Malorie s'était levée tôt ce matin pour vaquer à ses occupations et Maya n'avait rien de prévu en particulier. En bonne esclave, elle aurait surement dû rester sagement enfermée dans les quartiers de Malorie, à attendre un ordre quelconque, mais elle n'était pas vraiment une bonne esclave. La jeune femme était donc sortie pour prendre l'air au dernier étage de l'arène, là où des potagers étaient cultivés. C'était son endroit préféré ici. C'était toujours tranquille, parfois un ou deux esclaves s'occupaient du potager, mais suivant les heures où elle venait, elle pouvait se retrouver totalement seule comme ce matin. Elle avait l'impression d'être une personne normale, observant juste les alentours du haut de l'arène. C'était si calme, comme un moment de répit face à tout ce qui se passait à l'arène. Elle y resta une bonne heure, juste assise, profitant de l'air, méditant, se vidant l'esprit pour mieux affronter la journée à venir. Malheureusement, elle ne savait jamais comment une journée allait se passer ici. La plupart du temps, elle se contentait de suivre les ordres de Malorie, donnant un coup de main à droite et à gauche. Elle se sentait terriblement seule aussi. Hormis Malorie, personne ne lui adressait vraiment la parole. Pour les gladiateurs et autres personnes "importantes" de l'arène, elle n'était qu'une esclave à qui ça ne valait pas la peine de parler hormis pour donner des ordres. Pour les autres esclaves, elle attisait la jalousie de part son statut particulier d'esclave personnelle de Malorie et ils ne lui adressaient donc pas la parole.

Lorsqu'elle redescendit, un homme l'attendait dans la chambre de Malorie, il lui dit de venir avec elle, que c'étaient les ordres de Dean et qu'elle n'avait pas le choix sous peine d'être jetée en pâture aux rôdeurs. Il ne lui donna pas plus d'informations et le trajet se fit en silence. Maya rongeait son frein, elle n'aimait pas cela. La jeune esclave vit avec une certaine angoisse qu'ils prenaient le chemin du centre de l'arène, là où ils faisaient leurs fameux spectacles. Elle avait toujours refusé d'y assister. Elle ne supportait pas qu'on puisse aimer se battre contre d'autres hommes ou des rôdeurs juste pour amuser un public, sans parler des esclaves littéralement jetaient en pâture aux morts vivants. On pouvait entendre la clameur du public de là où ils étaient. Elle n'aimait pas du tout cela. Il la fit rentrer dans une salle où elle vit une grande cage. Il y avait également deux autres hommes qui la regardaient avec un air amusé.  

Lorsqu'elle comprit plus ou moins qu'elle ferait partie du prochain spectacle, Maya recula contre le mur et leva les mains devant les hommes qui se rapprochaient. "Malorie est au courant ? Vous n'avez pas le droit ! Lâchez-moi !" cria-t-elle quand le premier homme attrapa son bras. Peine perdue, ils se fichaient complètement de ce qu'elle leur disait ou faisait. Maya se débattit, elle cria, leur donna des coups de pieds, en mordit même un au sang mais tout ce qu'elle récolta fut une bonne giffle qui l'assomma légèrement. Quelques minutes plus tard, elle se retrouvait enfermée dans une cage, attachée par les mains aux barreaux. La cage fut hissée au dessus d'une fosse de rôdeurs. "Bordel, mais ça va pas ?" leur cria Maya tandis que la cage commençait à doucement descendre au milieu des rôdeurs. Ils étaient en train de la livrer vivante à une horde de rôdeurs affamés. C'était ça leur spectacle ? Et tout ce public hystérique, attendant de voir du sang et de la chaire fraîche. C'était une horreur. Maya commença à paniquer, elle n'était même pas armée. Ce fut alors que le treuil qui descendait la cage, eut une petite faiblesse et elle descendit d'un seul coup d'un bon mètre, lui arrachant un cri de surprise. Ok, là, ce n'était plus drôle du tout. Maya se démena pour tenter de libérer ses mains. Elle n'allait pas se laisser tuer comme ça sans se défendre un minimum. Par chance, sa main droite n'était pas correctement attachée et elle pu se la libérer sans trop de problème.

