Vote au top-site, sauve une licorne !
In Your Flesh
Depuis l'été 2014, l'Apocalypse règne sur le territoire américain. Dans la région de Détroit, les survivants s'organisent seuls depuis des mois pour sauver leurs vies et résister aux rôdeurs. Quand, après trois ans sans nouvelles du gouvernement, l'armée revient à Détroit, un nouvel espoir semble possible pour les survivants. Mais à quel prix ?
Vote au top-site !
Après trois ans et demi de bons et loyaux services, In Your Flesh passe en forum semi-privé autogéré. Les tâches administratives sont réduites au minimum, les inscriptions filtrés et les validations supprimées. Nous vous proposons plusieurs zones de RP différentes, dans lesquelles les intrigues sont gérées par les membres sur la base du volontariat et où chacun peut RP librement en suivant seulement une trame commune.
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

 She was just bad as the dark > Malorie Erikson
In Your Flesh :: Michigan State :: Arène de combat

L'Arène
Blue TorinoL'Arène
Blue Torino
Carte d'identité
Occupation actuelle : Bête de foire
Messages : 36
Points : 1844
Date d'inscription : 22/09/2019

She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty
MessageSujet: She was just bad as the dark > Malorie Erikson   She was just bad as the dark > Malorie Erikson EmptyMar 24 Sep 2019 - 18:20
Ça racle, à l'intérieur de moi. Je le sens, c'est comme un insecte qui rampe, ou des griffes qui s'aiguisent au sommet de ma nuque. C'est révoltant, c'est épatant. De sentir une chose vivre au fond de soi. Je ne sais pas, je ne sais plus. À chaque fois c'est la même rengaine. Où est le sol, où est le ciel ou la lumière. Ça apparait clair dans ma tête lorsqu'on me remet de force à la réalité. Oui, je suis bien là, il y a bien des gens autour de moi. Je me rappelle que j'ai froid, que j'ai terriblement faim, que ça ne peut pas aller si je reste autant éveillée. Si je reste vraiment moi même pendant quelques heures, mon corps n'y survivra pas. Alors je vais éviter de sombrer dans la mort ou de succomber à Kob.

Kob se repose là. Lui aussi n'en peut plus. Il doit sommeiller un peu pour reprendre le dessus si jamais tout ça tourne mal. J'ai eu du mal à me concentrer sur ce qu'il voulait vraiment, ici dans cette Arène, mais je dois faire le nécessaire. De toute manière, lui je sais qu'il est là avec moi. Il s'occupera de tout lorsqu'il le faudra. Il me l'a promis. Alors je marche, j'avance douloureusement dans une foule déchaînée. J'ai l'impression de boiter, je crois que j'ai vraiment mal aux pieds. Quand je pose un pied par terre, je sens mes chaussettes s'égoutter puis s'imbiber de sang. Je crois que j'ai des ampoules, je crois qu'on m'a arraché de la chaire. Non, je me rappelle, c'est la bête qui a mis mes orteils au dessus du feu pour éviter les engelures. Dieu, qu'est ce que je peux avoir froid. Mon sac à dos pèse une tonne et j'ai l'impression que mes os s'entrechoquent à chaque fois que mes pas touchent le sol.

- Je voudrais parler à quelqu'un qui travaille ici.

Des yeux tombent sur moi, des yeux bruns qui appartiennent à un homme. Il a l'air suant et gras, il n'a pas l'air d'être très sympathique. Il ouvre la bouche et je vois un filet de bave se décrocher de ses gencives. C'est dégoûtant, mais je prends la peine de coller une pupille dans le fond de sa gorge. Kob s'envenime un peu, il me chuchote que la glotte est facile à pénétrer avec une si grande cavité buccale. Je souris, parce que je ne suis toujours pas d'accord pour savoir si c'est juste un pervers aux blagues douteuses ou une remarque pour que j'agisse. Une petite lame dans le palais, ça transperce son nez et ça coulerai comme une fontaine. Non, non Kob. Pas maintenant.

- T'as payé pour être là au moins?!

Je tique de l'oeil. Pourquoi la gentillesse s'est perdue, avec tout ce qui est arrivé au monde depuis l'épidémie?

- Je voudrais parler à quelqu'un qui travaille i…

Je sens son énorme main saisir mon biceps. Par réflexe, j'essaie de le retirer. Mais il tient prise, il ne lâche pas. Il ne veut pas me laisser partir. Il veut que je reste avec lui. À plusieurs reprises j'essaie de me libérer de sa poigne mais il rit, il rit grassement.

- Tu vas t'attirer des emmerdes arrête de te…

Oui je me débats. Je veux qu'il arrête de tirer sur ma manche, je veux qu'il cesse de me regarder avec ses yeux ronds et jaunis. Il y a quelque chose de malsain à l'intérieur de son crâne. Ça se sent.

- Putain je t'ai dit d'arrêter !!!

Il a pris une grosse voix, mais Kob ne peut pas prendre le relai. Pas ici, il y a trop de monde. Je crois ne pas avoir le droit d'attraper un couteau et de lui planter à plusieurs reprises dans la carotide. Mais si il continue d'approcher son énorme visage je ne vais pas pouvoir me contenir longtemps. Il beugle d'aller chercher "la patronne" à un de ses acolytes. Il prend de l'ampleur devant moi, je sens bien qu'il perd patience et moi aussi. Alors je sers les dents.

- Mais… Mais lâche moi ! Lâche moi !

Je sens mon sac à dos se secouer pendant que je sautille sur place en essayant de prendre la fuite. Ma manche s'échappe un instant d'entre ses doigts et je n'ai qu'une idée en tête, c'est de trouver une sortie et vite. Kob n'a pas l'air content de cette décision, il réclame que j'y retourne immédiatement, mais nos pieds sont trop douloureux pour courir vite. Où dois-je aller? D'où est-ce que je viens d'ailleurs? A droite, non à gauche. Non, je crois devoir continuer tout droit. Je détale comme un lapin et j'entends derrière moi que ça jappe fort. On essaie de me rattraper, on me désigne comme la fille aux cheveux blancs, qu'il faut l'attraper coûte que coûte. Je dois être ridicule à voir, clopinante, creuse et vidée d'énergie à essayer de donner un dernier coup de grâce pour me sortir d'ici. Malgré la foule qui s'amasse, à contre-courant, je peux distinguer une sortie. Oui, c'est bien par ici, il y a de la lumière artificielle qui brille et je peux distinguer une rue. Kob renâcle que je dois courir plus vite, alors j'essaie du mieux que je peux. Je ne veux pas le décevoir, et je ne peux pas rester dans un endroit où on me force à rester, où on me force à me laisser faire lorsqu'on m'attrape ou qu'on me touche. Une dizaine de pas, il y a ma porte de sortie. Je comprends que les gardes à la hauteur de la porte vont m'empêcher de passer, ils ont compris l'information. Mais ça grésille trop pour que j'entende les éclats de voix se dire quoi faire. Il y a les battements de mon coeur dans mes tempes, les sifflements de Kob et je n'arrive pas à distinguer la réalité autour de moi. J'ai froid. J'ai tellement froid que je pourrais m'allonger là, de tout mon long et geler sur place. Mais une sueur glacée me saisit, j'ai déjà dépensé trop d'énergies. J'ai envie de mourir, ça suffit. J'en ai marre de devoir m'échapper, de devoir me révolter parce que je n'ai pas envie que l'on m'approche. Moi, tout ce que je voulais ici, c'était satisfaire Kob une bonne fois pour toute.

- Aller Blue, dépêche-toi dépêche-toi dépêche-toi dépêche-toi dépêche-t…

Malgré la voix grave de la bête qui m'assure de devoir aller plus vite, je sens bien que je commence à être prise au piège.
L'Arène
Malorie EriksonL'Arène
Malorie Erikson
Carte d'identité
Occupation actuelle : Bras droit de Dean Caulfield, tribun, patronne de la taverne
Messages : 3887
Points : 6127
Date d'inscription : 17/07/2017

She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty
MessageSujet: Re: She was just bad as the dark > Malorie Erikson   She was just bad as the dark > Malorie Erikson EmptyMer 25 Sep 2019 - 10:45
Ce soir il y avait spectacle. Pas un grand show non; on était en semaine et les champions se reposaient après un entraînement intensif car le week-end promettait d'être chargé.
Juste une première partie avec mangeurs d'hommes, esclaves féminines effrayées, presque en pâmoison et un gladiateur débutant pour tenir le rôle du faux prince charmant volant au secours des demoiselles avant leur mise à mort, suivie d'un combat entre gladiateurs confirmés avec figures acrobatiques au milieu d'une horde de Puants, bien entendu. Le public adorait ça.

