Notre soirée est à faire tourner la tête de n’importe qui. Bien heureusement pour moi, j’ai la puissante impression, que je ne suis pas du genre à lui déplaire. On se cherche, et c’est assez agréable. Je ne l’allume pas trop, mais lui ne semble pas se gêner. Avec ses approches, ses feintes... Si ça tenait qu’à moi, je crois que je l’aurais tiré dans sa chambre ou même dans sa chère salle de bain pour lui soutirer une version pour adulte, mais je dois jouer mon rôle de grande dame ce soir et le faire patienter encore un peu… Surtout qu’avoir tout aussi vite, avant même ce fameux dessert, ça ne serait pas si amusant je pense. Après tout, c’est vrai. On dit pas ‘’tout vient à point à qui sait attendre’’ ? Alors il devra attendre encore un peu. Mais en même temps, Dean est évidemment devant tous les hommes que j’ai fréquenté en termes de cadeau et de rancard réussis. Personne encore avait géré un spectacle en mon honneur ni rien du style. Ce n’est pas pour tirer une balle dans la jambe de mes exs, mais c’est sûr qu’ils avaient moins de moyens. Surement aussi, moitié moins d’expérience que lui… Dean est plus âgé que moi c’est certain. Je me demande de combien. Mais, comme si sa susceptibilité lisait mon esprit, il m’attrape soudain et me lâche une réplique digne de sa filmographie. J’aimerais à cet instant être incollable, pour être sûr que ce n’est justement pas une réplique qu’il vient de recycler. Mais même si c’est le cas, elle est bien trouvée. “Je suis déjà entrain de me battre pour ce que je convoite vraiment.” C’est sexy. Mais finalement, le blond, ne m’embrasse pas, il dépose une bise sur le coin de mes lèvres. Bien joué, c’est un beau coup pour faire enrager quelqu’un. Que ça marche ou non avec moi, il n’en saura rien… Mais dans ce même esprit de conquête, il m’attrape et me soulève, tel une princesse ou un truc du style ? Ne plus avoir à marcher jusqu’à la loge avec ces horribles échasses du démon appelées “talons”.

- Conquérir le monde… Quel beau projet qui me convient. J’ai hâte d’en apprendre plus sur toi et cet endroit.

Je souris en coin, alors qu’on nous porte un fameux dessert, un gâteau. C’est évidemment surprenant vu le contexte de vie, mais à quoi je pensais. Je suis dans un style de palais, qui appartient à un ancien acteur. Les survivants doivent tout faire pour leur roi. Ou plutôt… Pour leurs Césars.

- Woaw. En plus de ton armure et de tous ces trucs hors du temps, t’as trouvé de quoi offrir un gâteau. Je crois que j’en ai pas mangé depuis la fin du monde. En fait j’en suis même certaine…

Le temps des pâtisseries est révolu, au même titre que celui de la boxe. Pour mon grand malheur commun. Même si je n’ai jamais été une énorme mangeuse, j’ai toujours apprécié pouvoir manger un peu n’importe quoi quand j’étais pas dans mes périodes d’entraînement intensifs pour les compétitions. J’attends Dean et finalement, je mange le dessert en sa compagnie, buvant encore un peu pour faire glisser le tout. C’est le genre de repas bien fourni qui me filera un peu d’énergie et de calories à brûler. Demain matin, je pourrais me déchaîner contre mon sac de sable comme jamais auparavant.

- Hm… Est-ce que tu as fini de me surprendre pour ce soir où je dois m’attendre à plus surprenant encore que de t’entendre parler en latin ?

C’est clair que c’est surprenant. Je suis pas sûr de connaître tous les mots de ma propre langue. Je suis implacable sur les insultes mais malheureusement, c’est pas considéré comme une seconde langue...

La règle de survie de l’arène, est plus sauvage que Fort Hope. Ici, pour avoir les meilleures conditions de vie, il semblerait que l’on se doit d’être parmi les plus forts. Ou parmi les plus protégés, comme Dean avec son aîné. Mais qui suis-je pour juger ? Côtoyer Dean fait de moi une privilégiée en ces lieux et même si j’ai toujours bien volontiers craché sur les hauts gradés de notre ancien monde… Je ne compte pas me plaindre en ce jour d’être aux côtés du blondinet. Dans un monde qui devient de plus en plus sauvage, il est rare que je puisse pavaner en talons, aux côtés d’un bel homme, dans ce qui semble être une pièce de théâtre grandeur nature. Alors plutôt que de gueuler comme je l’ai toujours fait contre les obstacles de ma vie, je me félicite que pour une fois, car ces derniers s’écartent seuls.

- Tu as raison. Tu m’as déjà si mal habitée… A toujours vouloir me surprendre, je suis maintenant gourmande d’encore plus de surprises et de révélations.

Très vite, Dean a un geste, que je n’aurais jamais vu venir, même si on m’avait prévenu. Il me saisit le visage et me fixe dans les yeux. De par habitude, j’aurais surement décoché un coup de poing bien armé sur son joli nez qu’il doit trouver si parfait. Mais je n’ai qu’une brève contraction des muscles, presque imperceptible, avant de me détendre. Je suis à un rencart, il est mon cavalier. Ce n’est pas un de ces ivrognes qui oublie presque son prénom et qui vient de m’agripper les fesses à pleines mains. Non, il s’agit d’un geste assez doux, accompagné de mots tendres. La surprise se serait sûrement lu dans mes yeux si je n’étais pas déjà si concentrée pour cacher la moindre de mes réactions. Ses mots ont du sens, et me surprennent presque. Ou pas ? Il est un acteur de renom. Je m’attendais à ce qu’il exige déjà mon corps et peut-être que j’aurais craqué… J’ai beau n’avoir eu que quelques histoires, je pense que l’apocalypse m’a doucement poussé dans la case des gens en manque de contact. Mais je ne compte pas lui avouer que ce soir, il aurait pu m’avoir. Comme pour me tenter, ne m’offrir qu’un bref aperçu qu’on aurait pu avoir, il me vole un tendre et simple baiser.

- Prendre son temps me semble parfait. T’entendre dire que tu veux mieux me connaître, c’est assez plaisant en fin de compte. J’espère que toi aussi, je continuerai à te découvrir. Tu m’as livré pas mal d’anecdotes peu banales déjà ce matin…

Un petit sourire aux lèvres, je viens pourtant glisser mes lèvres contre sa main, embrassant ses doigts très légèrement, lentement. Mon regard se fait chaud, joueur, presque hypnotique.

- Alors restons-en sur ce délicieux repas pour cette fois. On jouera plus tard… On a tout notre temps.

Je quitte son contact avec plus de légèreté que j’ai pu en avoir autrefois, pour me lever lentement, très lentement. J’effleure doucement la nappe du bout de mes ongles avant de sourire en coin, de mon air habitué qui ne quitte pas mon visage habituellement.

- Acceptes-tu de me raccompagner ? Je vais te laisser profiter de ta baignoire tout seul, pour cette fois.

La version pour adulte, n’est que partie remise... Je compte bien voir quelle tronche a la salle de bain d’un homme si précieux que lui. Ça promet d’être une surprenante découverte, comme d’habitude.