Maya allait littéralement se faire bouffer par les rôdeurs et la foule était complètement hystérique, comme s'ils étaient à un match de foot. L'apocalypse avait vraiment tapé sur la tête de certains. Sérieusement, on devrait plutôt se soutenir face à l'invasion des rôdeurs non ? L'humanité était en train de s'éteindre petit à petit et certains trouvaient ça géniale de voir une femme se faire dévorer vivante par des morts-vivant. Maya n'était pas du genre à attendre que son destin funèbre arrive sans se battre. Jusqu'au bout elle ne lâcherait pas l'affaire, quitte à donner du fil à retordre à ceux qui lui voulait du mal. Honnêtement, elle avait bien conscience que la partie semblait perdu d'avance. Elle était dans une cage, ligotée, seule et sans arme au dessus d'une horde de rôdeurs et la cage était à deux doigts de s'écraser au sol.. Elle avait réussi à libérer une de ses mains mais la deuxième était trop bien ligotée. Elle ne réussit qu'à s'arracher la peau autour du poignet à force de tirer sur ses liens. Mais à ce moment précis, elle ne sentait plus la douleur, l'adrénaline la rendait insensible et elle tirait tirait comme une forcenée. Tant que sa main était attachée, elle risquait de se la voir arracher par les rôdeurs. Maya essayait de ne pas laisser la panique l'envahir mais c'était dure. Elle ne voyait comment ça pouvait bien se finir.

Ce fut alors qu'Isha attérit sur la cage. Il lui dit que la cage allait tomber, qu'elle devait rester au milieu et que le combat était truqué. "Et toi ?" lui cria-t-elle en s'emparant de l'épée. Isha ne devait pas resté ici ou il se ferait bouffer vivant lui aussi. Ce fut alors que le treuil lâcha un peu plus et la cage retomba d'un bon mètre. Maya laissa échapper un cri de surprise et lutta pour ne pas perdre l'équilibre. Les rôdeurs se rapprochaient à vue d'oeil et les avait bien repéré. "Vas t'en tant que tu le peux !" cria Maya à Isha. Elle ne se doutait pas une seule seconde que si elle était là, c'était à sa demande, pour remplacer la femme qu'il aimait sinon elle l'aurait jetée elle-même au milieu de la fosse. "Tu peux rien pour moi !" continua-t-elle tandis qu'il essayait de crocheter la serrure. Ce fut à ce moment-là qu'un grand grincement se fit entendre et que la cage s'écrasa au sol. Maya perdit l'équilibre, roula dans un coin avant de se redresser précipitamment pour ne pas se faire attraper par les bras des rôdeurs. A l'aide de l'épée qu'Isha lui avait donné, elle enfonça la lame dans le crâne des rôdeurs qui étaient à proximité de la cage. Elle n'avait pas eu le temps de voir où avait disparu Isha. Elle repensa à ses paroles : rester dans la cage jusqu'à ce que quelqu'un vienne la sauver. Parce qu'il croyait vraiment qu'on l'avait mise dans cette cage et qu'on viendrait la chercher ensuite ? Non, elle avait compris que dans cette arène, c'était chacun pour soi. Maya ne pouvait compter que sur elle-même et pas sur les propriétaires des lieux dont l'un d'eux continuait à beugler dans son micro. Elle lui ferait bien avaler son micro tiens. Elle s'accrocha à sa rage pour ne pas perdre espoir et pour continuer à se battre.