Dean non plus n'était pas là. Il avait bidouillé une mise en scène à la va vite et s'était éclipsé laissant à Malou le soin de faire régner l'ordre, de jeter un coup d'oeil deci delà et d'accueillir éventuellement le public, au moins le gratin...
Putaain ! Éructa t-elle. J'ai une tronche à faire hôtesse d'accueil ? Bordel !
Elle avait besoin de Maya, c'était évident. Pas pour pousser le fauteuil roulant, elle pouvait le faire seule mais pour l'aider à la lourde tâche du sourire commerciale, elle qui avait oublié depuis longtemps comment fonctionnaient ses muscles zygomatiques.

La jeune esclave détestait ces genres de représentations mais l'infirme avait réussi à la faire plier en lui promettant de rester toutes les deux non loin des caisses et de ne plus en bouger.
En chemin elle alpaga Screw son garde du corps, un grand black fin au visage avenant avec une éternelle risette au coin des lèvres masquant une cruauté à toute épreuve et le trio se dirigea vers l'unique couloir qui servait d'entrée et de sortie avant de se caler non loin de Jésus, le redoutable homme à tout faire de Dean qui posa sur eux son regard noir sans expression pour tout bonjour.

La foule était entrée et s'était installée sur les gradin sans incidents.
Malou, dos à demi tourné vers le mur comptait les mouches sans se soucier des quidams et conclut qu'il n'y avait eu personne à saluer plus particulièrement.
Durant toute l'attraction elle s'ennuya ferme d'autant qu'il n'y avait rien à signaler et que ni Screw ni Jésus étaient réputés pour être bavards. Qu'importe, elle n'avait pas envie de causer de toutes façon.

Enfin le show était terminé.
Les spectateurs ovationnèrent le Grand-Guignol, sifflant, huant, applaudissant, tapant des pieds puis s'en furent d'où ils étaient venus.
« Pas trop tôt ! » songea la tribun qui avait hâte de regagner sa suite.
Le hall fut à nouveau grouillant d'un monde électrisé par la vue de tant de violence et d'hémoglobine.
Certains dirigeraient leurs pas vers la taverne où Vaughn officiait, d'autres iraient chatouiller la bout du nez ou plus si affinité des vestales qui affichaient leurs toilettes et atouts majeurs, d'autres encore iraient se castagner au coin de la rue suivante histoire de se la jouer champion d'arène par procuration et une poignée enfin, regagnerait sagement ou non ses pénates.

Elle pensait être tranquille, ne pas avoir à intervenir, ne pas avoir à se fâcher ou à embrayer dare-dare une course poursuite en fauteuil roulant contre récalcitrants de tous poils...
C'était sans compter l'espèce de greluche tellement péroxydée qu'elle en avait des cheveux blancs.
Elle semblait faire du remue-ménage dans un endroit où les règles étaient strictes du point de vue de César le grand maître de séant, dictatoriales selon l'interprétation que Malou avait fait du code de lois d'un lieu que même les dieux avaient déserté.
Elle la toisa quelques instants.
La jeune femme boitait, semblait faible et tremblotait. Avait-elle froid ? Impossible ! L'arène était chauffée et la chaleur humaine du public avait dû monter la température à 25 degrés. Elle devait plus probablement être malade, affamée ou les deux.
Elle haussa les épaules. Le service d'ordre en ferait son affaire, c'était leur boulot après tout.
Elle se tourna vers Maya et ordonna:
on rentre, la corvée est terminée.
Mais l'esclave semblait porter une attention toute particulière à la petite chose qui se débattait pour s'enfuir. Craignait-elle qu'elle finisse pire qu'elle ?
C'était tout vu. Une fois attrapée, la blondasse presque blanche finirait dans le dortoir commun des esclaves sans ses affaires, désarmée, y serait violée comme de coutume et se verrait assigner une multitude de tâches ingrates avant de finir au centre de l'arène en toge presque transparente, pieds nus dans le sable à se faire dévorer à petit feu devant une foule hystérique.
Malou poussa un soupir.
Elle était presque la seule à s'affliger du sort de ces pauvres hères mais ne pouvait rien y faire d'autre que soulager la peine de quelques-uns ou protéger une petite poignée d'autres en les mettant à son service.

Il y avait du mouvement à présent. L'inconnue avait réussi à se dégager de l'étreinte d'un homme et courait lamentablement vers la sortie. Elle était à bout, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure.
La tribun roula en direction du litige et vit Jésus qui se dirigeait lentement et pesamment vers les portes à battant,visage hermétique.
L'homme était immense; une véritable armoire à glace. Son front bas et butté indiquait peut-être un esprit limité mais ici on ne lui demandait pas d'être intelligent ce qui libérait d'autant sa force herculéenne.
Il semblait inamovible, impénétrable telle une machine à tuer silencieuse, discrète, efficace.
Il se posta devant l'huisserie annihilant de son corps large tout espoir de fuite et attendit que la jeune écervelée lui tombe dans les bras.
Malou eut le sentiment que des frissons d'effroi parcourait le dos de sa protégée et annonça:
ok, viens, on y va.

La jeune fille fit subir une accélération à son engin roulant et se posta devant la scène.
L'étrangère, prise au piège par le bloc de glace imperméable et peu avenant semblait perdue. Jésus n'eut même pas besoin de la toucher, sa présence suffisait tandis qu'un silence s'imposait parmi un reliquat de foule qui se tassait dans un coin, cul serré, tête basse.
Malou était seule à avoir un rapport privilégié avec l'homme de main de Dean. Bras droit de l'ex star et fière de l'être, le mastodonte était également à son service.
Que se passe t-il ici ?
Demanda t-elle d'une voix claquante tandis que son regard acéré comme deux lames d'acier et froids comme la glace se plantaient dans ceux pâles et enfiévrés de la décolorée.

La nouvelle venue tournerait peut-être la tête vers les deux arrivantes pour découvrir, en ce qui concernait la tribun, une jeune fille de vingt ans qui en paraissait seize ou six-sept, jeans, baskets, petite, très maigre et assise dans un fauteuil roulant présageant un handicap quelconque – A moins que ce fut un moyen de locomotion ? Un trône à roulette ? Allez savoir en ce lieu maudit où la folie vous frôlait de ses ailes à chaque instant. -
Des cheveux blonds et raides cachaient mal des oreilles décollées et son visage avait une beauté tellement spéciale que certains prétendaient qu'elle était laide. Qu'importe. Malou avait autre chose à faire qu'user le tain de son miroir.
De son sac à dos posé sur ses genoux dépassait le manche d'un fouet, habituellement destiné pour les chevaux, qu'elle maniait aisément pour mâter les insoumis.

Elle a pas payé son entrée !
Osa gueuler de loin un gus du service de sécurité.
Sans baisser le regard Malou siffla entre ses dents avant de susurrer tel un serpent devant sa proie:
Tu sais que tu es mal barrée là ?
Jésus n'avait pas bougé. Il attendait les ordres. Il savait de toutes façon que le petit moustique presque collé contre son ventre venait de signer avec son sang un contrat avec le diable sans avoir eu besoin d'une plume d'ange maléfique.
Dans quelques minutes il donnerait pour consigne d'aller préparer le seau de braises.

