Autrefois proches et complices, nous nous comportons aujourd’hui comme deux étrangères, qui ne partagent que le même sang, et de tristes souvenirs. Il faut dire que je ne me suis jamais réellement remise de la mort de nos parents, et même si je voudrais sincèrement penser le contraire, je n’arrive pas à te voir différemment que comme la responsable de leur décès. Depuis ce jour maudit, nous n’arrivons plus à nous entendre, nous nous sommes éloignées à un point de non-retour, à tel point que nous ne parvenons même plus à communiquer. Nous arrivons seulement à nous engueuler, et à nous accabler de reproches, ce qui nous détruit chaque jour davantage.

Autrefois inséparables, tu étais ce grand frère surprotecteur qui m’attendait à la sortie de l’école, qui jouait avec moi à des jeux qu’il détestait, et qui faisait les gros yeux aux garçons à qui je parlais, et à qui tu promettais un sale quart d’heure s’ils essayaient de me faire du mal. Et l’arrivée de Cassie dans nos vies n’a rien changé à cela. Même lorsque tu es parti de la maison, tu as continué à faire partie de mon quotidien, et il ne s’est sans doute pas passé un seul jour sans qu’on s’écrive des messages, pour se parler de tout, et aussi de rien. Mais les choses ont changé quand tu es revenu vivre à la maison après la mort des parents, que tu t’es lentement rapproché de Cassie allant jusqu’à prendre constamment sa défense et son parti, et qu’une distance s’installait entre nous, jour après jour. Et puis, je suis partie m’installer à Chicago, et je crois que ça a fait du bien à notre relation. On communiquait seulement par sms, ou appels, mais ça semblait moins tendu qu’avant malgré tout. Quoiqu’il en soit, je n’ai plus de nouvelles de toi depuis le début de tout ce merdier, et même si je retourne quotidiennement Détroit à ta recherche, tu restes introuvable, ce qui me mine davantage le moral à chaque jour qui passe.

Tu es l’un des amis de Paul, qui nous a présenté au cours d’une soirée, sans doute sans penser un seul instant que nous allions devenir bien plus que des amis. En effet, nous nous sommes mis en couple, de façon assez naturelle d’ailleurs, et après quelques années, nous nous sommes mêmes fiancés. Et je le pensais réellement, ce jour-là, lorsque j’ai accepté de devenir ta femme, et de partager le reste de ma vie avec toi. Pourtant, j’ai mis fin à notre relation de façon assez brutale, lorsque j’ai compris que je n’étais plus la femme qu’il te fallait, et que je n’étais plus capable de te rendre heureux. J’ai quitté Détroit peu de temps après cette rupture, et je n’avais plus eu de nouvelle de toi depuis ce jour d’octobre 2016, où nous nous sommes croisés dans ton ancien appartement.

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Je t’ai connu à Fort Hope, où nous n’avons fait que nous croiser quotidiennement, sans réellement prendre la peine de se parler, jusqu’à cette mission de ravitaillement que nous avons effectuée ensemble. Depuis ce jour, et cet espèce de coup de foudre amical qui a eu lieu entre nous, il est rare que nous fassions une sortie l’une sans l’autre. Tu es la pile électrique qui manquait dans ma vie pour rendre ces journées de survie un peu plus joyeuses, et je ne compte même plus toutes ces idées idiotes qui nous viennent toujours en tête lorsque nous sommes hors du camp, toutes les deux. Tu me pousses à me dépasser, à prendre pas mal de risques aussi, mais le plus important est sans doute le fait qu’on forme une équipe vraiment complémentaire toutes les deux.

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