Maya entendait Robin lui crier de ne pas bouger de là où elle était. Il était marrant lui, elle était enfermée dans une cage dont elle n'avait pas la clé, elle ne pourrait pas aller bien loin. Mais au vu du grincement de la cage sous le poids des rôdeurs qui s'accumulaient contre les barreaux, elle n'était pas sûre que la cage tienne très très longtemps. Et l'autre là qui continuait à brailler dans son micro, il lui tapait sérieusement sur les nerfs. Pourtant, elle sentait que tout ne se passait pas comme prévu. Robin n'était pas censé être un de leur "champion" ? Pourquoi lui faire courir un tel risque seul contre autant de rôdeurs avec une cage dont le treuil très clairement laissé à désirer ? Et quasiment sans aucune protection de surcroît... Soit ils étaient complètement tarés, ce dont elle ne doutait pas énormément, soit il y avait eu un soucis dans le déroulé de leur "spectacle"... Dans tous les cas, cette histoire ne sentait clairement pas bon ni pour l'un, ni pour l'autre... La jeune esclave continuait à de tuer le maximum de rôdeurs. Il fallait qu'elle soit vigilante car vu la taille de la cage, un rôdeur pouvait aisément l'attraper et la tirer à elle. Elle était essouflée et n'en voyait pas le bout. Elle réondit alors à Robin : "Je suis là ! Si t'as un plan, dépêches-toi car je ne tiendrais pas longtemps !" Quelques rôdeurs étaient grimpés sur la cage. Les barreaux, rouillés par endroit, tremblaient sous leur poids. La jeune femme les regarda non sans une certaine appréhension. Si le plafond de la cage s'écroulait, elle serait coincée dessous, à la merci des rôdeurs et se feraient dévorés avant même qu'elle ne puisse réagir.

Maya enfonça sa lame dans le crâne du rôdeur le plus près d'elle. Elle avait beau tourné le problème dans tous les sens, elle ne voyait pas comment s'en sortir. Elle leva les yeux, le treuil ou ce qu'il en restait était trop haut pour qu'elle puisse espérer l'attraper. Pour le moment, sa seule possibilité de survie résidait dans le fait qu'elle soit enfermée dans une cage. Mais lorsque la cage ne résisterait plus à l'assaut des rôdeurs, elle ne donnerait pas cher de sa peau à ce moment-là... La jeune femme chercha Robin des yeux. Elle ne le voyait plus. "Robin !" cria-t-elle. Ne pas laisser la panique l'envahir, Maya s'efforça de respirer calmement."ça va pour toi ? Répond moi !" Il avait peut être réussit à se mettre à l'abri, ou alors il avait échoué et s'était fait avoir par les rôdeurs, ce qu'elle n'espérait pas. En tout cas, s'ils s'en sortaient, une chose était sûre : elle ferait tout pour quitter cet enfer, qui, un jour ou l'autre aura sa peau...

L'homme au micro demanda ce que faisait le champion et s'il renonçait à son grand amour. La jeune esclave eut un instant, peur qu'il ne l'abandonne à son sort. Maya était mal barrée. Elle continua à repousser le maximum de rôdeurs. L'un d'eux parvint à lui griffer le bras et elle lui planta aussitôt son épée dans le crâne. Un autre en profita pour lui arracher un bout de sa tunique et elle lui trancha le bras. Elle n'était pas surhumaine. Le nombre de rôdeurs n'avait pas l'air de diminuer et ses forces ne tiendraient plus très longtemps. La jeune esclave crut un instant ne devoir compter que sur elle-même quand soudain, entre deux rôdeurs, apparut Robin. Elle manqua d'ailleurs de lui planter son épée entre les deux yeux. Il ouvrit la cage et lui dit qu'il espérait qu'elle soit une bonne grimpeuse. Levant brièvement les yeux au ciel, elle vit qu'on leur descendait une sorte de câble. Le seul soucis, c'est que tout ça prenait énormément de temps, beaucoup trop même. Le câble descendait à l'allure d'un escargot.