Malou, un peu plus évoluée intellectuellement pensait autrement.
Sans se départir de son air revêche et autoritaire, son esprit lui murmurait que l'être fragilisé devant elle devait cacher un autre jeu.
Il était jusque là impossible d'éviter la caisse où chacun déposait quelque chose avant d'entrer. Celle-ci avait réussi à resquiller... Comment avait-elle fait ?!
Elle prolongea de quelques secondes l'examen et vit dans les yeux de la jeune femme quelque chose de trouble qui la désarçonna légèrement.
Sans rien laisser transparaître extérieurement elle se demanda qu'elle était la raison de cet étrange malaise. Cette fille semblait avoir quelque chose de particulier, moins intéressant que la personnalité de Maya c'était évident mais tout de même...
Elle en conclut que ce serait peut-être du gâchis de laisser l'inconnue croupir dans l'antre aux esclaves mais que pourrait-elle bien en faire ? À quoi pourrait-elle être utile ?
Vestale ?
Non. Un éclat un peu trop sauvage dans sa pupille et un voile presque malsain s'était baissé sur ses iris, elle ne ferait pas l'affaire.
Une graine de champion ? Pourquoi pas... Mais cette conclusion qui frôlait à présent les neurones de la boss n'était pas à l'ordre du jour. Elle devrait passer à l'infirmerie, manger et surtout être sondée psychologiquement par la tribun qui avait déjà quelques idées en la matière.
Qu'est-ce que tu sais faire ? Lança t-elle comme une claque cinglante. Quels sont tes particularités ? Tu as un talent quelconque ou tu es tout juste bonne à récurer des chiottes et éplucher les patates ?
L'Arène
Blue TorinoL'Arène
Blue Torino
Carte d'identité
Occupation actuelle : Bête de foire
Messages : 36
Points : 1844
Date d'inscription : 22/09/2019

She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty
MessageSujet: Re: She was just bad as the dark > Malorie Erikson   She was just bad as the dark > Malorie Erikson EmptyDim 29 Sep 2019 - 13:50
De toute manière, je le vois bien, je le sens bien, que je n’y arriverai pas. Kob ralentit-il me pas exprès pour rester dans ce nid de violence? Ou c’est réellement mon corps qui ne supporte plus le poids de mes intestins, de mon coeur fatigué, de mon cerveau embrumé? Ça pèse, c’est terrible ce qu’on appelle la gravité. Ça vous attire, ça vous coince sur terre. Et à ça, personne ne peut y échapper. C’est affligeant. Là maintenant tout de suite, j’ai l’impression d’être comme les sauterelles que j’enfermais dans des verres transparents, en été. J’aurais beau me cogner contre les parois, j’aurais beau tâter toutes les surfaces pour essayer de trouver une issue, rien n’y fera, je ne sortirai pas de cet endroit. Un homme s’interfère dans ma course, c’est une mastodonte dangereux qui se dresse devant moi. La tension qui s’installe dans la foule ne me plaît pas, je ne me sens pas bien. Tout ces gens, tout ces regards, puis ce silence d’un coup…

La voix d’une jeune fille attire mon attention, je bondis sur mes pieds pour me retourner vers elle. J’entends dans ma cavité crânienne un frottement lourd, comme si quelqu’un s’ébrouait d’un sommeil interrompu. Ça ne lui plait pas. Ça ne me plait pas.


————————


Bon, définitivement, là, tu le sais que tu es foutue, Blue. Elle n’a pas tort, la demoiselle. J’aurais dû m’en douter… À chaque fois je regrette de te laisser éveillée trop longtemps. Tu vois, tu fais des conneries à chaque fois ! Et la situation dégénère toujours. Tu me forces à être là, alors que moi aussi je suis fatigué. Et puis… Quelle idée de vouloir t’en aller d’ici? Je te l’ai dit, on va rester. Bon, au moins tu t’es rattrapée, regarde, on est tellement mal en point que c’est impossible de disparaître d’ici ! Bien joué ma Blue, je suis fier de toi.

La petite minette devant nous est chétive, jeune, maigre, avec ce je-ne-sais-quoi qui lui donne la beauté d’un orage magnétique. C’est surement la forme de ses yeux, ils sont d’un très joli bleu. On ne peut évidemment pas rater l’objet sur lequel elle trône, les lumières artificiels se reflètent par milliers dans le métal de la chaise roulante. Je réprime un sourire, c’est quand même épatant d’en arriver là dans son état. Tout le monde s’est tu, plus personne ne parle depuis qu’elle a ouvert la bouche.

Blue, regarde. Tu vois là? J’aurais préféré que tu aies ce cran, cette putain de présence qui annonce ta venue et qui fait plier des têtes.

Et sur ses jambes c’est…


————————


Non. non, non, non tais toi. Ne le dis pas, s’il te plaît. Là il faut qu’on y aille, et vite. Ce n’est pas bon signe de voir cette arme que l’on redoute toi et moi. Alors ne dis plus rien, Kob. Pour une fois, ferme la.

La jeune femme me demande ce que je sais faire dans la vie. Je n’ai pas envie de passer un entretien d’embauche dans ce maudit lieu, ni de présenter un curriculum vitae vide de sens. Et puis, qu’est ce que je pourrais faire? Qu’est ce que je pourrais dire pour la convaincre? Qu’est ce qu’elle attend de moi au fond, pour que je la persuade de ne pas sortir son martinet? Malgré que tout s’enfièvre dans mon front, que du venin s’injecte dans mes gencives, que je boue de l’intérieur, je n’arrive pas à sortir un mot tout de suite. L’atmosphère est électrisante, c’est délicieusement insupportable de rester aux aguets, à la contempler longuement, l’oeil qui tressaille. Kob ne se calme pas, il enfle. Il enfle de colère devant le fouet à moitié caché dans le sac de fortune.

- Pourquoi? Tu crois que mes jolis doigts vont adorer te torcher le cul ou te donner la becqueter?

Mes babines se retroussent dans un rictus mauvais. Je n’aime pas quand Kob parle à ma place. C’est tellement vilain que j’en ai la voix rauque. Je préfère quand il me laisse dans une torpeur flou, au moins je n’ai pas honte de lui.

- Ou peut être que tu préfères les incompétents qui n’arrive même pas à rattraper une pauvre lavette comme moi…

Mon regard se plante autour de nous, je ne vois presque que des hommes. Je déglutis en espérant que mon esbroufe ne me portera pas préjudice. Le froid me pince les côtes et je sens bien que ma suée ne s’arrête pas. J’ai l’impression que des gouttes glissent dans mon dos et sous mes bras. Ma tête s’empourpre, mes yeux clignent rapidement.

- Si je te dis tout maintenant il n’y aura plus de surprises entre nous ! Mais bon, si tu insistes…

Je sens les anses de mon sac à dos qui se décrochent de mes épaules. Mon barda tombe dans un bruit sec contre le béton. Kob enlève mon manteau qui me tient trop chaud. Je retiens un hoquet de dégout en sentant la sueur incrustée se répandre autour de moi. Depuis combien de temps je n’ai pas pris de douche? Je ne sais pas. Je suis sale, je suis puante, je suis comme une moisie qui traîne dehors. Ça empeste la mort et le corps malade. Mais je crois que je n’ai plus à dire grand chose là dedans. Je ne décide pas de ce qu’il se passe là maintenant, je capitule encore une fois. La voix dans ma tête est trop forte, ça pulse comme un organe. Je n’y peux rien. Je ne peux rien faire.

Kob descend mon corps à terre, c’est douloureux, je ne sais pas si je vais réussir à me relever après ça. Je sens mon ventre plaqué sur le béton, mes seins se comprimer, mes membres s’alourdir pour mieux se tendre. Mes paumes se redresse pour faire passer mes jambes lancinantes au dessus de ma tête. Je sens les bouts de mes chaussures toucher le haut de mon crâne, la contorsion est douloureuse et je crois que ça va être réellement compliqué de mettre de l’ordre dans l’espace. Je ferme les yeux en réprimant une nausée d’affliction, ma cage thoracique se craque pour me faire rouler en avant. Et c’est parti. Je sens Kob hurler de rire dans ma tête, ça implose partout comme des particules explosives.

Oh non, pitié, pas ça. Je t’en prie Kob, arrête. Pourtant il force, il trépigne, il grignote ce qu’il me reste de dignité. Je me sens rouler en avant. Je sens mes doigts s’accrocher à mes chevilles, mon bassin donner des impulsions pour aller de l’avant. C’est là, impuissante de mes actions que j’entame des rondes sur moi même, comme un pneu dans une course folle. C’est désolant. Je suis désolée pour moi même, de devoir faire subir ça à mon corps.

Il me transforme en bête de foire et je sens des rires dans l’assistance. Ça l’encourage, je sens bien mes zygomatiques se tirer vers mes oreilles. Il aime ça, il aime l’attention. C’est le héros du jour, le fanfaron. Il pense qu’on l’acclame, alors il continue. Il redresse mon buste dans un grand écart, avec le peu de force qu’il me reste dans les biceps. Ça fait si longtemps qu’il n’a pas voulu faire l’intéressant comme ça.

