai un sérieux doute là dessus, mais Dean aussi a sûrement dû voir quelqu’un attraper leur repas, au moins une fois depuis la fin de notre monde moderne non ?