Instinctivement, elle tourna le dos à Robin et ils se défendirent dos à dos, chacun protégeant les arrières de l'autre. "Monte, je m'accrocherai à toi !" Le contraire était impossible. Maya n'aurait pas la force de rester accrochée au câble si Robin s'accrochait à elle ensuite. Un rôdeur s'approcha dangereusement de son visage et elle le repoussa de justesse, évitant de peu une morsure fatale. Bon sang, ils n'avaient pas de moyen de les faire rentrer dans leurs cages les rôdeurs ? Ils n'avaient pas prévus une issue de secours au cas où et ils laisseraient leur champion se faire bouffer vivant ? Non, les dirigeants de l'arène n'avaient pas inventer l'eau chaude à priori... Et puis les rôdeurs avaient l'air d'être encore plus affamés et aggressifs que ceux qu'elle avait pu croisé à l'extérieur. A croire qu'ils les élevaient comme un porc destiné à l’abatoire Bref tout était fait pour qu'ils meurent dans cette arène.

Soudain, le câble apparut devant eux, Maya cria alors au gladiateur : "Vas-y !" Il fallait juste croiser les doigts pour que Maya parvienne à s'accrocher à Robin sans se faire dévorer entre temps et que le câble ne lâche pas sous leur poids, ce qui était loin d'être gagné au vu de l'histoire du treuil qui était censé retenir le poids de la cage tout à l'heure...

Il y a des moments où le passé ne compte plus et Isha aurait eu beau lui crier qu'il avait été violé et ne supportait donc pas le contact physique, Maya ne l'aurait certainement pas écouté. La survie avant tout, c'était sa devise depuis que cette fichue épidémie leur était tombée dessus. Il n'en fit, bien sure, qu'à sa tête et lorsque la corde descendit, il la lui passa autour du buste et s'agrippa à elle. Heureusement, la corde tint le coup et ils se retrouvèrent enfin en sécurité, après quelques minutes angoissantes, suspendus dans le vide. La jeune femme était abasourdie par ce qu'il venait de se passer. Tout le monde applaudissait, mais ils applaudissaient quoi au juste ? Le fait d'avoir survécu à une horde de rôdeurs juste pour l'hystérie d'un public de tarés ? Elle mit un moment à revenir à la réalité. Isha lui demanda si elle pouvait se relever, elle acquiesça. Maya avait mal partout mais elle pouvait passer outre la douleur. Sans comprendre, elle laissa Isha lui lever la main en signe de victoire. Il lui expliqua ensuite la suite des événements. Maya secoua la tête mais l'écouta. Elle s’efforça de sourire mais son sourire faux résonnait plus comme une grimace. ."Vous êtes tarés.." siffla-t-elle entre ses dents. ça la rendait littéralement folle tout ça, cette ambiance, ce public hystérique.

La jeune femme avait envie plus que tout de se barrer d'ici et de les laisser tous en plan, eux et leurs délires de fous. Pourtant, Maya fit exactement ce qu'il lui disait. Son corps suivit les délires d'Isha et elle leva les bras en souriant comme si sa vie en dépendant. Son esprit était ailleurs, encore secoué par les récents événements, tandis qu'ils faisaient une sorte de tour d'honneur. C'était juste hallucinant, elle avait l'impression d'être en plein cauchemar. Elle avait envie de leur crier de la pincer pour se réveiller de ce mauvais rêve. Malheureusement, elle était bien en pleine réalité. "Comment tu peux supporter ça ?" souffla-t-elle au gladiateur tandis qu'elle posait un regard noir et rempli de haine sur le public autour d'eux. La jeune esclave chercha Malorie du regard mais elle ne la vit pas. Sa "patronne" aurait-elle accepté qu'on se serve de Maya ainsi ? Elle espérait de tout son cœur que ce n'était pas le cas et qu'elle pourrait encore compter la jeune femme comme une alliée. Elle avait l'impression qu'il n'y avait qu'elle de son côté. "Il faut que je sorte d'ici." dit-elle à Isha, sentant arriver une crise d'angoisse. Elle n'était habituellement pas sujette à ça et parvenait sans soucis à se contenir et à garder son sang froid, mais là, ce qu'elle avait vécu dans l'arène, les cris du public, leurs regards sur elle, c'était trop, beaucoup trop. La jeune esclave avait absolument besoin de prendre l'air.