Je sais, c’est pour les beaux yeux de la jeune fille. Il essaie d’en faire des caisses, des tonnes. Mais je ne pourrais pas survivre avec mon corps décharné. J’ai beau essayé de me battre, ce n’est jamais assez. Alors vas-y Kob, mais si je meurs, tu meurs avec moi. C’est ça ta punition, être enfermé avec moi.

Il n’est pas content, il rechigne. Je sens que du vomi s’incruste dans ma gorge, tout brûle dans le bout de mon nez. Mes yeux laissent échapper quelques larmes salés. Mes avants-bras tremblent, je me balance en arrière pour me redresser.

- Là, là tout de suite là je peux pas faire plus… Je crois que… Je vais…

J’ai beau plaquer ma main sur ma bouche, de la bile file droit sur mes doigts. C’est pathétique. Je me sens vaciller en arrière, mes paupières sont vraiment lourdes. Kob se gausse et c’est humiliant. C’est humiliant de vomir ce qu’il me reste dans mon corps, c’est dégradant d’avoir encore une fois obéis, c’est mortifiant d’entendre les railleries autour de moi. J’aurais beau faire le clown, j’aurais beau essayé de montrer ce que je sais faire, je suis trop mal pour me battre. Je n’y arrive plus. À survivre.
L'Arène
Malorie EriksonL'Arène
Malorie Erikson
Carte d'identité
Occupation actuelle : Bras droit de Dean Caulfield, tribun, patronne de la taverne
Messages : 3887
Points : 6127
Date d'inscription : 17/07/2017

She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty
MessageSujet: Re: She was just bad as the dark > Malorie Erikson   She was just bad as the dark > Malorie Erikson EmptyMar 1 Oct 2019 - 13:19
Malou attendait la réponse qui tardait à venir tout en continuant d'ausculter l'inconnue. Elle intercepta son regard vers le manche du fouet mais il avait peut-être été trop furtif pour qu'elle en conclue quelque chose. D'ailleurs peu lui importait, si elle se comportait mal elle en goûterait comme tout le monde.
La fille était étrange. Elle passait de la peur panique tel un papillon prit dans un filet à l'immobilité extatique comme une sainte qui entendrait le bon dieu lui parler. L'infirme mit cela sur le compte de la fatigue; il était tard. Très tard pour tout le monde et chacun devait avoir hâte de regagner ses pénates.

Enfin la jeune femme lui fit connaître le son de sa voix qui était désagréable, presque rauque.
La tribun ne cacha pas sa surprise et détailla à nouveau le visage fin aux traits assez doux, les yeux tantôt électriques, tantôt voilés comme si elle était camée et conclut que ce qu'elle avait perçu cadrait mal avec la morphologie générale de ce drôle d'oiseau.
Quand la fin de la phrase fut ponctuée par ce ton méprisant d'ado caractérielle, Malou se ferma dans une attitude sévère et implacable.
Ceux qui dans la foule la connaissaient ne purent retenir un souffle d'appréhension. Clouée sur son fauteuil roulant, elle ne faisait plus grand chose par elle-même mais elle savait donner des ordres qui étaient toujours exécutés sur le champ.
Si elle avait pu sourire, elle l'aurait fait. Subissant assez régulièrement des crises d'anorexie, elle imaginait mal l'étrangère lui donner la « becquetée » comme elle disait et lui souhaitait bon courage d'avance mais là n'était pas le propos; elle n'avait pas l'intention de perdre du temps avec quelqu'un qui venait de la décevoir par une attitude infantile mille fois éculée.
C'est pas toi qui pose les questions ici et les incompétents finissent esclaves. Lança t-elle d'une voix sourde mais péremptoire.
Comme pour lui faire comprendre le statut des derniers des derniers de ce lieu elle ajouta:
des culs à torcher, tu en auras à la pelle et autant de mecs pour s'occuper du tien que tu le veuille ou non, à bon entendeur.

Malou perdait patience. Cette gonzesse était vraiment trop bavarde. C'était quoi son plan « surprise » ? et de quel droit la tutoyait-elle ?
Mais les choses s'enchaînèrent trop vite pour qu'elle puisse rétorquer quoi que soit. Elle ne paierait rien pour attendre...
La nana posa au sol son sac à dos et son manteau. Le stricte protocole se mit alors en branle dans la discrétion la plus absolue.
Tandis qu'elle se contorsionnait genre jeux Olympiques section gym au sol, une sentinelle s'était penchée pour ramasser et confisquer son barda selon la règle N°1:
"les nouveaux entrants et les esclaves ne possèdent ni armes ni affaires personnelles. Une toge et des sandalettes leur seront fournies dès leur arrivée."
Screw était parti chercher un seau de braises fumantes et un seau d'eau qui servirait à refroidir le fer avant de les déposer aux côtés de Jésus, une lueur sadique dans ses yeux rieurs.
C'était pour la règle N°2 et son rituel.
Tandis que les badauds s'esclaffaient devant le numéro de la nouvelle, un type de la sécurité leur faisait des signes de sortir. Les spectateurs restés là ne demandèrent pas leur reste et profitèrent du mince passage que leur laissait l'homme à tout faire de Dean pour s'éclipser dans la nuit.
Règle N°3:
"seuls ceux appartenant à l'arène peuvent assister au marquage."

Tout était prêt et la jeune fille terminait son casting en gerbant sa bile, semblant s'effondrer dans le coltar.
Jésus l'immobilisa dans sa poigne d'acier inviolable pour la faire asseoir sur un petit tabouret.
Malou qui était là pour faire régner l'ordre et la politesse dégaina son fouet et cingla les jambes de la future recrue en feulant:
je ne t'ai pas donné la permission de me tutoyer ! tandis que Srew prenait l'initiative de lui balancer le seau d'eau froide dans la figure pour la tenir éveillée.

L'inconnue était trempée des pieds à la tête.
Des esclaves s'empressèrent de la déshabiller intégralement, sous l'ordre de Jésus qui la maintenait toujours, afin de lui remettre la tunique blanche et la paire de spartiates dignes de la Rome antique, costume qu'elle serait désormais tenue d'enfiler à tous les spectacles auxquels elle assisterait.

Dans quelques instants la Grande Cérémonie du Marquage commencerait.
Elle serait menée au milieu de l'arène. Le « personnel », (y compris les esclaves) non encore endormi, présent et valide s'installerait sur les gradins desquels il pouvait déjà contempler un siège, de la corde impeccablement enroulée sur le sable, le seau de braises fumantes contenant le fer chauffé à blanc, et le nouveau récipient d'eau qui le refroidirait après usage.

La jeune fille pouvait encore espérer une happy end digne d'un roman de science fiction en tentant de s'enfuir de l'enfer sans pouvoir compter toutefois sur une baisse d'attention de la part de Jésus.
Plus raisonnablement elle pourrait peut-être convaincre quelqu'un de la laisser partir.
Elle était encore libre dans le sens très relatif du terme mais aussi dans l'absolu, si l'on cherchait bien dans les définitions philosophiques... Matériellement c'était une autre histoire.
L'Arène
Blue TorinoL'Arène
Blue Torino
Carte d'identité
Occupation actuelle : Bête de foire
Messages : 36
Points : 1844
Date d'inscription : 22/09/2019

She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty
MessageSujet: Re: She was just bad as the dark > Malorie Erikson   She was just bad as the dark > Malorie Erikson EmptySam 12 Oct 2019 - 21:30
Une main saisit mon bras gauche, puis le droit. C’est fort, j’ai cette sensation intense que celui qui me tient va me broyer les os dans sa poigne animale. Je suis épuisée. J’en ai marre, j’en ai ma claque. Je veux juste que tout s’arrête, je suis un peu triste que tout ça me tombe dessus. Je suis bouleversée de cette situation. J’avais juste envie de te faire plaisir Kob, je voulais juste que tu sois bien toi aussi, ici…

Lorsque le fouet claque, c’est terminé. Quelque chose se brise en moi, c’est peut être le son d’un barrage interdit enfoui au loin. Ce bruit cinglant me fait serrer les orteils et les doigts, pendant que je ferme mes yeux pour essayer de calmer ma crise d’angoisse. Je ne peux pas flancher, pas maintenant. Kob ne dit plus rien, c’est étrange. M’a-t-il laissé dos au mur, les mains liés, tétanisée? Je ne le trouve plus, ça m’inquiète encore plus. Où es-tu, où es-tu…

Et tout ça pour un gage de politesse qui n’existe plus dans ce monde torturé, tout ça pour ne pas avoir respecté la patronne avec un vouvoiement distinct. C’est moi qui suit devenue folle ou le monde entier s’est perdu dans la folie? Je ne sais pas. Je crois que de mon vivant je n’étais pas très douée avec la société qui m’étais d’hors et déjà imposée. Alors comment je pourrais m’adapter à cet ère diabolique?

On m’assoit de force sur un tabouret. Je n’aurais pas du ouvrir mes yeux à cet instant précis, c’est une eau glacée et gelée qui m’atterrit en pleine face. Le choc me fait me révulser, je me tiens droite et raide sur mon assise de fortune. Je sens qu’on saisit mes habits pour les dézipper, comme une enfant capricieuse qui refuse d’aller prendre un bain. Il n’y a ni douceur, ni compassion dans ces gestes malsains. Mes cils s’entremêlent pendant que du liquide me coule de la bouche, je crache par terre. C’est terrible ce froid qui m’assaille comme pour me rendre vulnérable. Pourquoi continuer à me faire du mal? Je vois bien que je ne suis pas de taille face à tout ces gens, je l’ai bien compris. C’est évident, alors pourquoi continuent-ils de me torturer ainsi?
- A… Arrêtez ! Lâchez moi !

On m’enfile une tunique blanche et des sandales. Je suis interdite face à cette scène, c’est presque surréaliste. Je veux m’endormir maintenant Kob, s’il te plaît…

- Vous me faites mal…

C’est presque inutile de s’échiner, n’est-ce-pas? Devant tout ces hommes. Devant cette fille dans un fauteuil roulant, qui n’a presque aucune pitié au fond de ses pupilles. Je lui jette un regard, suffocante. N’y avait-il pas cette solidarité autrefois, dans la gente féminine pour se battre contre les mâles qui se croyaient alpha? Je brûle et je me congèle. C’est désagréable de sentir mes cheveux me coller les joues et les paupières. Je respire mal, je tremble un peu. Si faible, si faible…

- Au moins baissez le fouet. Je veux bien que vous me cramiez la peau, mais pas le fouet. S’il vous plaît.

J’ai beau me contorsionner les bras, l’homme qui me tient ne démord pas de moi. Je tourne mon visage vers lui en plissant les sourcils. Il faudrait qu’il me regarde juste une fois. Le tabouret est bancal sous mes fesses. Je peux le sentir pencher sur la gauche. Mais je ne sais pas si je vais réussir à soulever mon corps pour me laisser couler loin de cette foule. Ça murmure autour de moi. J’entends tout, sans que Kob ne vienne s’inviter dans la partie.

- Je faisais partie d’un cirque en étant petite, je sais faire pleins de choses, je serais utile ici. Je vous en prie, s’il vous plaît, je suis juste épuisée. Je…

J’aurais voulu récupérer mes affaires pour lui montrer, lui étaler devant elle mes photos, ma vie d’avant. La convaincre, m’apitoyer, la supplier. Mais pourquoi? À quoi bon? Suis-je vraiment de ces filles là à se terrer contre un mur et attendre que tout passe? Subir, trimer, se faire dévorer? Kob, où es-tu, dis moi où tu te caches.

Aucune réponse. Je baisse ma tête, défaitiste. Ça ne siffle plus, c’est comme si ce lâche de Kob s’était évaporé de mes synapses. Suis-je aussi lâche pour me laisser faire ainsi? Non, il faut réfléchir Blue. Il faut penser, il faut agir. Tu ne peux pas tout gâcher pour ce qu’il y a dans ta tête, il faut trouver une issue. Je remarque la bile étalé sur le sol froid, l’odeur empeste sous mon nez.

—————————


J’ai trouvé. Ne te méprends pas Blue, mais je déteste quand on te fait subir tout ça. Je ne suis jamais tendre ni sentimental, mais quand on te blesse, c’est comme si je devenais muet. Je comprends que tu sois fatiguée, éreintée, évincée. Mais là tu as ta solution. Juste devant ton nez, non? Tu veux te laisser faire comme ça? Comme une pauvre ratée que tu as toujours cru être sans moi? Non. Tu es bien plus que ça pour moi. Alors rassemble ces dernières forces pour mourir au moins dignement. Fais le pour moi, s’il te plaît…?


—————————


Je mets quelques secondes pour réaliser que l’étreinte de l’énorme main s’est ramollie. Oui, tu as raison Kob, c’est maintenant. Il faut que j’essaie, il faut au moins pouvoir montrer que j’en vaux la peine. Comme une poupée de chiffon, je me laisse vaciller sur le tabouret bancal qui ne met que quelques secondes à pivoter et me laisser tomber. Je crois avoir les bras si fins et creux qu’ils glissent comme une feuille entre les gros doigts boudinés du garde-du-corps. Je n’attends pas une seule seconde pour éclater mes ongles sur le ciment froid et ramasser la bile s’est échappée de moi. Je bondis sur mes pieds pour me redresser et envoyer à l’homme qui me tenait le contenu de mon estomac en pleine face. Il recule de dégoût, l’acidité doit lui brûler les yeux. Je suis furibonde, nauséeuse, aux aguets et déterminée. Il commence à gémir en frottant de plus en plus son visage avec ses phalanges. Je n’attends pas pour foncer vers le fauteuil roulant de la jeune fille et lui saisir les épaules pour rapprocher son visage du miens. Peut être trop proche, mais je veux qu’elle puisse voir dans mes yeux fous.

- Vous pouvez me cramer la peau, vous pouvez me faire trimer, je suis ici pour me battre. Essayes de m’enfermer, je trouverai une faille quoi qu’il arrive. Vous pouvez tous me briser, mais au final c’est moi qui ferait éclater cette arène s’il le faut. Je suis ici pour gagner, pas pour servir. Et si il faut venir t’égorger dans la nuit pour que j’y arrive, crois moi, après ça, je n’en aurais aucun mal… Alors s’il te plaît, crois en moi.
L'Arène
Malorie EriksonL'Arène
Malorie Erikson
Carte d'identité
Occupation actuelle : Bras droit de Dean Caulfield, tribun, patronne de la taverne
Messages : 3887
Points : 6127
Date d'inscription : 17/07/2017

She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty
MessageSujet: Re: She was just bad as the dark > Malorie Erikson   She was just bad as the dark > Malorie Erikson EmptyMar 15 Oct 2019 - 22:20
La jeune femme avait encaissé le coup de fouet sans broncher. C'était tout juste si elle avait bougé les doigts puis avait baissé la tête. Enfin elle faisait profil bas.
Le seau d'eau dans la figure avait été de trop mais personne ne s'en était formalisé; ces genres de brimades face aux récalcitrants étant monnaie courante mais au moment de l'habillage l'étrange regard que l'inconnue lui avait jeté avait titillé la fibre féministe de la tribun.
Les esclaves s'en donnaient à cœur joie pour manipuler avec violence le corps affaibli et tremblant comme s'ils se vengeaient de leur état sur l'étrangère, aussi quand cette dernière demanda à ce qu'au moins le fouet soit baissé, contre toute attente Malou ne rétorqua rien et songeuse, rangea son instrument.

Elle était loin d'imaginer qu'elle irait de surprises en surprises avec cette fille.
Elle prétendait avoir fait du cirque. En regardant la nana, Malou n'eut aucune peine à la croire: elle en avait fait un beau cirque depuis la fin du spectacle !
Toute plaisanterie mise à part, l'infirme leva gravement son visage vers celui, trempé de la décolorée; ce n'était pas impossible vu le numéro de haute volée qu'elle venait de montrer malgré sa fatigue. Ce cas devenait de plus en plus intéressant pour l'ex-coach de gladiateurs qui savait pressentir les futurs talents...
Pour autant elle ne releva pas, une fois encore il était trop tôt pour tirer des plans sur la comète mais aussi parce qu'un incident des plus fâcheux se produisit.
Qu'est-ce qui lui avait pris ? Que c'était-il passé dans sa tête de linotte ?
La jeune fille avait réussit non seulement à se lever mais également à s'échapper de l'empoigne de Jésus pour lui jeter sa bile à la figure.

Un pesant silence de mort s'installa. Personne, pas même Malou n'osait faire un geste face à l'affront. On se serait cru dans le château de la Belle au Bois Dormant; le temps venait de s'arrêter et l'espace semblait se rétrécir avant de s'amplifier à nouveau par le rugissement de rage du garde du corps de Dean, frère de César en personne.
L'infirme ferma les yeux. C'était foutu. L'étrangère serait esclave et irait au trou avant d'être mise à mort le plus rapidement possible. Par ce geste, en une seconde, elle venait d'annihiler le peu de chance qu'il lui restait.
« Quel gâchis... » Pensa la tribun avant de se retrouver nez à nez avec la furie qui l'invectivait.

Elle ne pouvait pas répondre, pas maintenant. Elle était trop près de Jésus, il aurait entendu, ce n'était pas possible.
Elle ne pouvait pas lui dire non plus que les trois quart de ce qu'elle voulait faire, tous l'avaient espérés avant elle sans jamais avoir réussi ni à se sauver, ni à faire tomber l'arène, ni à suriner subrepticement la tribun empêcheuse de tourner en rond. Elle trouvait inutile de rappeler à la nouvelle venue que depuis l'apocalypse tout le monde savait assassiner tout le monde et que ce qu'elle racontait là n'avait rien d'extraordinaire.
Par contre, une chose et une seule avait l'air de sembler primordial, essentiel même aux yeux de cette pauvre fille que l'infirme commençait à apprécier malgré tout: la reconnaissance.

Malou pouvait être dure, très dure mais elle avait un cœur et quand elle le donnait c'était tout entier ou rien du tout. De plus, s'il lui restait une qualité après tout ce temps d'apocalypse, c'était la loyauté. Quand la jeune fille prononçait une parole bonne ou mauvaise on pouvait être sûre qu'elle n'était pas en l'air, on pouvait lui faire confiance !
Quand l'inconnue eut terminé son laïus, la tribun planta un regard presque transparent dans celui de la jeune femme et murmura avec la plus grande sincérité:
je crois en toi.

A peine eut-elle prononcé ces paroles que Jésus annonça sur un ton plein de haine:
elle sera esclave, ira au trou et sera condamnée à mort à la gloire de César.
Malou qui était la seule à pouvoir plus ou moins infléchir l'autorité de l'homme rétorqua:
Donne-lui une chance Jésus, elle est épuisée et apeurée. Laisse-moi la mâter pendant deux ou trois jours et si je n'en tire rien de bon, alors je te la livrerai.
Le mastodonte grogna mais ne répondit rien. La jeune handicapée savait d'ores et déjà que c'était gagné... Ou presque et c'est d'une voix plus assurée qu'elle dit:
marquons-là à présent, il est tard pour tout le monde, je m'occuperai du reste avec Maya si elle n'est pas trop fatiguée.

L'inconnue fut propulsée sans ménagement sur le sable du stade, ligotée à la chaise tandis que Jésus chauffait le fer à blanc.
Quand il approcha l'instrument de torture fumant au niveau de la frêle épaule, un éclair de cruauté traversa son iris noir.
Fumée. Odeur de cochon grillé.
Il n'y était pas allé de main morte; il avait appuyé ferme et s'était éternisé. L'étrangère aurait l'Aigle à Ailes Déployées le plus profondément inscrit dans sa chair de toute l'arène, c'était certain.
Par pudeur Malou avait détourné les yeux puis quand se fut fini elle se leva. Ce serait à elle de ramasser ce corps meurtri à la petite cuiller.
Je t'emmène à l'infirmerie; suis-moi.
Tu viens Maya ou tu préfères aller te coucher ? Lança t-elle à son esclave
L'Arène
Blue TorinoL'Arène
Blue Torino
Carte d'identité
Occupation actuelle : Bête de foire
Messages : 36
Points : 1844
Date d'inscription : 22/09/2019

She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty
MessageSujet: Re: She was just bad as the dark > Malorie Erikson   She was just bad as the dark > Malorie Erikson EmptyLun 21 Oct 2019 - 20:27
C’est un déchirement dans ma poitrine, j’ai l’impression que mon corps désire s'affaisser contre la jeune fille au fauteuil roulant. C’est presque apaisant, cette simple phrase qu’elle n’a murmuré qu’à moi. Mes muscles tremblent, ma tête brûle. Ça fait si longtemps que je n’ai pas eu envie de prendre quelqu’un dans mes bras, mais je me retiens. Je me retiens de tout, je ne lâche rien. L’homme de main menace de m’envoyer dans la fosse au lion, que je ne serai qu’une offrande à quelqu’un qui se fait appeler César.

Elle croit en moi, ça ira, n'est-ce pas?


—————————


Elle se rendra bien compte que c'est moi l'intéressant dans cette histoire, Blue. Ne crois pas une seule seconde qu'ici, tu es capable d'être forte toute seule. À ta manière, les choses tourneraient mal. Tu sais comment tu es. Ce n'est pas grave, tu es encore si innocente et puérile. Je t'estime, je t'aime beaucoup, c'est grâce à toi si je suis là. Mais dans cette vie, dans cette nouvelle ère c'est moi qui régnerait. Tu seras simplement un corps, tu seras simplement un élément, une anatomie, une substance qui réagira à cette pulsion que tu appelles Kob. À moi. À moi Blue, tu m'appartiens, nous y sommes arrivés. C'est ici que je signe pour toi ce renouveau qui fera de toi une reine bancale, qui fera de ma voix le chevalier aguerris. Deux pour le prix d'un, nous n'irons pas décevoir celle qui nous a permis d'être autre chose qu'un tributaire débile.


—————————


Je me demande quand est-ce que je trouverai la paix que j'ai longtemps cherché, sans sa voix dans ma tête qui me crie être l'incapable, le réceptacle de ses idées obscures. Je souris lorsque la jeune fille parle à cet homme cruel. Jésus. N'était-il pas censé être un sauveur il y a longtemps? Je tourne ma tête vers lui, les commissures relevés. J'espère qu'il ne voit pas la fierté de Kob s'inscrire sur mon visage, ça tournerait mal. Je le détaille, de sa taille imposante à son air fermé et sévère. Je crois qu'il n'apprécie pas que je le dévisage, je sens mon corps partir en arrière en une seule seconde dans ses bras de monstres.

Mes pieds traînent au sol pendant qu'on me mène vers le clou du spectacle, je relâche mes muscles dans des mains abominables qui me serrent la peau. Apparement, je n'aurais pas le choix. Alors je continue à me ravir, mes dents toutes sorties. Dans l'arrière de mon crâne je sais que je panique, mais je ne peux rien montrer. Mes yeux secs et douloureux se fascinent dans cette arène où le sable forme un nuage opaque autour de nous. Je ne peux pas m'en empêcher, je n'arrive pas à arrêter Kob de me dérider. Un son aigu sort de ma gorge, il jubile à l'idée d'avoir trouver sa place ici. Mais à quel prix?

Je sens que le fameux Jésus a perdu patience au moment où il a croisé ma pupille rieuse. Kob, ça suffit. Ce n'est pas comme ça que ça marche ici. On ligotent des  cordes autour de mes pieds et de mes mains, et comme une enfant sage je me laisse faire sans me révolter. Je reconnais la chance inouïe que cette fille me donne, alors je vais serrer les dents. Je lui jette un dernier regard en penchant ma tête, cette moue révoltante accrochée à mes lèvres que je n'arrive pas à retirer. Mais désormais, de qui suis-je prisonnière? De cette communauté aux règles sordides ou de la personne dans ma tête qui commence à s'insinuer trop souvent dans mes veines?


—————————


Ça brûle, ça cogne, ça fait fondre ta peau presque en lambeaux. Le fer est d'abord froid puis ensuite brûlant, il te saigne, il nous fait couler. Entre la maladie, ma voix en écho, cette sordide envie de fuir, qu'est-ce qui est pire, Blue? Dis moi, dis moi, réponds moi, je ne peux pas m'empêcher de sourire.

Ce sceau sur ton épiderme, tu le porteras fièrement. N'est-ce pas? Tu seras le petit serviteur agile, pour devenir la grandiose et sanguinaire Blue. Je te mettrais sur les devants de la scène, mais il faudra m'obéir comme tu l'as déjà si bien fait. Je t'appartiens comme tu m'as dans la peau. Tu ne seras jamais assez forte pour lutter contre moi. Alors souffre, souffre pour apprendre à te taire quand je te parle. C'est comme ça que tu tiendras.



—————————


Je suis vraiment épuisée. Je suis tellement fatiguée de t'entendre Kob, que ce n'est qu'un couinement sourd qui sort de ma gorge quand la douleur du fer m'atteint. J'ai l'impression que Jésus l'applique pendant de longues secondes qui se transforment en minutes interminables. Arrête ce sourire, arrête cette mesquinerie folle qui me fait bourdonner la tête. Tu es un tyran, tu le sais Kob, n'est-ce pas?

Mon corps ne s'accorde pas avec la vivacité des personnes autour de moi, ma tête dodeline de droite à gauche, je sens un filet de bave s'allonger de mes lèvres inférieures jusqu'à mes clavicules. Je dois être laide et sale à voir. Mes dents refusent toujours de se ranger. Kob a pris le contrôle de mes mimiques, les yeux exorbités, les cernes noires et les joues creuses. L'aigle aux ailes fières sur mon épaule pulse, il sent mauvais la viande grillée. Ça fait jubiler Kob dans mes tempes. Ce fou rire ne s'arrête pas.

On me détache des liens qui me tenaient fermement. Mon oeil louche vers la patronne et j'essaie de me débarrasser des mèches de cheveux qui me collent à la peau. Mes paupières tressautent et je commence à avancer, boitante et brûlante. Je ne dis rien, je cligne des yeux un peu hébétée. Je détaille la fille derrière elle qui se tient droite, qui n'avait rien dit dès son arrivée. On me demande de les suivre à l'infirmerie.

- On peut avancer, je vous suis, je suis là, allons y, c'est par où? C'est par là? Je ne sais pas.

Ma voix tremble, l'incohérence de mes mots me met mal à l'aise. J'essaie de me reprendre, le bourdon dans ma tête s'anime pour me rendre confuse. Je sais juste que l'on marche, que ça coule dans mon dos, je ne sais pas si c'est du sang ou juste de la sueur. Je n'imagine pas l'odeur que je dégage, j'ai honte. Je dévisage les deux jeunes filles en me penchant comme une automate, j'essaie de décrire la scène que je vois. Mais on me retire de ma conscience, je vois des couloirs saccadés jusqu'à arriver devant une porte. Je crois que Kob murmure, je crois que Kob prend de plus en plus le dessus. Je ne peux pas laisser faire ça.

J'en suis malade. La pièce est sombre et on entend les ampoules grésiller d'une toute petite lumière glauque. Il y a plusieurs lits aux matelas douteux et aux couvertures trop fines, un bureau avec des étagères scellés. Je regarde mes deux geôlières prendre place, pendant que silencieuse je boitille jusqu'à une chaise. Je m'y tiens, je sers mes ongles longs et cassés dessus. J'attends une seconde que le sol arrête de tanguer, que Kob cesse de me saccader, d'altérer la réalité.

- Merci pour… Ne pas avoir laissé Jésus m'embarquer.

Je ne veux pas m'étaler dans des remerciements. Je sais juste que tout ici est mauvais, sauf peut être la fille dans le fauteuil roulant.

- Je m'appelle Blue. Blue Torino.

Je m'assois difficilement en reniflant bruyamment. L'ombre en moi s'insinue dans ma bouche et dans mon iris pour me faire tenir droite, les mains posés sur mes genoux, comme dans une vieille peinture sage. L'instabilité de mon esprit ne me permet pas de rester assez éveillée. Il ne reste encore que quelques fils blancs qui me lient à ce qu'il se passe. Mais je sens la vraie partie de moi se balancer en arrière.

- Pardon pour sa politesse, elle n'est pas très douée pour se faire apprécier des autres.

L'ignominie en moi décale mes cheveux de mes yeux, passe mes doigts sales sur la plaie fraîche qui saigne encore. Ça me pique mais je ne peux pas réagir. Kob enfonce l'index et le majeur dedans, comme pour obliger mon corps à répondre et ne pas s'évanouir. Il triture la plaie sans qu'il ne ressente la douleur mais moi je sens. C'est terrible.

- Tu me fais mal. Arrête…

Mais qu'est-ce qui cloche chez moi? Pourquoi je le laisse faire, pourquoi je ne sais pas le contrôler? Pourquoi veut-il tant tout contrôler, tout avoir, tout prendre, tout rafler? Kob, je ne te comprends pas, je ne te comprends plus. Ma langue se faufile entre deux identités flous et je ne sais plus qui je suis. Il va gagner. Il va arriver à avoir l'ascendant. Je le sais, je le sens.

- Je pourrais avoir un verre d'eau? Ou… Ou quelque chose de plus fort? De plus festif?! Ça sera mieux pour la suite des hostilités ahah ! Je crois… Non. De l'eau, juste de l'eau. Je veux de l'eau. Sans alcool. Et tais toi, laisse moi parler, s'il te plaît...
L'Arène
Maya AndrewsL'Arène
Maya Andrews
Carte d'identité
Messages : 244
Points : 2559
Date d'inscription : 07/03/2019

She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty
MessageSujet: Re: She was just bad as the dark > Malorie Erikson   She was just bad as the dark > Malorie Erikson EmptyMar 22 Oct 2019 - 15:42
Lorsque Maya avait attiré l'attention de Malorie sur cette étrange femme quelques minutes plus tôt, elle ne se doutait pas de la tournure que les événements prendraient. La jeune femme resta silencieuse tout au long de la scène. Il y avait des moments où Maya savait qu'elle devait se faire toute petite, en particulier quand elle était en compagnie d'autres personnes comme ce Jésus. Elle se recula jusqu'à quasi disparaître dans la pénombre du couloir. Une fois de plus, elle mit sa raison et ses sentiments de côté. La jeune esclave avait appris à fermer les yeux sur beaucoup de choses ici : ce que subissaient les autres esclaves dans les dortoirs, les cris de ceux qui se faisaient dévorer vivants dans l'arène, les châtiments envers ceux qui ne respectaient pas les lois... Elle ne dirait pas que ça la laissait insensible, loin de là, mais elle tâchait de ne pas y penser, de vider son esprit pour être ailleurs, partout, sauf là, en présence de cette femme qui faisait un numéro de cirque pour finir par vomir tout ce que son estomac contenait. Maya savait qu'à certains moments, il était complètement vain de se révolter, il suffisait juste d'attendre le bon moment. Depuis qu'elle était là, elle avait appris que les êtres humains pouvaient être sans pitié et que l'humanité pouvait montrer son pire côté. Elle détestait cette arène de tout son être et elle portait peu de personnes ici dans son cœur.

Maya observait donc la scène sans réagir, comme si elle n'était pas vraiment là. "Elle est parfaite pour l'arène", se dit tristement Maya. La jeune inconnue semblait avoir un sacré caractère et un don évident pour le spectacle, exactement ce que recherchaient les dirigeants de l'arène. Par respect envers l'inconnue, Maya détourna le regard lorsqu'ils la déshabillèrent. Et puis, tout se précipita, l'inconnue se releva et parvint à échapper à Jesus. Elle lui envoya sa bile à la figure et Maya, resta surprise, tout comme les autres personnes présentes dans la pièce. La femme ne savait pas à qui elle venait de faire un affront. La jeune esclave en eut un frisson d'effroi dans le dos. En d'autres circonstances, elle n'aurait pu s'empêcher de sourire, elle aurait tant aimé lui en faire baver aussi à Jésus, cet homme ignoble et sans pitié, mais le souvenir de ces premiers temps à l'arène et de son marquage étaient encore trop frais. Elle était donc attristée par le sort qui serait réservé à la jeune inconnue..

La femme fut tirée au centre de l'arène pour y être marquée. Maya observa sans faire un seul geste. Ses yeux se posèrent sur Malorie, mais elle savait que c'était vain. Elle non plus ne pourrait rien faire pour arrêter ce qui allait se passer. Et même si tout son être se révoltait contre ce qu'allait subir la jeune femme devant elle, elle resta à sa place. C'était de la pure lâcheté. Elle savait qu'en s'interposant, elle risquait de subir bien pire. Pourtant, lorsque la chaire de la jeune femme grésilla, elle détourna le regard, revivant aussitôt ce qu'elle-même avait vécu quelques semaines plus tôt. Maya regarda la femme, elle l'intriguait. Elle avait quelque chose de différent des autres persones de l'arène. Lorsque tout fut finit, Malorie lui demanda si elle souhaitait les accompagner à l'infirmerie. Maya voulait plus que tout regagner les quartier de Malorie et y retrouver un peu de calme mais quelque chose l'en empêchait, quelque chose la retenait et lui disait de les suivre. Alors, elle prit enfin la parole : "Je vous suis." Elles prirent alors la direction de l'infirmerie. Il y avait peu d'endroits que Maya appréciait et l'infirmerie n'en faisait pas partie. Les lieux étaient loin d'être agréables et il y avait souvent là des gladiateurs blessés à l'arène ou de pauvres esclaves venus panser leurs plaies. Aujourd'hui, les lieux étaient déserts, le spectacle était fini et apparemment, cette fois-ci les blessés n'étaient pas nombreux, ce qui signifiait que les morts par contre devaient l'être beaucoup plus.

L'inconnue s'assit sur une chaise et se présenta. Elle se nommait Blue. Elle se mit alors à parler d'une voix différente avant de  s'auto-répondre. Maya fronça les sourcils et jeta un coup d’œil à Malorie pour voir si sa patronne y comprenait quelque chose. "Qu'est-ce qui cloche chez toi ?" murmura-t-elle à l'encontre de l'inconnue. Blue réclama alors de quoi boire. Maya prit alors un verre d'eau et se rapprocha pour le lui donner. "Tiens." lui dit-elle simplement. Puis, elle prit un chiffon propre et l'imbiba d'alcool comme elle avait déjà vu des infirmiers le faire sur des plaies. Elle posa ensuite le chiffon sur la marque de Blue, consciente de la souffrance que ça engendrait. Il fallait le faire, si sa plaie s'infectait, ce serait signer son arrêt de mort. Ils ne dépenseraient pas leurs médicaments pour guérir son infection c'était certain. Les médicaments ici, il fallait les mériter, seuls quelques personnes y avaient droit, les gladiateurs, les tribuns, mais certainement pas les esclaves ou les nouveaux-venus. Elle se concentra alors sur le soin de la plaie tout en laissant sa patronne et Blue discuter, curieuse de connaître un peu plus leur étrange "invitée".

L'Arène
Malorie EriksonL'Arène
Malorie Erikson
Carte d'identité
Occupation actuelle : Bras droit de Dean Caulfield, tribun, patronne de la taverne
Messages : 3887
Points : 6127
Date d'inscription : 17/07/2017

She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty
MessageSujet: Re: She was just bad as the dark > Malorie Erikson   She was just bad as the dark > Malorie Erikson EmptyLun 28 Oct 2019 - 22:22
Malou avait bien vu la jeune inconnue tourner les yeux vers elle au moment du marquage.
Etait-ce un appel au secours ? Une interrogation muette par rapport au degré de confiance que la tribun allait mettre en elle ? Ou simplement la crainte de la douleur ?
L'infirme n'avait pas voulu savoir et avait détourné le regard. Tant que Jésus était là, il fallait être discrète; le sort de la fille pouvait dépendre d'un battement de cils d'autant qu'elle n'avait fait aucun effort pour calmer la situation.
L'infirme avait même froncé les sourcils. Ce ne serait pas en le provoquant avec cette espèce de moue insolente qu'elle simplifierait les relations, loin de là !
Heureusement l'homme n'avait pas relevé la chose, ce qui prouvait qu'il se fichait totalement du sort de la nouvelle venue, persuadé qu'au bout des trois jours concédés, elle ferait partie de la pelletée de morts à dégager dehors et à enterrer pour faire du compost.

Parcourir les couloirs avant d'arriver à l'infirmerie fut pénible. Heureusement, Maya avait décidé de les accompagner.
La nouvelle marquée marchait lentement en boitant et semblait délirer par moments, s'inquiétant du chemin alors qu'elle était guidée et surtout qu'on ne lui avait rien demandé.
Arrivée dans la pièce où l'infirme avait tellement l'habitude d'aller pour ses soins ou pour discuter avec son amie qu'elle ne se rendait même plus compte de son aspect glauque, l'inconnue se dirigea vers la chaise, apparemment très tendue avant de remercier la tribun pour son geste.
D'un caractère emporté, elle en profita pour rétorquer fraîchement:
dire merci ici ça sert à rien. Le mieux que tu as à faire pour l'instant c'est la fermer et te tenir tranquille avec Jésus sinon, t'es morte dans moins d'une semaine !
Elle laissa un léger silence afin que la fille prenne conscience de l'importance de l'information et conclut:
j'espère que tu n'es pas trop conne pour comprendre vraiment rapidement que tu n'as rien à gagner à défier ne serait-ce que du regard un type comme lui alors tiens toi à carreau, conseil d'amie !
Sur ce, elle lança un regard à son esclave dans l'espoir qu'elle acquiesce en connaissance de cause.

Juste avant de s'asseoir, la fille se présenta.
Tout s'était passé si vite que les échanges d'identité étaient passés à la trappe. La tribun pallia au manque en enchaînant:
moi c'est Malou et elle c'est Maya.
Elle n'eut pas le désir d'expliquer que cette dernière était plus qu'une esclave à ses yeux; cela ne la regardait pas; elle ne faisait pas encore partie du cercle très restreint de gens que Malou portait dans son cœur.
C'est alors que les choses s'enchaînèrent bizarrement.
Blue reprenait par intermittence cette espèce de voix rauque et désagréable, comme si...
Malou ayant peu de culture était incapable d'imaginer que la fille pouvait avoir un problème psychologique. C'était comme si elle avait beaucoup de fièvre sauf qu'en plus elle triturait sa chair déjà à vif par la brûlure.
Mais... Souffla Malou interloquée tu es cinglée ou...
A ce moment, comme à son habitude, Maya eut une réaction beaucoup plus calme et pertinente en demandant tout simplement si elle avait un problème.
La tribun croisa le regard de son esclave et instinctivement elle toucha le front de la fille en vain.
Dans un murmure, presque pour elle-même elle annonça:
elle n'a pas pourtant pas de fièvre...

Quand le verre d'eau fut servi, Maya s'occupa des soins avec le peu à sa disposition à savoir une bouteille d'alcool.
L'infirme savait que ce n'était pas ce qu'il fallait pour une brûlures mais les armoires étaient cadenassées ce qui était normal.
Pendant ce temps, Malou ausculta Blue visuellement quand son regard tomba sur les pieds qui étaient tout rouge.
Elle se pencha un peu et s'exclama:
tu as les pieds brûlés ! Que t'es t-il arrivé ?
Elle attendit les réponses et déclara:
il faudra que tu ailles voir Joey notre infirmière demain afin qu'elle te mette de la pommade et des bandes.

Malou n'avait pas grand chose de plus à dire à cette étrange personne d'autant qu'il était très tard.
Elle étouffa un bâillemment et balança:
quand tu nous auras expliqué ton problème, je t'emmènerai dans ma suite afin que tu y prennes un bain et un repas. Après, je te montrerai ta chambre.
Elle se tourna vers Maya et dit:
va chercher Screw et dis-lui de rapporter chez moi deux seaux d'eau chaude.
Elle laissa un temps et d'un ton autoritaire elle ajouta:
je veux que tu cours à l'aller comme au retour, que tu ne parles à personne d'autre et que tu ne sois pas absente plus de cinq minutes !
La nouvelle pouvait peut-être penser que Malou ne faisait aucun cas de celle qui était à son service pourtant c'était tout le contraire:
à cette heure Screw était dans le quartier des esclaves et la tribun ne voulait pas qu'il arrive quoi que ce soit de fâcheux à Maya dans un endroit pareil.
Tu nous rejoindra chez nous conclut-elle en parlant de l'appartement qu'elles partageaient.
Contenu sponsorisé
Carte d'identité

She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty
MessageSujet: Re: She was just bad as the dark > Malorie Erikson   She was just bad as the dark > Malorie Erikson Empty

 She was just bad as the dark > Malorie Erikson
In Your Flesh :: Michigan State :: Arène de combat

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum

Vous allez poster avec

Outils de modération